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Les services pourraient-ils être les nouvelles industries

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Par   •  4 Avril 2015  •  Commentaire de texte  •  1 306 Mots (6 Pages)  •  513 Vues

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Les services pourraient-ils être les nouvelles industries?

Par Dani RODRIK

DERNIÈREMENT le débat international sur la croissance dans les pays émergents a pris un virage à 180 degrés. Le

Dani Rodrik, professeur d’économie politique internationale à l’Université de Harvard, est l’auteur de The Globalization Paradox: Democracy and the Future of the World Economy (Le Paradoxe de la Mondialisation: la Démocratie et l’Avenir de l’Economie Mondiale). Il est l’un des économistes contemporains les plus opposés au libre échange, sans pour autant être favorable à un rôle très important des Etats. Dani Rodrik est le premier lauréat du prix Albert O. Hirschman du Social Science Research Council.

battage médiatique et l’excitation de ces dernières années sur la perspective de rattrapage rapide par rapport aux économies avancées se sont évaporés. Peu d’analystes sérieux croient encore que la convergence économique spectaculaire dans les pays asiatiques (et de façon moins spectaculaire dans la plupart des pays d’Amérique latine et d’Afrique) va se maintenir durant les prochaines décennies. Les faibles taux d’intérêt, les prix élevés des matières premières, la mondialisation rapide et la stabilité de l’après-guerre froide qui sous-tendent cette période extraordinaire, sont peu susceptibles de persister.

Une deuxième prise de conscience est bien assimilée: les pays émergents ont besoin d’un nouveau modèle de croissance. Le problème n’est pas seulement qu’ils en ont besoin pour se défaire de leur dépendance à l’égard des afflux de capitaux changeants et des booms des matières premières, qui les ont souvent rendus vulnérables aux chocs et sujets à des crises. Fait plus important encore, l’industrialisation orientée vers l’exportation, le plus sûr chemin vers la richesse de l’histoire, touche peut-être à sa fin.

Mais l’industrie d’aujourd’hui n’est plus ce qu’elle était. Ce secteur est devenu beaucoup plus gourmand en capital et plus exigeant en compétences. Et son potentiel d’absorption de grandes quantités de main-d’œuvre rurale a fortement diminué.

Bien que les chaînes d’approvisionnement mondiales aient facilité l’entrée dans le secteur secondaire, elles ont également réduit les bénéfices nationaux en termes de valeur ajoutée. Beaucoup d’industries traditionnelles, comme le textile et l’acier, sont susceptibles de faire face au rétrécissement des marchés mondiaux et à la surcapacité, suite à des changements de la demande et à des préoccupations environnementales. Et un inconvénient à la réussite de la Chine est que de nombreux autres pays ont de plus en plus de mal à établir davantage qu’une niche dans l’industrie. En conséquence, les pays émergents commencent à se désindustrialiser et deviennent de plus en plus dépendants du secteur tertiaire à des niveaux de revenus bien inférieurs à l’ancien modèle des pays développés: un phénomène que j’ai nommé «désindustrialisation prématurée».

Le secteur des services peut-il jouer le rôle que remplissait celui de l’industrie dans le passé? Les services contribuent déjà à la plus grande part du PIB des pays émergents, même dans les pays à faible revenu où l’agriculture a toujours joué un grand rôle. Les jeunes travailleurs qui quittent la ferme pour les villes sont de plus en plus absorbés par des emplois de services urbains, plutôt que par l’industrie. Et le commerce international des services a tendance à progresser plus rapidement que le commerce des marchandises. Ejaz Ghani et Stephen D. O’Connell de la Banque mondiale se comptent parmi les optimistes. Ils soutiennent que le secteur des services pourrait servir de facteur de croissance, un rôle traditionnellement dévolu au secteur industriel. Ils montrent par exemple que les services ont récemment fait preuve d’une «convergence inconditionnelle» de la productivité. C’est-à-dire que les pays les plus éloignés de la frontière globale de productivité ont connu la plus rapide croissance de productivité dans les services.

Cela pourrait être une très bonne nouvelle, mais il y a de bonnes raisons de se montrer prudent. La preuve Ghani-O’Connell prend en compte des données qui remontent au début des années 1990, période au cours de laquelle les pays émergents étaient confrontés à la convergence de l’économie, stimulée par les afflux de capitaux et par la manne des matières premières. Il est difficile de savoir si leurs conclusions

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