Micro Credit, Analyse Creajeunes ADIE
Mémoire : Micro Credit, Analyse Creajeunes ADIE. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 11 Février 2014 • 6 309 Mots (26 Pages) • 709 Vues
Economie Sociale et Solidaire
CREAJEUNES
« Aider les jeunes de banlieue à entrer dans le monde du travail »
INTRODUCTION
L’Association pour le Droit à l’Initiative Economique (ADIE) est une association reconnue d’utilité publique fondée en 1989. Inspirée par le professeur Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et initiateur de la Grameen Bank, sa présidente désirait aider les personnes exclues du marché du travail et du système bancaire classique à créer leur entreprise et donc leur emploi.
Depuis plus de 20 ans, l’Association a développé des dizaines d’antenne à travers la France et multipliée ses initiatives. Il convient de s’intéresser ici au Programme Créajeunes. Destiné aux jeunes défavorisés de 18 à 32 ans, il permet l’accompagnement des jeunes en vue de réaliser leur projet en créant leur entreprise. Cet accompagnement est de trois ordres :
- Une formation de 4 à 6 semaines organisée en modules collectifs et individuels. Elle vise majoritairement à rendre confiant le jeune et lui offrir des compétences pratiques sur les politiques d’investissement et la gestion d’entreprise (réaliser une étude de marché, trouver des clients, développer son réseau, choisir son statut…). L’accompagnement individuel peut perdurer après la création de la micro-entreprise par le jeune, l’association s’engageant à une écoute et un conseil permanent.
- L’octroi d’un micro-crédit professionnel par l’association, d’un montant de 10 000€ maximum et au taux variable selon le montant.
Il s’agit donc bien d’une initiative d’Economie Sociale et Solidaire. Sociale de par son statut juridique, une association reconnue d’utilité publique. Solidaire en raison de son objectif: aider des jeunes exclus du système bancaire à trouver un emploi et à en créer en l’accompagnant dans leur création d’entreprise. Le programme Créajeunes semble ainsi mêler économie classique (création de richesse et d’emploi, octroi de crédit) et visée politique et sociale (lutte contre le chômage et l’exclusion financière, création de lien de sociaux).
Dès lors, il est possible de se demander comment le renouveau théorique contemporain peut-il nous aider à penser cette activité sociale et solidaire. Comment appréhender ce mélange des genres entre octroi de crédit à un taux important soulevant une marge, et mutualisation sociale des risques par un engagement auprès de jeunes d’ordinaire caractérisé comme insolvable? La visée utilitaire de Créajeunes n’est-elle qu’individuelle, par la consommation et le bien être qu’elle produire aux jeunes, ou est-elle également relationnelle et sociale ? Finalement, dans quelle mesure le programme Créajeunes engendre-il le développement d’une utilité sociale qui aille au-delà de l’épanouissement individuelle des personnes aidées ?
THEORIE DES JEUX
La théorie des jeux vise à déterminer l’optimum de décisions économiques en antici-pant le comportement des autres acteurs. C’est pour cela qu’il importe ainsi d’examiner comment cette théorie permet d’expliquer stratégiquement les positions du jeune qui participe et de l’association ADIE.
La théorie des jeux propose une vision mathématique de l’environnement, fondée sur les anticipations de chaque « joueur ». D’après la pensée libérale, l’unique objectif de l’entreprise est de faire du profit. Dans cette perspective, une banque percevra le financement du projet d’un jeune peu solvable comme trop risqué par rapport au gain attendu. Au sein de ce système ban-caire classique, le jeu peut être représenté sous forme normale par la matrice des gains ci-dessous.
Prêt (Banque) Non Prêt (Banque)
Prêt (Jeune) 1,1 0,1
Non Prêt (Jeune) 1,0 2,2
- La situation de Non prêt/Non prêt correspond à l’équilibre de Nash car à cet instant aucun des deux acteurs n’a intérêt à dévier sa stratégie. Le jeune ne peut réaliser son pro-jet certes mais il ne s’expose pas un risque de surendettement. La banque ne prête pas à un individu dont les risques de défaut de remboursement trop important. Ils ont un gain identique (2,2)
- Dans le cas où la banque ne prête pas au jeune alors qu’il le désire, la banque a une utilité inférieure à la situation précédente (1) car elle refuse à un client potentiel un octroi de crédit. Tandis ce que le jeune a un gain nul car son projet est refusé (0)
- Lorsque la banque souhaite prêter mais que le jeune ne le désire pas la situation s’inverse. Alors que la banque s’apprête à passer outre les critères de solvabilité traditionnels (0), le jeune ne désire pas prendre ce risque (1).
- Enfin lorsque les deux souhaitent le prêt, le gain est de (1,1). Certes il est inférieur à la si-tuation de non prêt car les deux agents prennent des risques. Néanmoins la somme des gains est supérieure au deux situations où leurs volontés diffèrent.
L’action d’ADIE à travers Créajeunes va complétement bouleverser la matrice des jeux par deux biais :
Premièrement, le programme Créajeunes opère une modification de la stratégie des ac-teurs en rendant le jeu coopératif. D’une part, le jeune est plus enclin faire aboutir son projet dans la mesure où l’accompagnement l’encourage à avoir confiance en lui et à donner vie à son idée. Il apprend à utiliser des outils de gestion et d’analyse, il est supporté par une équipe de pro-fessionnels et entouré d’un réseau d’acteurs important. Ainsi le coût d’opportunité du projet est donc diminué et la perception des gains potentiels s’en trouve grandie. D’autre part, ADIE sera plus confiante qu’une banque traditionnelle quant à la capacité du jeune à rembourser le prêt: elle le forme, l’accompagne et réclame la caution d’un proche. Ainsi la proximité et la confiance qui s’établit entre les différents joueurs diminue l’asymétrie d’information initiale et favorise la con-vergence d’intérêts. En définitive tous les services de formation et d’aide autours du microcrédit modifient les stratégies des acteurs en accroissant le gain potentiel du projet et du microcrédit qui le supporte.
Secondement,
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