Cours sur Max Weber
Cours : Cours sur Max Weber. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar guillaume1023 • 19 Décembre 2021 • Cours • 5 478 Mots (22 Pages) • 463 Vues
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MAX WEBER (1864 – 1920) – WEBER ET LE PROCESSUS DE RATIONALISATION
CADRES DE PENSÉE ET ANALYSE DU CHANGEMENT SOCIAL
- Le cadre de pensée de Weber
- L’analyse de Weber a conservé une grande actualité pour la compréhension des sociétés modernes
- Weber fait une analyse globale des sociétés modernes et refuse l’idée que le monde social soit soumis à des lois déterministes
- Monde social complexe : le sociologue ne peut en rendre compte que par des concepts et des théories qu’il appelle de « moyenne portée »
- Reconnu pour sa rigueur et honnêteté de la conduite de l’activité scientifique
- Observation empirique de la réalité et engagement dans une entreprise de clarification conceptuelle, pour chercher à décrire des processus de portée générale
- Tension entre généralisation et singularisation : décrire la réalité empirique à l’aide de concepts, sélectionner les traits pertinents et maitriser les critères de sélection
- Quelques éléments biographiques
- Naissance : Allemagne (Erfurt) 1864
- Mort : Munich en 1920
- Ouvrages à retenir : L’éthique protestante et l’Esprit du capitalisme (1905) ; Économie et société
- Formation : Thèse d’histoire économique
- Né dans une famille de la bourgeoisie industrielle protestante allemande
- Son père commence une carrière dans les affaires puis mènera une carrière politique
- Sa mère appartient à la bourgeoisie protestante intellectuelle et est très engagée dans les œuvres sociales
- Contexte politique de l’œuvre de Weber
- Weber pense le 20e siècle a ses débuts : période cruciale qui précède et succède immédiatement la PGM
- Témoin de la création de l’Empire allemand (1871) et de son effondrement (1918)
- Délégué allemands envoyé à Versailles (1919)
- Période troublée pour l’Europe, observe hésitation de son pays entre héritage traditionnel prussien (pouvoir aristocratique et autoritaire) et États modernes (démocratie représentative, centralisation administrative, etc.)
- Weber n’est pas un simple observateur de cette période : il prend par tout au long de sa vie politique allemande
- Engagement nationaliste et démocratique
- Démocrate : seule la démocratie peut contrebalancer la tendance des États modernes a la bureaucratisation
- Favorable au suffrage universel de tous les Allemands (y compris classes populaires) pour alliance contre l’aristocratie
- Contexte scientifique : une querelle de méthode sur le statut des « sciences de la culture »
- A l’époque où écrit Weber, un conflit de méthode important divise la communauté scientifique allemande, qui s’oppose sur la question de la ligne de partage entre deux grands continents scientifiques : sciences de la nature vs. sciences de l’esprit
- Les sciences de l’esprit sont parvenues à une forme de maturité scientifique par le recours au calcul et aux mathématiques, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les sciences de la culture comme l’histoire, la sociologie ou l’économie
- Pour Simmel ou Sombart : deux modes d’explication différents, en s’appuyant sur le philosophe allemande Wilhelm Dilthey (1833-1911) qui sépare compréhension et explication
- Science de la nature = explication causale par les « lois »
- Sciences de l’esprit = compréhension, synthèse, unité du sens. Unifier en pensée un acte et/ou une parole en les rapportant à leur raison d’être effectuée ou dit
- Deux disciplines à la frontière des sciences de la nature et de l’esprit : l’économie et la psychologie
- Psychologie : passée de l’« introspection » à l’ « explication » (tests et dispositifs expérimentaux
- Économie : divisée en deux approches
- Conception théorique de la science économique : formalisation, schéma d’ « explication » général du comportement économique (école marginaliste)
- Conception historique : décrire les phénomènes économiques dans des contextes sociaux et historiques particuliers (école historique allemande)
- Originalité de Weber :
- « Sciences de la culture » traitent de phénomènes singuliers mais dans des analyses causales
- L’œuvre de Weber, une œuvre complexe
- Très diffuse, avec des centres d’intérêt divers
- D’abord professeur de droit, puis d’économie, puis de sociologie
- Histoire, science politique, philosophie des sciences
- Écrits disparates : d’un côté, sociologie des religions (confucianisme, hindouisme, judaïsme), de l’autre, grande ouvrage monumental et inachevé : Économie et société (1922, posthume). Mais aussi, Essai sur la théorie de la science, Sociologie du droit, de la musique, conférences sur le métier de savant et le métier politique, etc. (Le savant et le politique, 1919)
Quelle unité ?
- Deux questions solidaires
- En quoi consiste la spécificité de la civilisation occidentale moderne ?
- Quelles ont été les causes historiquement déterminantes dans le processus de formation de cette civilisation ?
- Reproche : « Européocentrisme »
- Weber a toujours eu la tentation d’attribuer un caractère exemplaire ou universel au type de rationalité développé par l’occident moderne
- « rapport aux valeurs » : impulsion de la recherche, puis mises en parenthèses des lors que le travail scientifique commence
- Les valeurs sont pertinentes pour démarrer l’envie de faire de la recherche mais doivent être suspendues pour rester neutre au niveau du travail scientifique
- Une sociologie compréhensive pour appréhender le changement social chez Weber
- La sociologie compréhensive ou une compréhension sociologique de l’action
- Sociologie = science de faits sociaux
- Durkheim : contenu des faits sociaux comme phénomènes extérieurs, contraignants, globaux, institutions (école, famille, travail, États), les mœurs sociales (l’amour, la haine), les croyances collectives (religion, passions des foules)
- Weber : ne sépare pas analyse des structures sociales et activité de l’individu, « ce dernier est à la fois l’ouvrier, l’exécutant et le maitre des significations »
- Au centre : notion d’activité sociale
- Au centre de l’analyse car elle permet de comprendre le plus objectivement possible comment les hommes évaluent, utilisent, comment ils créent et détruisent les diverses relations sociales
- Définition de la sociologie par Weber : nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre, par interprétation, l’activité sociale, et par là, expliquer causalement son déroulement et ses effets
- Chez weber le but de la compréhension sociologique est toujours de saisir le sens d’une activité ou d’une relation. Toute activité humaine s’oriente d’après un sens qu’il s’agit de comprendre pour la rendre intelligible : Weber s’interroge sur la notion de sens
- Sens de l’activité ou d’une relation
- Sciences dogmatiques ou sciences normatives : on cherche à remonter à la « logique des lois », à ce qui « doit être » dans un système donné (ensemble de lois – juriste)
- Ces sciences ont pour but d’affirmer une vérité intangible et elles s’attachent au sens « vrai » ou « juste »
- Mais sociologie et histoire ne s’intéressent au sens que les hommes et les femmes prêtent à leur action de manière subjective et donc au sens d’après lequel les individus orientent leur action dans des activités concrètes et réelles
- Le droit ne « détermine » pas le comportement des individus (comportements stratégiques par rapport à la loi) mais peut contribuer à orienter les conduites, qui répondent toujours à plusieurs causes
- Deux types de compréhension chez Weber
- Compréhension actuelle ou immédiate
- Compréhension explicative : les motifs des actes dans la saisie du temps
- Peut servir à expliquer des comportements généraux, ou singuliers ou individuels
- « L’explication par les lois générales et la compréhension de l’individu sont également légitimes
- C’est une sociologie de l’action
- Pour Weber, l’objet premier d’une sociologie compréhensive (qui s’attache à comprendre l’action) est l’action de l’individu, mais une sociologie de l’action suppose un acteur et pour Weber, cet acteur est socialisé
- Acteur socialise = situé dans un tissu de relations, et ne peut pas être pensé en dehors de ses communautés d’appartenance
- L’action est donc sociale dans la mesure où elle se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement, et qu’elle cherche aussi à influencer le comportement d’autrui, à l’infléchir, comme dans un jeu d’échecs
- Deux définitions dans le premier texte :
- Activité : « L’activité désigne un comportement humain en tant que l’agent ou les agents (ceux qui agissent) lui communique un sens objectif »
- Activité sociale : c’est la même chose, avec en plus l’englobement, la pris en compte du comportement d’autrui (individu ou groupe) dans le sens visé
- N’importe quelle activité n’est pas une activité sociale
- Le comportement religieux peut ne pas être social, s’il n’est pas orienté d’après le comportement d’autrui
- Tout contact entre 2 êtres humains n’est pas non plus social à priori, seul l’est celui qui s’oriente significativement d’après le comportement d’autrui
- Exemple de la collision entre deux cyclistes : pour Weber, c’est un simple événement, mais il nous dit « serait une activité sociale la tentation d’éviter l’autre et les injures, la bagarre ou l’arrangement à l’amiable qui suivrait la collision »
- Pour Weber, il n’est pas nécessaire que l’acteur ait une conscience du sens de son action : il suffit que la sociologie compréhensive mette en évidence le sens pour expliquer un comportement social
- Les différents types d’action sociale (Économie et société), quatre idéaux types fondamentaux
- Action traditionnelle : coutume, habitude, routine, sans y réfléchir (pas nécessairement le respect vis-à-vis des ancêtres ou des lois antiques). Comportement mécanique. Weber se demande s’il y a un sens
- Action affective : guidée par les passions (rire, gifle). Peut-être une réaction mécanique, sans sens
- L’action rationnelle en valeurs : valeurs d’ordre éthique, esthétique, ou religieuse : « ici et maintenant ». Gagner, quelque soient les conséquences. Rationalité, car actions sous tendu par une cohérence interne, dans le cours même de l’action. Mais irrationalité, car fin exclusive, non confrontée à d’autres possibles
- L’action rationnelle en finalité : action instrumentale tournée vers un but utilitaire et qui implique une mise en rapport des fins et des moyens (attentive aux conséquences des actes)
- Stratège militaire pour gagner une bataille
- Descriptions de « types pures », souvent un mélange pour expliquer
- L’un des objectifs centraux de Weber : comprendre le processus de rationalisation du monde moderne (processus dont la bureaucratie constitue l’emblème). Changement social le plus significatif pour Weber
- Le processus de rationalisation est constitutif de la modernité et du développement spécifique que connait le capitalisme occidental.
- Weber veut dépasser ces oppositions, description et interprétation des phénomènes socioculturels. Il cherche des interprétations causales à travers le concept d’idéal-type
- L’idéal-type : définition et exemple
- Le principe d’idéal type est un principe essentiel dans la tentative d’établir la sociologie comme une science capable d’objectiver les phénomènes sociaux dans une démarche qui se rapproche de celle des sciences de la nature
- Les concepts historiques ou sociaux sont plus vagues que ceux des sciences de la nature : car la signification évolue historiquement en fonction de la culture
- En science, il faut préciser les mots qu’on utilise : par une seule définition, mais être vigilant et précis sur la définition des termes
- Le but est moins de parvenir à une seule définition qui serait partagée par tous les chercheurs, mais le but est d’être vigilance et précis sur la définition du terme
- L’idéal-type n’est pas une fin en soi, mais un simple moyen, un instrument de recherche : leur valeur est fonction de leur efficacité et de leur apport dans la recherche. Pas vrai ou faux, mais instrument technique, utile ou non
- Définition de l’idéal-type selon Weber : « On obtient un idéal-type en accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchainant une multitude de phénomènes isolés, diffus et discrets, que l’on trouve tantôt en grand nombre, tantôt en petit nombre, par endroits pas du tout, qu’on ordonne selon les précédents points de vue choisis unilatéralement pour former un tableau de pensée homogène »
- « tableau de pensée homogène » : pas une reproduction de la réalité, mais une construction théorique
- La construction de l’idéal-type par le chercheur suppose 3 étapes :
- Processus d’abstraction, de sélection des phénomènes étudiés : on isole quelques traits significatifs en fonction de l’orientation donnée à la recherche
- Recombinaison : les faits sélectionnés doivent être remis ensemble, recombinés de façon à produire un « tableau de pensée homogène », un « système de relations non contradictoires » : il faut que chaque tableau soit cohérent
- Accentuation : on va grossir, accentuer certains traits du phénomène pour en faire ressortir la substance
- Ce que n’est pas l’idéal-type :
- Pas la réalité : mais on s’en éloigne volontairement pour mieux comprendre intellectuellement la réalité étudiée
- Ne signifie pas que le phénomène étudié soit « exemplaire » : sa seule perfection est d’ordre logique, pas morale. Exclut tout jugement moral et évaluateur (pas ce qui devrait être) : mais une représentation stylisée de ce qui est
- Ce n’est pas une fin en soi : que des instruments au service de la recherche, des procédés expérimentaux. Le savant peut les abandonner si pas utiles. Leur valeur ne dépend que de leur efficacité, de leur apport à la recherche
- L’idéal-type est pour Weber, une voie intermédiaire entre celle de la description historique de situations singulières et celle de la généralisation, afin de mettre en évidence des mécanismes de causalité
- Weber distingue 2 grandes catégories d’idéaux-types :
- Idéaux-types d’individus historiques :
- « capitalisme occidental moderne », « ville médiévale d’occident », « protestantisme ascétique calviniste »
- Reconstruire de façon intelligible et simplifiée une réalité historique singulière, en grossissant volontairement certains traits pour en dégager la substance
- Idéaux-types d’éléments abstraits de la réalité historique :
- On les trouve dans un grand nombre de civilisations ou de situations historiques.
- « Bureaucratie » qui peut se retrouver en Égypte ancienne, la Chine, l’Europe occidentale moderne, etc.
- Ces types purs ne se trouvent jamais tels quels dans des situations historiques précises mais sont toujours combinés dans la réalité
- « Vise simplement à forger des points de repères utilisables à des fins précises »
- « Majorité écrasante de ces formations représente une combinaison ou un état de transition entre plusieurs de ces types »
- Analyse du changement social
- Comprendre l’émergence du capitalisme à travers l’éthique protestante
- L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme : Weber montre comment des valeurs religieuses peuvent influencer le comportement des hommes et jouer un rôle moteur dans la transformation des sociétés
- Cherche à cerner les affinités entre attitudes spécifiques (ascétisme protestant) et comportement économique spécifique (rationalité économique)
- Sociologie de l’action : cherche à comprendre les raisons qui font agir les hommes de la manière dont ils agissent
- Réfutation de la thèse du matérialisme historique ; et comprendre la conduite des hommes à partir de la conception générale que se font les hommes de l’existence : dogmes et croyances religieuses en font partie (ethos = corps de valeurs, règles, comportements)
- La problématique centrale du livre peut être formulée de la façon suivante : de quelle façon certaines croyances religieuses déterminent-elles l’apparition d’une mentalité économique, autrement dit, l’ethos d’une forme économique donnée
- Ouverture de l’ouvrage sur constat statistique :
- Chefs d’entreprise, détenteurs de capital et personnel technique et commercial des entreprises allemandes sont en grande majorité de religion protestante : corrélation entre les deux variables
- Intro du livre : hypothèses qui sont fausses
- Pour Weber, « le principe de ces attitudes différentes ne doit pas être recherché uniquement dans des circonstances extérieures temporaires, historico-politiques, mais dans le caractère intrinsèque et permanent des croyances religieuses »
- Les liens entre protestantisme et capitalisme doivent être recherchés dans les « particularités mentales, c’est-à-dire, le type d’éducation qu’aura inculquée l’atmosphère religieuse de la communauté ou du milieu familial »
- Démonstration de Weber s’articule en 3 points
- Modèle idéal typique de l’esprit du capitalisme moderne
- Isole certains traits typiques de la théologie morale des sectes puritaines
- « Affinités électives » entre les deux types de mentalités et attitudes
- Pour Weber, il n’y a pas un mais des capitalismes
- Toute société présente des singularités : pas « une définition ultime du capitalisme, mais plutôt préférable de s’efforcer de caractériser certaines de ces variantes historiques (par IT)
- Donc l’IT du capitalisme, avec une définition centrée autour de certains traits retenus parce qu’ils nous intéressent particulièrement du point de vue de la question posée
- Deux séries d’opposition que donne la définition du capitalisme pour Weber
- Opposition entre « capitalisme aventurier » et « capitalisme moderne »
- Pour W, le capitalisme n’est pas nouveau, on en trouve des traces jusque dans l’antiquité romaines : « La soif de l’or est aussi vieille que l’histoire de l’homme. La brutalité consciente et absolue de l’acquisition s’est souvent trouvée dans un rapport étroit avec le « conformisme le plus strict et la tradition »
- Le capitalisme aventurier est tourné avant tout vers l’appât du gain, mais un appât du gain irrationnel, désordonné et qui ne s’appuie sur aucun esprit de modération, aucune morale précise. Mentalité du capitalisme aventurier : « spéculations irrationnelles, basées sur l’exploitation de circonstances politiques »
- Weber fait une différence entre « soit d’acquérir » et action de type capitaliste
- Domination rationnelle
- Permanent de ce système rationnel de production
- Échanges pacifiques avec profit
- Opposition entre « traditionalisme économique » et « esprit du capitalisme »
- Autre caractéristique importante de l’esprit précapitaliste
- Un « esprit traditionnel », routinier
- Deux exemples :
- Ouvriers dont le taux de rémunération horaires serait augmenté : esprit capitaliste : travailler plus pour gagner plus (sortir de la routine, explorer de nouveaux horizons) / esprit traditionnel : préférences pour le loisir, travailler moins, pas tourné vers une logique d’accumulation pour l’accumulation
- Entrepreneur installé en milieu rural qui négocie avec des petits producteurs : si la forme d’organisation est capitaliste (activité purement commerciale, emploi de capitaux, comptabilités, etc.) l’esprit qui anime l’entrepreneur est traditionnel (son mode de vie, la quantité de travail fourni, sa façon de rechercher de nouveaux clients, etc.)
- Ces deux exemples montrent bien qu’une forme extérieure d’organisation capitaliste n’implique pas nécessairement que l’on est entrés dans l’esprit capitaliste moderne. Ce qui l’intéresse en premier plan n’est donc pas le capitalisme en tant que phénomène global mais une variante spécifique de celui-ci qu’est le capitalisme moderne. Quelle est alors la définition spécifique de ce capitalisme moderne ?
- Définition du capitalisme pour Weber : existence d’entreprises dont le but est l’organisation rationnelle du travail et de la production
- C’est la rencontre entre ce désir de profit d’un côté et la discipline rationnelle de l’autre qui constitue le trait singulier du capitalisme occidental moderne
- Il y a tjrs eu des individus avides d’argent, mais ce qui a été rare et certainement unique, c’est que ce désir soit satisfait non pas la conquête ou l’aventure mais par des procédés rationnels fondés sur la science et la discipline
- Une entreprise capitaliste vise le profit maximum par l’intermédiaire d ;une organisations bureaucratique : dans l’avant-propos, il écrit : « nous appellerons action économique « capitaliste » celle qui repose sur l’espoir d’un profit par l’exploitation des possibilités d’échange, c’est-à-dire sur des chances formellement pacifiques de profit »
- Forme occidentale du capitalisme : organisation capitaliste du travail formellement libre. Cela implique au moins trois choses
- 1. Distingue le capitalisme moderne avec les formes d’exploitation servile du travail (notamment dans l’Antiquité)
- 2. Séparation des sphères privées et publique du travail (passage de l’échoppe à l’usine)
- 3. Existence d’une comptabilité rationnelle. Le travail libre est en effet la condition du calcul économique lorsqu’il devient possible de calculer préalablement le cout des produits au moyen de tarif forfaitaires. Autrement dit, sans travail libre, pas de calcul économique rationnel et dont pas d’esprit du capitalisme.
- Processus de rationalisation de l’économie capitaliste spécifique, notamment dans son lien avec une mentalité religieuse particulière : l’éthique calviniste. Représentation de la profession, de l’activité, comme vocation est conditionnée par la religion et est un produit de la Réforme protestante. Celle-ci a en effet entrainé quelque chose de radicalement nouveau, qui consistait à considérer « l’accomplissement de son devoir professionnel dans le monde comme l’activité morale la plus élevée qui puisse être généralement adoptée »
- L’esprit du capitalisme : « Nous emploierons provisoirement le terme ‘d’esprit du capitalisme moderne’ pour caractériser la recherche rationnelle et systématique du profit par l’exercice d’une profession, attitude qu’illustre l’exemple de Benjamin Franklin
- Beruf : entendu comme métier et comme vocation
- La recherche du gain le plus élevé devient ainsi une fin en soi, indépendamment des plaisirs de la vie que l’argent peut permettre de se procurer
- Weber cherche les origines d’une variante du capitalisme moderne : plus besoin aujourd’hui de facteur religieux pour fonctionner
- Il cherche à comprendre le rôle de la religion protestante dans la genèse de la mentalité capitaliste moderne
- C’est un élément d’explication parmi d’autres : comment le protestantisme a pu encourager le développement de cet esprit capitaliste (causalité non mécanique) => il parle d’« affinités électives » plus que de causalité
Bref point historique sur les origines de la Réforme et du protestantisme
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Les points à retenir en ce qui concerne le contenu même de la religion reformée
- Dogme de la prédestination : « Par décret, Dieux a prédestiné certains hommes à la vie éternelle, pour la révélation de sa magnificence, et en a voué d’autres à la mort éternelle »
- La volonté de Dieu est inconnaissable : l’esprit des hommes : les hommes ne peuvent pas savoir s’ils sont élus ou réprouvés
- Le monde a été créé par Dieu pour sa propre gloire et donc le devoir moral du protestant est de travailler sur Terre à la gloire de Dieu, c’est-à-dire, à l’édification du royaume de Dieu sur terre
- Ces croyances religieuses irriguent les pratiques religieuses (par exemple l’absence de confession) mais aussi des prescriptions pour l’ensemble de la vie des croyants : c’est ce qui explique l’apparition d’un « ascétisme intra-mondain ». Des croyances et de leur diffusion découlent des règles de vie. On peut faire ici le lien avec les formes de socialisation : l’intériorisation par les croyants de certaines représentations permet de rendre compte de certaines de leurs pratiques. On observe la constitution de dispositions à agit de telle ou telle façon
- L’homme ne peut en aucun cas modifier les décrets divins car le gouffre entre Dieu et les hommes est infini. Dieu est infiniment grand et les hommes infiniment misérables : les hommes ne peuvent donc, par leurs actions sur terre, influencer leur destin qui a été fixé d’avance par Dieu
- Cette doctrine de la prédestination a marqué toute une génération de protestants et a engendré chez chaque individu le sentiment d’une immense solitude intérieure : rien, ni personne ne peut venir en aide à l’individu au cours de sa vie sur Terre
- Conséquences : On pourrait imaginer une certaine humilité et un découragement de la part du croyant, qui sait qu’aucune de ses action ne pourra modifier le décret divin : si tout est joué d’avance et que l’on ne peut influer la volonté de Dieux, autant laisser faire le destin
- Ce n’est pas ce que Weber observe : Dans le calvinisme, tout ce que fait le chrétien sert la plus grande gloire de Dieu. Dieu n’est pas là pour les hommes, ce sont les hommes qui sont là pour servir la gloire de Dieu par leurs actions dans le monde. Il y a une opposition entre une passivité contemplative, même si elle n’exclut pas la vie mondaine, et une activité réglée, contrôlée, tendue vers une transformation du monde et qui irait bien au-delà de la sphère religieuse
- En d’autres termes, c’est la croyance en la prédestination (c’est-à-dire la croyance dans le fait de faire parti des élus de Dieux) qui conduit l’ascète calviniste à chercher dans la réussite professionnelle le signe de son élection et de son salut. Le fait de mener un vie pure et sainte consacrée à la gloire du royaume de Dieux, d’observer une attitude empreinte de dignité, de contrôle de soi, de sévérité, de sérieux ne permet certes pas de gagner son salit mais permet d’acquérir la conviction de ce statut
- Cet ascétisme moral que commande la doctrine de la prédestination repose sur un certain nombre d’obligations :
- L’obligation de travailler : Ce n’est que par son travail que le croyant peut participer à l’édification du Royaume de Dieu et à sa gloire. Idée de « vocation » centrale dans le calvinisme chaque croyant devant remplir sérieusement et efficacement les fonctions auxquelles il a été appelé « pour la plus grande gloire de Dieu ». Mais il ne suffit pas de travailler, encore faut-il que ce travail serve à des fins utiles, c’est-à-dire qu’il doit être productif et continu (l’homme doit travailler dans relâche toute sa vie)
- L’obligation de mener une vie austère : Le croyant n’accumule pas des richesses ni pour son confort matériel et son plaisir, ni pour acheter son salut. Il accumule des richesses pour les employer à de nouvelles activités productrices, le luxe, la prodigalité (dépenses excessives) mais aussi l’avarice doivent être exclus. L’homme n’est qu’un intendant des biens de ce monde qu’il doit faire fructifier dans en jouir
- L’obligation de posséder un minimum d’instruction : c’est grâce à la science que l’on peut connaitre les œuvres de Dieu, les sciences naturelles, par exemple, révélant la grandeur et la sagesse de Dieu dans ses œuvres
- Ainsi, au lieu de s’enfermer dans un pessimisme absolu ou la contemplation, les fidèles déploient des efforts pour rationaliser le monde
- Le travail devient dès lors, confirmation de l’élection divine. Cœur de la thèse de Weber : la Réforme a fait sortir du monastère (catholique) l’ascétisme rationnel chrétien et la vie méthodique pour les mettre au service de la vie active dans le monde
- Les liens entre croyances religieuses, comportements économiques et bureaucratie
- Pour Weber, les commandements moraux religieux n’agissent pas directement sur les individus, mais à travers l’ethos qu’ils favorisent. L’ethos d’une religion est ce qu’elle privilégie dans la vie pratique des fidèles comme conduite qui permet de gagner son salut : donc ce n’est pas le message théologique général de la religion que le sociologue peut trouver directement le lien qui l’intéressent mais plutôt dans des règles pratiques induites par l’appartenance religieuse
- Weber admet, historiquement, une potentialité historique de développement économique du capitalisme, qui est présent par elle-même. Mais qui n’aurait peut-être pas pu prendre son envol sans une « désinhibition » éthique d’origine religieuse. Une classe sociale attend cette ouverture – la bourgeoisie – de sorte que se constitue un système complexe de forces de diverses origines
- Force économique (le capitalisme)
- Force sociale (la bourgeoisie montante)
- Force éthico-religieuse (le protestantisme)
- Comment cette « déshinibition » s’est opérée ?
- Calvinisme : ce qui est réellement condamnable du point de vue moral, c’est le repos dans la possession, la jouissance de la richesse et ses conséquences. Pourquoi le temps est-il si précieux ? Parce que selon les protestants, chaque heure perdue est soustraite au travail qui contribue à la gloire de Dieu
- Conséquences : puisque les puritains ne peuvent pas dépenser l’argent qu’ils gagnent, ils le réinvestissent nécessairement : « le capital se forme par l’épargne forcée ascétique ». Ce capital est dépensé de préférence dans le commerce ou l’industrie, et non l’agriculture, car, ennemis de l’ostentation, les puritains refusent la soif de la terre des bourgeois, qui recherchent l’anoblissement
- Le travail est d’abord et avant tout valorisé comme un moyen ascétique et la richesse ne libère nullement de l’obligation de travailler, bien au contraire
- Il y a donc aussi une dévalorisation de la pauvreté, telle qu’elle s’était notamment exprimée dans les ordres mendiants catholiques du moyen-âge
- Pauvreté = pas les signes de Dieux (élection divine), signe de prédestination à la mort éternelle
Rationalisation et bureaucratie
- L’ascète protestant « voulait être un homme laborieux et nous sommes forcés de l’être »
- Weber parle d’une « cage d’acier » pour désigner l’obligation faite progressivement à tous de se plier à cette rationalisation du monde d’abord choisie par les premiers ascètes protestants : ce n’est donc pas dans les contraintes matérielles du monde moderne qu’il convient de rechercher le moteur des transformations des organisations. Bien au contraire, c’et la progressive soumission des acteurs à l’impératif d’optimisation des ressources disponibles qui participe à structurer les contraintes matérielles qui s’imposent à tous
- Les différentes formes de rationalisation infusent alors progressivement les composantes de l’existence (économie, religion, sexualité, politique, charité…)
- Elle est perceptible dans l’organisation de l’État et des entreprises à travers le phénomène qu’il qualifie de direction bureaucratique
- La bureaucratie est alors cause et conséquence de la rationalisation : elle repose avant tout sur une division et une organisation impersonnelle et rationnelle du travail, visant d’abord l’efficacité. Elle se caractérise par sa précision, la prévisibilité qu’elle institue, afin d’atteindre le maximum de rendement
- L’administration renvoie à l’appareil de l’État chargé de faire appliquer les règles sur un territoire donné. Il dispose pour ce faire, ou tend à disposer, du monopole de la violence physique légitime. L’administration constitue l’instrument de la domination politique
- Elle s’appuie des principes et des règles de fonctionnement que l’on retrouve dans la plupart des administration occidentales
- Principe de neutralité (objectivité et impartialité dans le respect des règles)
- Hiérarchie (qui va de pair avec l’obéissance aux règles et le contrôle des fonctionnaires)
- Spécialisation (des taches et des compétences)
- Ces trois principes garantissent une application stricte des décision prises. Pour Weber, l’intérêt d’une telle organisation est d’une part, de construire une action stable en se prémunissant des « revirements » du pouvoir politique, d’autre part d’approfondir la légitimité de l’intervention de l’État en le fondant sur des bases rationnelles et légales
- Il n’y a pas pour Weber de différence de nature entre ce type d’organisations, d’État et les bureaucraties qui émergent au sein des grandes entreprises capitalistes : la différence n’est que de degré
Rationalisation : ensemble de tout ce qui permet de considérer des moyens en vue d’une fin. La rationalisation est une projection dans l’avenir : comptabilité plannings, calculs, etc. Mouvement de bureaucratisation : le légal rationnel : de plus en plus de règles de droit pour venir rationaliser les rapports. Tout devient l’objet d’un processus
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