L'impact de la crise sanitaire sur le secteur du tourisme
Mémoire : L'impact de la crise sanitaire sur le secteur du tourisme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jérémy Boer • 7 Janvier 2022 • Mémoire • 2 878 Mots (12 Pages) • 486 Vues
Chapeau
S’il y a bien un secteur de l’économie mondiale durement touché par la crise sanitaire actuelle, c’est le secteur du tourisme. Dans cet article, je fais un état des lieux de l’impact économique de cette crise sur le secteur du tourisme et je souligne les grandes tendances qui devraient émerger dans les années à venir.
Titre
« Les impacts de la crise sanitaire sur le secteur du tourisme »
Introduction
En 2019, le secteur du tourisme battait tous les records. On enregistrait 1,5 milliards d’arrivées de touristes internationaux, soit 4% de plus qu’en 2018 (source : OMT unwto.org/fr). Le tourisme générait 1 500 milliards de dollars d’exportations et représentait directement ou indirectement 330 millions d’emplois soit plus d’un emploi sur dix dans le monde (source : ILO ilo.org).
Or, depuis mars 2020, les perspectives de croissance ont laissé place à un effondrement sans précédent de l’activité touristique. L’épidémie de COVID-19 a pratiquement porté un coup d’arrêt à ce secteur qui jusqu’alors était l’un des principaux moteurs de l’économie mondiale. Un an après le début de la crise, quel état des lieux peut-on dresser du secteur du tourisme dans le monde et quelles perspectives peut-on envisager dans ce contexte incertain ?
Une crise sans précédent.
Le secteur du tourisme est traditionnellement sensible aux crises de toutes natures, qu’elles soient politiques, économiques, sécuritaires ou sanitaires. En 2011, les arrivées touristiques internationales avaient chuté de 33% en Égypte en raison des soulèvements du printemps arabe. A Hong Kong, le tourisme avait diminué de 6% en 2003 en raison de l’épidémie de SRAS. Le plus souvent, le tourisme est impacté par des crises locales mais il arrive que certaines crises d’ampleur plus importantes fassent chuter le tourisme à l’échelle mondiale. Au cours des vingt dernières années, les arrivées touristiques internationales n’avaient diminué qu’à deux reprises : en 2001 en raison de l’éclatement de la bulle internet et des attentats du 11 septembre et en 2009 en raison de la crise financière internationale et de l’épidémie de grippe porcine (H1N1). Au cours de ces deux dernières crises, les arrivées touristiques internationales avaient chuté respectivement de 1% et de 4%.
Avec l’épidémie actuelle et les mesures draconiennes imposées par les États pour y faire face nous assistons à une crise du tourisme d’une ampleur inédite. En 2020, les arrivées touristiques internationales ont chuté de 73% par rapport à 2019 avec une baisse record de 97% pour le mois d’avril 2020. Les recettes du tourisme international, quant à elles, ont chuté de 87% en passant de 1 500 milliards de dollars en 2019 à seulement 200 milliards de dollars en 2020 (source OMT unwto.org/fr). Cette même tendance se poursuit à l’heure actuelle avec une baisse moyenne de 85% des arrivées touristiques internationales dans le monde pour le premier trimestre 2021.
Quels sont les effets de l’effondrement de l’activité touristique ?
Un impact inégal
L’effondrement de l’activité touristique n’a pas affecté l’ensemble des pays de la même manière. En effet, pour les pays les moins avancés (PMA), le tourisme représente en moyenne 7% des exportations de biens et de services, ce qui est une part supérieure à la moyenne mondiale. Par ailleurs, le tourisme était un secteur en forte croissance dans les PMA. Entre 2000 et 2019, les arrivées de touristes internationaux ont augmenté de 9,7% dans les PMA contre 4,8% seulement en moyenne dans le monde. En Afrique, le tourisme représentait 10% du total des exportations en 2019 contre 5% au milieu des années 2000. Pour les petits états insulaires tels que les Maldives ou Samoa, le tourisme représente en moyenne 30% des exportations totales et jusqu’à 80% dans certains cas (source : OMT unwto.org/fr). Ces pays insulaires sont donc beaucoup plus affectés par la crise actuelle que d’autres pays moins dépendants du tourisme tels que les Etats-Unis (3% des exportations) ou le Japon (2% des exportations). La France, en revanche, fait partie des pays développés les plus affectés par le recul de l’industrie touristique. Le tourisme représente 8% de ses exportations et 7% de son PIB.
L’impact sur les compagnies aériennes
Les restrictions en matière de déplacement ont entrainé des pertes historiques pour les compagnies aériennes. D’après les estimations de l’IATA (International Air Transport Association) qui est le régulateur du transport aérien international, les compagnies aériennes ont subi des pertes s’élevant à 84 milliards de dollars en 2020, avec la majorité de leur flotte clouée au sol. Il s’agit de la pire perte de l’histoire de l’aviation. Malgré ces pertes, les faillites des compagnies aériennes n’ont pas augmenté en 2020 par rapport à 2019 et restent aux alentours d’une quarantaine par an.
L’impact sur l’emploi et sur le niveau de vie
En 2019, on estimait que 330 millions de personnes travaillaient dans le secteur du tourisme dans le monde, dont 144 millions dans l’hôtellerie et la restauration (source : ILO ilo.org). Par ailleurs, ce secteur comptait environ 51 millions d’entreprises en 2019 dont 60% étaient des entreprises individuelles ou des micro-entreprises. Selon l’OMT, environ 100 millions d’emplois touristiques sont actuellement menacés en raison de la crise sanitaire.
Pour des millions de personnes, l’effondrement de l’activité touristique a entrainé une baisse importante de leur revenu et donc de leur niveau de vie. A Bali dont l’économie dépend à 80% de l’activité touristique, le taux de chômage est passé de 1.57% à 5.63% (source : Agence de statistiques de Bali BPS) entre février et novembre 2020. Au cours de cette période, l’activité touristique était à l’arrêt complet en raison du confinement total de l’île vis-à-vis des touristes locaux et internationaux. En conséquence, de nombreux travailleurs migrants du secteur touristique ont été contraints de retourner dans leur province natale pour tenter de subsister par d’autres moyens. Bien souvent, ces personnes ont dû accepter des emplois, notamment dans l’agriculture, généralement moins rémunérateurs que l’emploi qu’ils avaient dans le tourisme.
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