Marchés imparfaits et efficience économique

Dissertation d’économie

Marchés imparfaits et efficience économique

A la tête des 900 fonctionnaires de la direction de la concurrence à Bruxelles, la commissaire européenne et danoise Margrethe Vestager fait trembler Apple, Google et Amazon. Récemment encore, Google s’est vu infligé une amende record de 4 milliards d’euros pour abus de position dominante à travers son système d’exploitation androïd. Google aurait en effet favorisé ses propres services en poussant les fabricants de smartphone à préinstaller des applications google, faisant ainsi une entorse à la pluralité existant dans ce secteur. L’intervention de l’Union Européenne sur ce marché démontre la nécessité d’une politique de la concurrence afin, certes de protéger les consommateurs, mais surtout de protéger l’économie. Les objectifs de cette politique de la concurrence sont bien entendu de garantir la concurrence donc l’innovation qui en résulterait, de maintenir la compétitivité des entreprises donc des pays membres , et faire en sorte que soit maintenu un accès à des produits diversifiés, de qualité, à des prix plus bas.

Le rejet de la fusion Alstom-Siemens par la commission européenne, jugé néfaste pour la concurrence, a par contre été mal accueilli: Bruno Le Maire a fustigé cette décision “d’erreur économique”. L’intervention de l’Union Européenne sur les marchés relance régulièrement plusieurs types de débats: d’une part, le débat qui consiste à opposer les politiques de concurrences aux politiques industrielles des Etats membres; et d’autre part le débat idéologique les partisans du “laissez-faire” les marchés, institutions qui s’autorégulent de façon optimale et ceux qui considèrent que les marchés loin d’être toujours efficaces et efficients, ont besoin d’être régulés. Or le droit européen n’interdit pas la concentration d'entreprises en soi, sauf si celle-ci crée ou renforce une position dominante susceptible de déboucher sur des abus. On parle de concentration lorsque plusieurs entreprises fusionnent pour donner naissance à une nouvelle firme (fusion) ou lorsqu'une entreprise en rachète une autre (acquisition).

Cependant, il est clair pour le droit européen que les concentrations peuvent permettre au marché de faire des gains d'efficacité : réduction des coûts de production, mise en commun des départements de recherche et développement, etc. Cela permet la production de biens et services à moindre coût tout en encourageant la concurrence. De manière générale, les décisions d'interdiction de la Commission sont rares. En 2016, la Commission a refusé la fusion entre l'opérateur téléphonique O2 (Royaume-Uni) et le conglomérat Hutchison Whampoa (Chine). Il est en revanche fréquent que la concentration (tout comme l'entente ou la position dominante) soit déclarée compatible avec les traités de l’Union Européenne à condition que les entreprises respectent un certain nombre de conditions ou d'engagements.

Ce sujet nous invite à nous interroger sur la façon dont les différents types de marchés imparfaits peuvent conduire malgré tout à une forme d’efficience économique ( “a second best choice” ou optimum de second rang). Ce qui suppose que l’on définisse ce que l’on entend par le terme d’efficience économique. Parle-t-on d’efficience économique au niveau microéconomique, ou bien macroéconomique ? Efficience individuelle ou collective ? Ces deux types d’efficience s’opposent-elles ? Au sens général, l’efficience caractérise un processus qui permet d’atteindre un objectif donné dans les conditions les plus favorables, c’est-à-dire à moindre coût. Dans le contexte de l’économie industrielle, et du droit et de Ia politique de la concurrence, on entend par « efficience » le mode d’utilisation optimale de ressources rares. On distingue généralement deux types d’efficience : l’efficience technologique (ou technique) et l’efficience économique (allocative ou parétienne). Une entreprise sera techniquement plus efficiente qu’une autre si elle produit une même quantité en utilisant moins de facteurs de production. Les procédés de production étant différents, toutes les entreprises ne sont pas techniquement efficientes ni comparables sur ce plan. Une entreprise est économiquement efficiente lorsqu’elle met en œuvre ses facteurs de production de telle manière qu’elle parvient à une certaine échelle de production au coût le plus faible possible. Il y a gain d’efficience lorsque l’entreprise parvient à produire à coût moindre un même volume de production ou un volume supérieur. Contrairement à l’efficience technologique, l’efficience économique permet de comparer divers procédés de production. Les économistes considèrent généralement que la concurrence incite à l’efficience les entreprises ou les agents économiques. L’efficience multiplie les chances de survie et de succès des entreprises et accroît la probabilité d’utilisation optimale de ressources économiques limitées. Au niveau de l’entreprise, l’efficience provient essentiellement des économies d’échelle et de gamme et, à plus long terme, du renouvellement technologique et de l’innovation. On entend par « efficience de distribution ou de consommation » un mode d’allocation d’un ensemble de biens et de services entre les consommateurs tel qu’il n’est pas possible d’augmenter la satisfaction d’un individu sans diminuer celle d’un autre individu. (OCDE)

Il nous faut également nous interroger sur la notion de marchés imparfaits et donc remonter aux fondamentaux, en l'occurrence au modèle de la concurrence pure et parfaite et ses conditions. Pourquoi ce modèle est-il considéré comme la référence vers laquelle devrait tendre le fonctionnement des marchés ? Dans quelle mesure, ce modèle est-il source d’efficience économique ?

Enfin, si l’on part du postulat de base que les marchés sont imparfaits, dans quelles mesures peuvent-ils être efficients macro économiquement ? Quelles sont les conditions de cette efficience économique ? On peut également s'interroger sur les situations qui font que ces mêmes marchés peuvent être sources de défaillances. Comment alors pallier ces défaillances de marché pour rétablir de l’efficience économique ? Par défaillances de marché, on entend entre autre les situations de rendements d’échelle croissant qui conduisent à des situations de monopoles naturels, les externalités qui conduisent à des situations non optimales, les biens collectifs pour lesquels aucune offre privée n’existe dans le secteur marchand, et les biens communs qui peuvent conduire à des situations de tragédie des biens communs. Objectivement ce types de situations questionnent d’une part le rôle de l’intervention publique largement discuté par la théorie économique, et d’autre part la mise en place d’organisations alternatives aux marchés, plus efficientes économiquement.

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