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Marchés, produits et acteurs

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Par   •  10 Mars 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  3 033 Mots (13 Pages)  •  871 Vues

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Marchés, produits

et acteurs

Les produits

dérivés : outils

d’assurance

ou instruments

dangereux de

spéculation ?

Les produits dérivés sont régulièrement

pointés du doigt comme des instruments

dangereux de spéculation renforçant

l’instabilité et les risques financiers.

Si ce sont les produits titrisés qui ont

été à l’origine de la crise de 2007-

2010, les produits dérivés ont joué

un rôle central dans sa propagation

à l’automne 2008 et dans la crise

de la dette grecque début 2010.

Pourtant, leur rôle initial est de contribuer

à une gestion plus efficace des risques

dans le système financier, et non de les

amplifier. C’est ce que rappelle Yves

Jégourel, en expliquant les mécanismes

d’assurance associés aux différentes

catégories de produits dérivés, avant

de revenir sur leur usage spéculatif et

leurs effets pervers sur la transparence

financière. L’ambivalence des produits

dérivés pose la question, particulièrement

épineuse, du contrôle de leur usage.

C. F.

La crise qui débuta avec les crédits subprimes en

2007 a permis de mettre en lumière les graves

dangers portés par une ingénierie financière

débridée. Si les produits titrisés tels que les Collaterized

Debt Obligations (CDO) (1) furent à l’origine de ce

cataclysme parfois comparé à la crise de 1929, ce furent

les Credit Default Swaps (CDS) qui, à la suite de la faillite

de Lehman Brothers en septembre 2008, en favorisèrent la

propagation. Appartenant à la famille des produits dérivés,

les CDS connurent avant la crise une croissance quasi

exponentielle et alimentèrent en effet une accumulation

considérable des risques au sein de la sphère financière,

menaçant ainsi l’ensemble du système bancaire. Comme

le rappellent Coudert et Gex (2010), « la taille gigantesque

du marché des CDS, l’exposition du secteur financier,

l’imbrication et l’opacité des positions ont fait redouter

que la faillite d’un acteur majeur comme Lehman Brothers

ne provoque un effondrement de l’ensemble du marché ».

Au-delà de cet épisode récent, les produits dérivés,

supposés favoriser la gestion des risques et non leur

amplification, ont depuis longtemps acquis une réputation

sulfureuse, à tel point que Warren Buffet n’hésita pas à les

qualifier dès 2003 « d’armes de destruction massive » (2).

Qu’en est-il réellement ?

Qu’est-ce qu’un produit

dérivé ?

Un instrument de couverture contre

certains risques

Les produits dérivés sont appelés de la sorte car leurs

prix « dérivent » de la valeur d’autres actifs (actions,

obligations, matières premières, immobilier…), mais

aussi de variables monétaires, financières ou réelles

(taux de change, taux d’intérêt, indices boursiers,

indices climatiques) que l’on appelle le « sous-jacent ».

Ils ont pour ambition de fournir à tout agent économique

une protection contre un risque qui naît de la nécessité

de l’agent de réaliser dans le futur une opération,

commerciale ou financière, à un prix ou, d’une façon

plus générale, à des conditions qu’il ne maîtrise pas.

Un gestionnaire de portefeuille pourra ainsi craindre la

baisse du cours des actions, un importateur européen

l’appréciation du dollar s’il doit honorer à plus ou

moins brève échéance une facture libellée dans cette

monnaie, tandis qu’un débiteur pourra légitimement

s’inquiéter d’une possible hausse des taux d’intérêt s’il

est endetté à taux variable. Les produits dérivés sont un

des moyens permettant, selon différents mécanismes,

de fixer dès à présent un prix pour ces actifs et ce, pour

une date ultérieure. Ils offrent en cela à leur détenteur

(1) Voir l’article de Jean-Marc Figuet à ce sujet dans ce même numéro,

p. 45.

(2) Buffet W. (2003), « Avoiding a Mega Catastrophe, Derivatives Are

Financial Weapons of Mass

...

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