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Comment définir et cerner les inégalités hommes-femmes ?

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Par   •  8 Avril 2018  •  Fiche  •  2 213 Mots (9 Pages)  •  740 Vues

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Comment définir et cerner les inégalités hommes-femmes?


        
Le Global Gender Gap Index, fondé sur 4 dimensions (emploi, santé, éducation, politique), témoigne de la persistance des inégalités hommes-femmes, particulièrement dans les domaines de la participation économique et politique.

En effet, d’après l’INSEE, le revenu salarial des femmes est inférieur de 24% à celui des hommes en 2014. Néanmoins, ces disparités doivent être placées dans leur contexte. D’après les Notes du Conseil d’analyse économique d’Antoine Bozio[1], les inégalités salariales s’expliquent principalement par deux facteurs: le temps de travail des femmes et la ségrégation professionnelle. Aussi, le Gender Report de l’OCDE (2012) dresse plusieurs constats sur l’état de ces inégalités. Les femmes sont plus touchées par le temps partiel et les interruptions de carrières ; elles consacrent plus de temps au travail non rémunéré, (en moyenne 2h de plus que les hommes par jour). Elles ont moins de probabilité d’avoir leur propre entreprise (en moyenne en 2010 seulement 2% des femmes sont des employeurs, contre 6% des hommes), elles ont également moins accès aux postes à responsabilité (elles ne représentent que 22,7 % des membres des Conseils d’Administrations des grandes entreprises en Europe) et elles se concentrent dans les secteurs peu rémunérateurs. Elles seraient aussi légèrement moins touchées par le chômage, ce qui masque les caractéristiques de l’emploi féminin précédemment évoquées, telles que les horaires et postes atypiques, le sous-emploi, les travails cumulés ou les emplois peu qualifiés.

Ainsi, les spécificités des emplois occupés par les femmes peuvent justifier une partie des inégalités constatées. Néanmoins, il faut s’interroger sur la nature de ces choix. Quels sont les facteurs qui justifient de telles différences de parcours entre hommes et femmes? S’agit-il seulement des préférences des femmes, ou débouchent-ils des constructions sociales?

A travers différents articles, il est possible de mieux cerner les inégalités entre hommes et femmes et de déterminer différents facteurs explicatifs.

Tout d’abord, l’inégale participation des hommes et des femmes sur le marché du travail trouve ses sources dans des facteurs d’ordre historique.

En effet, d’après l’étude “Women and the Plough” (Alesina, Giuliano, Nunn)[2], la participation et le rôle des femmes dans la société pré-industrielle étaient fortement liés au type de technologie agricole adopté historiquement. L’étude distingue deux type de cultures: la culture itinérante (shifting cultivation), où la majorité du travail agricole était effectué par les femmes, et la culture avec les charrues (plough cultivation), plus physique, dominé par les hommes. Cette spécialisation du travail se traduisait à travers des normes sociales qui sont restées prégnantes. Ainsi, dans les sociétés où l’agriculture était dominée par les hommes, il y a encore aujourd’hui une participation féminine au marché du travail plus faible.

Historiquement, différents facteurs institutionnels sont aussi à prendre en considération, de par l’implication de l’Etat dans la régularisation du marché du travail. A travers l’exemple de la France, du Royaume-Uni et de la Suède, Anne Maris Daune-Richard [3], montre comment les politiques sociales, s’appuyant sur la théorie des deux sphères, ont prolongé et ancré les pratiques individuelles du modèle mère-épouse et favorisé l’inactivité des mères.

Aussi, encore aujourd’hui, la fiscalité française contribue à l'inférieure participation des femmes au marché du travail, à travers le quotient conjugal, “une machine à subventionner les couples inégaux” d’après Piketty [4]. Dans ce principe d’imposition commune, le quotient conjugal augmente le taux marginal d’imposition sur le deuxième apporteur aux revenus plus faibles, qui est encore souvent la femme (en reprenant la théorie du salaire familial et du salaire d’appoint), et décourage ainsi la participation de la femme au marché du travail.

Outre les facteurs historiques, il apparaît qu’avant même l’entrée sur le marché du travail, l’éducation influence fortement les choix de carrière et les opportunités auxquels les femmes auront par la suite accès, ou non. Ainsi, alors que les femmes font désormais plus d’études que les hommes et pourraient prétendre à de meilleures opportunités, les inégalités se creusent à leur désavantages une fois sur le marché du travail. Aussi, il faut noter les différences de parcours et de compétences entre hommes et femmes. D’après le PISA test de l’OCDE [5], les garçons seraient meilleurs en mathématiques alors que les filles seraient meilleures en lecture. De plus, les domaines d’études choisis diffèrent: en 2010,  les femmes ne représentaient que 27% des diplômées en ingénierie et en construction, contre 74% en santé. Plus généralement, les femmes sont moins présentes dans les domaines que l’on nomme STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie, Mathématiques) et qui sont souvent plus rémunérateurs.

Alors que le capital humain acquis par les femmes a un impact sur leur entrée sur le marché du travail, d’autres facteurs viennent également restreindre et déterminer leur choix de carrière.

Différents concepts, apparus aux Etats Unis à la fin des années 1970, illustrent les multiples freins à l’ascension professionnelle des femmes [6].  Le plafond de verre fait référence au fait que dans une structure pyramidale, verticale et hiérarchique, les niveaux supérieurs ne sont pas ou encore peu accessibles aux femmes [7]. Au sein de cette structure, les femmes cherchant à accéder à un certain niveau de pouvoir sont bloquées par la parois de verre, et ne peuvent prétendre qu’à des lieux de pouvoir de moindre importance comme l'administration ou la Direction des Ressources Humaines à l’inverse des postes-clés comme la Direction financière. Cela est dû à l'existence de filtres horizontaux et de parois verticales hermétiques dans cette structure hiérarchique favorisant l’exclusion des femmes et la différenciation des genres entre les secteurs stratégiques et ceux de moindre stratégie. Aussi, le plancher collant se réfère à la difficulté qu’ont les femmes à être promues en début de carrière et à gravir les échelons au sein d’une entreprise.  En effet les inégalités sont présentes dès le début de carrière:  après 3 ans, il y a un écart de 18% entre le salaire moyen des hommes et des femmes, écart qui atteint 31% après dix ans.

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