Stage dans un service de soins de suite en gériatrie

Analyse de situation port folio

Elève infirmière en première année, j’effectue mon premier stage dans un service de soins de suite en gériatrie situé au troisième et dernier étage de cet établissement hospitalier privé. Dès le premier jour je prends en charge Mme N. en convalescence dans le service depuis quarante jours après un traitement médical d’une pneumopathie, elle souffre de dénutrition, de troubles cognitifs, de déglutition, elle présente un lymphoedème du membre supérieur gauche et a un traitement anticoagulant sous forme d’injections sous cutanées de Calciparine 0,2 ml.

Mme N. est souvent asthénique et est placée sous oxygène sur prescription médicale, son état de fatigue général ne lui permettant pas une grande mobilité, je suis chargée d’effectuer tous les matins une toilette totale au lit et une douche couchée une fois par semaine.

Mme N. Vient de fêter son 98ème anniversaire, entourée de ses proches, sa fille adoptive qui lui rend visite tous les jours, sa voisine qui s’occupe de son chat en son absence, sa meilleure amie, son beau frère et son cousin. Mme N. Est la patiente qui reçoit le plus de visite dans le service, pourtant elle se sent dévalorisée, demande souvent : « Que fais-je ici ? » et quand je lui fais sa toilette elle s’excuse, se lamente et dis : « Je suis désolée, je ne suis qu’un gros paquet, je suis une charge pour tout le monde ».Il arrive aussi que Mme N. soit confuse, hallucine et pense être victime d’une conspiration visant à l’éliminer.

Mme N. mange des aliments moulinés, peut boire de l’eau liquide et son traitement doit être écrasé car elle est sujet à risque aux fausses routes, sa fille a même demandé à ce qu’elle passe au régime mixé car elle avait remarqué que sa mère adoptive avait beaucoup de difficultés à déglutir son repas mouliné.

Mercredi, mon deuxième jour de stage, je fais la distribution matinale de traitements avec ma tutrice, relève les dextro des patients diabétiques puis aide Mr C., mon autre patient, à prendre sa douche avant de faire la toilette complète au lit de MmeN.

A l’heure du repas, l’aide soignante me tend le plateau repas de Mme N. et me dit : « Tiens, le déjeuner de ta patiente », le plateau entre mes mains, je me dirige vers la chambre de Mme N, je pose le plateau sur la table adaptable, je me frictionne les mains au SHA et au moment où je m’installe près de ma patiente pour l’aider à déjeuner je m’aperçois qu’un plateau normal non mixé ni même mouliné a été adressé à ma patiente ; était-ce une erreur de la cuisine? Je demande à la patiente : « Mangez-vous des plats normaux ? ou mixés Mme N ? », Elle me répond : « Oh, mon petit, je mange ce qu’on me donne »

Consciente des risques que je prenais si je faisais quand même manger ma patiente, je recouvre le plat, prend l’étiquette où son nom, son régime et le détail du menu était écrit et sors de la chambre. Je rencontre une aide soignante dans le couloir et lui demande : « Vous savez si c’est normal que Mme N. ait un plateau normal au lieu d’un mixé ? », elle me répond : « Il y’a écrit quoi dans l’étiquette ? », Je lis : « régime normal », « ben donne lui à manger, pourquoi tu te prends la tête ? » me dit-elle, j’ai attendu qu’elle entre dans une chambre avant de reprendre ma démarche ferme me dirigeant vers le poste de soins afin de vérifier le dossier infirmier de Mme N. et par la même occasion vérifier son régime alimentaire. Il se trouve que mes soupçons étaient fondés, Mme N était bien au régime mouliné évolué en régime mixé.

Un dilemme s’est alors offert à moi, alors que l’infirmière responsable de cette section du service est en pause déjeuner, que toutes les aides soignantes étaient occupées à distribuer et donner à manger aux patients, que dois je faire avec ma patiente ? La laisser sans repas en attendant l’arrivée de ma référente ? Ou aller déranger l’infirmière qui s’occupe de l’autre couloir et lui demander d’intervenir ?

Je pris ma décision en quelques secondes, toujours armée de l’étiquette « repas » de ma patiente, je me dirige vers le couloir ou la deuxième infirmière distribuait ses médicaments. Je l’interpelle, lui expose la situation et demande que

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