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Les femmes en philo, qu’est-ce que ça mange en hiver ?

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Par   •  6 Novembre 2022  •  Commentaire d'arrêt  •  814 Mots (4 Pages)  •  346 Vues

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Mon nom : Sarah. Mes 30 ans sont à la porte. Quand vous lirez ceci, ils seront déjà là. Je suis un pur produit de l’école et de l’université. Après une licence et un master en philosophie à Paris, je suis partie faire mon doctorat à Montréal ; je viens de le terminer. En 2013, j’ai fait partie de l’équipe à l’origine de Fillosophie. Je commence un post-doc à New York cet été. C’est à la fois la fin et le début d’un parcours. Un parcours parsemé de privilèges ― ma situation sociale, mon groupe « racial », mon éducation, mon lieu de naissance et j’en passe ; et de quelques embûches ― l’une d’elles : être une femme en philosophie. Aujourd’hui, Cloé et moi, on vous en parle.

2Je m'appelle Cloé. Je suis une étudiante québécoise à la maîtrise en philosophie à Montréal. Je m'intéresse depuis peu de temps à la question de la diversité et de l’égalité en contexte académique et social, en plus de compléter un mémoire de recherche sur un sujet qui n'a rien à voir avec ces enjeux, soit le concept de langage privé chez le philosophe Ludwig Wittgenstein. Au jour le jour, je nourris l’humble projet de faire de mon entourage un espace plus juste. J’apprends à tâtons, de ma perspective de personne blanche, quelles sont les limites de l'espace que je peux prendre dans la lutte pour la diversité, laquelle a commencé, pour moi, quand j'ai rejoint Fillosophie à l'hiver 2015.

Défis et enjeux pour la place des femmes1 en philosophie

1 Tout au long de cet exposé nous entendons par « femmes » toutes les femmes. Le terme est trans-incl (...)

3D'entrée de jeu, on souhaite souligner que si notre perspective se situe à propos et à partir de nos expériences d'étudiantes en philosophie, on pense pourtant qu'elle est généralisable ― et qu'elle doit être généralisée ― à l'intérieur et à l'extérieur du monde académique. Parce que l'université n'est pas le théâtre exclusif où se déroulent les inégalités liées au genre, à la « race », à la classe sociale, à l'apparence, aux capacités, etc., parce que le monde académique comporte son lot de contradictions et d'oppressions, aux niveaux individuel et institutionnel, il est permis de considérer l'université comme s’il s’agissait d’une microsociété qui reproduit les mêmes structures oppressives et familières que l'on retrouve à la sortie des classes, lorsqu'on passe ses portes.

4Si on peut penser que la philosophie est la discipline par excellence d'où peuvent foisonner des réflexions humanistes sur le Bien ou le Juste (on classe d'ailleurs la philo sous l'appellation Humanities, en anglais), il est pour le moins étonnant d'observer qu'elle reproduit, de manière particulièrement tenace et insidieuse, des structures d'oppression responsables d'inégalités et d'injustices criantes. La philosophie, en effet, se targue généralement d'être la discipline qui permet de comprendre les grands -ismes, tel que le réalisme, le naturalisme, ou encore le libéralisme pour n’en citer que quelques uns. On pourrait donc s’attendre à ce qu’elle soit la première à nous faire comprendre les problèmes que posent le racisme, le sexisme,

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