Le nouvel esprit du capitalisme
Fiche de lecture : Le nouvel esprit du capitalisme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Céline Lévêque • 31 Mars 2022 • Fiche de lecture • 1 754 Mots (8 Pages) • 1 331 Vues
Fiche de lecture – Sociologie économique du capitalisme
Partie I : Présentation des auteurs
Eve Chiapello, née en 1965, est une sociologue et spécialiste du management française. Diplômée d’HEC Paris et de l’EHESS où elle est actuellement directrice d’étude, elle possède également un DESS en gestion des institutions culturelles ainsi qu’un doctorat en Science de Gestion de l’Université à Paris IX Dauphine.
Elle se fait connaître en 1999 par la publication du Nouvel esprit du capitalisme, co-écrit avec le sociologue Luc Boltanski. Par la suite, elle s’intéresse au management et la sociologie des instruments de gestion. Elle publie d’abord un manuel de recherche intitulé Sociologie des outils de gestion, présentant une analyse sociologique des outils politiques et de gestions. Dans la même dynamique, elle travaille par la suite sur l’évolution du capitalisme en s’appuyant sur les instruments des gestion des entreprises, ainsi que les outils politiques mis en place par les personnes publiques pour organiser le capitalisme.
Après cela, elle travaille sur le phénomène de financiarisation que connait notre économie. Encore une fois, elle axe son angle de recherche sur les outils, de plus en plus financiarisés, qui sont utilisés dans tous les secteurs d’activité et qui participent à ce phénomène.
Avec une double démarche, à la fois sociologique et technique, elle présente un décryptage du fonctionnement du capitalisme particulier. Cette approche a pour but de saisir les logiques des organisations capitalistes en analysant et comprenant les outils du management et de la gestion utilisés.
Luc Boltanski est un sociologue français né en 1940. Actuellement directeur d’étude à l’EHESS, il s’agit d’un ancien élève du Centre de sociologie européenne dirigé par Raymond Aron et Pierre Bourdieu, dans lequel il publie ses premiers travaux. Il participe à cette époque à la fondation de la revue Actes de la recherche en science sociale.
Au fil de sa carrière, Boltanski se détache de l’influence bourdieusienne, pour se spécialiser dans la sociologie pragmatique. Contrairement à Bourdieu, il défend l’idée selon laquelle les individus sont des acteurs capables d’analyser, de défendre et de juger leur position. Dans cette lignée, il écrit avec Eve Chiapello en 1999 Le nouvel esprit du capitalisme, dans lequel ils présentent une analyse critique du capitalisme depuis les années 1960, basée une sociologie morale de l’action. Ils décryptent la façon dont les acteurs capitalistes sont parvenus à communiquer et légitimer leurs valeurs, tout en occultant la voix des adversaires politiques et idéologiques. Cette démarche a pour but de dénoncer l’inauthenticité de la société marchande, doublée de la perte de la créativité des individus.
Partie II : Résumé
Cet ouvrage est basé sur une idée fondamentale : le capitalisme connait des mutations et s’adapte, mais en parallèle la société subit des crises et se dégrade.
Le titre Le nouvel esprit du capitalisme, fait écho à l’ouvrage de Weber, Ethique protestante et esprit du capitalisme. Chiapello et Boltanski reprennent son idée selon laquelle il existe un « esprit du capitalisme ». Il s’agit d’une idéologie, une éthique indispensable à l’essor du capitalisme car elle légitimise l’engagement des individus dans ce système. Elle donne une justification aux individus pour participer à son fonctionnement. Malgré les évolutions de la société, les mouvements sociaux et les critiques, le capitalisme parvient toujours à fournir des raisons aux individus d’adhérer à sa logique. C’est ce qui en fait sa force, sa pérennité dans le temps et l’espace. La critique, visant à remettre en cause le capitalisme, lui permet en réalité de se renouveler, d’évoluer. Alors, le capitalisme ne s’explique pas uniquement façon structurelle ou matérielle : il y a un esprit du capitalisme, une base dans le monde des idées qu’il faut analyser.
Selon les auteurs, le capitalisme moderne connait deux crises. D’une part, nous assistons à une crise du capitalisme : la recherche de croissance et de profit engendre une hausse de l’exclusion, une dégradation des conditions de vie et de travail. D’autres part, les sociétés modernes connaissent une crise de la critique du capitalisme. En effet, la force du capitalisme est qu’il parvient non seulement à survivre aux critiques, mais il s’en nourrit également. C’est ainsi qu’ils distinguent historiquement deux formes de critiques : la critique artiste et la critique sociale.
D’abord, la critique sociale porte sur le caractère générateur d’inégalités et de misère du capitalisme. Il s’agit d’un système intrinsèquement inégalitaire car il est basé sur l’exploitation : si certains individus s’enrichissent, c’est car d’autres voient leur conditions de travail et leur niveau de vie se dégrader.
Ensuite, la critique artiste dénonce l’oppression subie par les individus, en raison de la restriction de leurs libertés et de leur autonomie, imposée par le capitalisme. Il contraint et restreint la créativité, il entraine la disparition de la singularité des individus et le désenchantement de la société. Cette critique connait son apogée durant mai 68, où l’on remet en cause le capitalisme dans le monde occidental, le consumérisme, l’organisation et les conditions de travail, tout en clamant un désir d’émancipation et de liberté. Mais le capitalisme va réussir à récupérer et se servir de cette critique artiste. Alors que les individus demandent plus d’autonomie, le capitalisme va leur donner ce qu’ils désirent, en contrepartie d’une augmentation de la précarité et de l’insécurité de l’emploi. En effet, à partir du milieu des années 1970, les travailleurs du fordisme dénoncent
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