Audit Social
Mémoires Gratuits : Audit Social. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar moufhim • 19 Mars 2013 • 764 Mots (4 Pages) • 835 Vues
salariés sont nombreux, et probablement de plus en plus, à se
rendre sans plaisir à leur travail. S’ils y vont, c’est qu’ils ne peuvent
pas faire autrement. Ils ne détestent pas leur métier, loin de là.
Ce dont ils se plaignent, le plus souvent silencieusement, c’est de la
façon dont l’entreprise se comporte avec eux.
Ils le disent volontiers lors des entretiens confidentiels réalisés à
l’occasion des audits de climat social qui sont à l’origine de ce livre.
Cela passe par de multiples petits détails : « On n’a jamais de
réponses aux questions qu’on se pose », « On ne sait pas en fonction
de quels critères on est augmenté ou pas », « Mon chef ne sait
même pas en quoi consiste mon travail », « À la suite de l’accident
mortel, il y a quatre ans, ils n’ont même pas mis le drapeau en
berne »… La liste des doléances, souvent pathétiques, pourrait être
allongée à l’infini. Quelquefois, les salariés finissent par craquer et
on parle alors de harcèlement, de stress, la presse évoque des suicides…
Il s’agit là de cas extrêmes, peut-être isolés, mais qui n’en
représentent pas moins la partie visible d’une réalité sans doute
moins dramatique mais beaucoup plus étendue.
Car la diminution du nombre de conflits ne doit pas faire illusion.
Autrefois, quand on n’était pas content, on faisait grève.
Aujourd’hui, on souffre silencieusement – jusqu’au jour où l’on
craque. Il y a donc peut-être moins de grèves, mais c’est parce que
le mécontentement et le mal-être au travail s’expriment autrement.
L’absentéisme tend à progresser, pour des raisons réelles ou
moins réelles ; on constate que certains salariés – souvent les
meilleurs – donnent leur démission de façon inopinée ; l’efficacité
au travail tend à diminuer, avec une multiplication des
retards, des pannes ou des malfaçons ; face au client, on constate
une attitude peu empressée, voire franchement désagréable, qui
est évidemment désastreuse pour l’image que l’entreprise donne
d’elle-même. Autrement dit, le mécontentement s’exprime
désormais moins par l’action collective que par des réactions
individuelles de désengagement.
Les conséquences de ce désengagement n’apparaissent pas directement
dans les comptes mais elles n’en sont pas moins extrêmement
coûteuses. Une journée de grève, c’est une journée de
travail de perdue. Un salarié qui réduit son efficacité de 20 %
équivaut à 40 journées perdues dans l’année et 20 % n’est qu’une
faible estimation. En réalité, un ingénieur de recherche peut très
bien réduire son efficience au travail de 50 % sans que personne
ne s’en aperçoive. Il trouvera toujours ensuite de bonnes raisons
pour
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