Logistique En GRH

PILOTAGE STRATEGIQUE DU PROCESSUS LOGISTIQUE ET

GESTION DES RESSOURCES HUMAINES :

CONSTAT ET PROPOSITIONS.

Christelle CAMMAN - LEDI et Laurent LIVOLSI

Attachés temporaires d’enseignement et de recherche

Centre de REcherche sur le Transport et la LOGistique

Faculté de Sciences Economiques et de Gestion, Université de la Méditerranée,

Aix-Marseille II, France

Introduction

Les évolutions de l’environnement qui plongent les entreprises dans un univers complexe,

insaisissable et non modélisable a priori conduisent au renouvellement des modes et systèmes

de gestion canalisant les efforts de toutes les parties de l’organisation vers un seul objectif : la

satisfaction du client final (pilotage par l’aval). La réduction des délais, la recherche de

qualité, la réduction des coûts, les impératifs de flexibilité, de réactivité et d’adaptabilité

invitent alors les entreprises à raisonner en termes de « processus ».

Le pilotage de la performance par les processus implique que soient réalisées deux fonctions :

la fonction « équilibration » qui s’intéresse à l’équilibre entre continuité et changement, et la

fonction « coordination » à la recherche d’un équilibre acceptable entre initiatives

individuelles et règles collectives. « L’équilibration doit traiter le temps, le changement et la

continuité. La coordination doit traiter l’espace social, la diversité et la cohésion. » (Lorino,

1995a).

La prise en compte du rôle stratégique du processus logistique, ensemble d’activités de

soutien et/ou activité principale, implique une reconnaissance et une revalorisation de la place

et du rôle des opérateurs logistiques, longtemps marginalisés et peu valorisés du fait de leur

ancrage dans l’opérationnel. Ayant acquis une dimension stratégique dans de nombreux

secteurs, la gestion et la réalisation des opérations logistiques confrontent les entreprises à la

nécessaire évolution des compétences dans ce domaine. Transgressant les frontières entre

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fonctions et entreprises, le pilotage du processus logistique implique que se coordonnent, dans

l’action, des acteurs autonomes, aux stratégies et projets parfois contradictoires, aux cultures,

valeurs et normes différentes. La transversalité, « traduction structurelle des stratégies visant

à obtenir des avantages concurrentiels en termes de qualité et d’innovation dans des

environnements turbulents où des capacités d’adaptation ou d’anticipation sont

indispensables […] » (Tarondeau et Wright, 1995) appelle une réflexion, à tous les niveaux

de l’organisation, sur la répartition du pouvoir de décision et sur l’articulation entre

autonomie et contrôle. Deux problématiques intereliées qui font l’objet de la première partie

de cette communication.

A partir d’un premier constat sur les pratiques de pilotage du processus logistique réellement

conduites par les entreprises, il semble important de s’intéresser à la nature et aux conditions

de mise en oeuvre des systèmes et outils de gestion à promouvoir pour assurer la cohésion des

stratégies individuelles et collectives. La seconde partie développe ainsi, sous forme de

propositions, une réflexion sur l’articulation entre système de pilotage stratégique et systèmes

de gestion des ressources humaines dans le cadre du management du processus logistique.

Section 1 – Sur la prise en compte des « acteurs » dans le pilotage stratégique du

processus logistique.

Les évolutions de l’environnement ont conduit les entreprises à renouveler la « vision »

qu’elles pouvaient avoir de la gestion des flux physiques et flux d’informations associés. Ces

évolutions ont en effet conduit à une « complexification des objectifs logistiques » (Mathe et

Little, 1993) impliquant la prise en compte du rôle des « acteurs » dans leur réalisation. Si le

rôle fonctionnel du responsable logistique a fait l’objet de quelques travaux de recherche,

celui des opérateurs logistiques reste peu valorisé et rarement pris en compte par les

entreprises. Les développements récents de la recherche en stratégie mettent cependant

l’accent sur le rôle des opérationnels dans la réalisation et l’évolution des objectifs

stratégiques des organisations. Ainsi, à tous les niveaux de l’organisation, les individus

acquièrent le rang de « parties prenantes » (Martinet, 1984) dans la formulation / mise en acte

de la stratégie, impliquant une réflexion sur le partage du pouvoir dans l’organisation et la

gestion de l’autonomie et des capacités sous-jacentes à son exercice.

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1.1 – Evolutions de l’environnement et émergence du rôle stratégique du processus

logistique.

Il

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