Exposé sur la pluralité des croyances en France.
Dissertation : Exposé sur la pluralité des croyances en France.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lopou • 11 Novembre 2016 • Dissertation • 2 332 Mots (10 Pages) • 3 356 Vues
Éducation civique et morale
Exposé sur la pluralité des croyances en France
Depuis la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 et la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, la liberté de croyance est un droit fondamental pour les individus. En effet, la Déclaration de 1789 affirme que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public institué par la loi » (article 10), tandis que celle de 1948 indique que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites » (article 18) La France, pays de la laïcité par excellence, accueille aujourd'hui une multitude de religions différentes (notamment à travers ses territoires d'Outre-Mer) qui cohabitent pacifiquement , après des siècles de chrétienté.
Avec cet élargissement de l'horizon religieux français, de nouvelles formes de religiosité sont aussi apparues durant les dernières décennies : plus individuelles, détachées des institutions religieuses, davantage dans une optique de développement personnel. La sociologue Danièle Hervieu-Léger parle d'ailleurs à ce sujet de « bricolages religieux ».
Comment la France s'est-elle ainsi ouverte à d'autres religions, quelles sont-elles, et quelle est désormais leur place dans la société ? Enfin, quelles tensions peuvent naître de leur cohabitation, dans un État laïc comme la France ?
I. D'une France chrétienne à une France laïque
- Une société longtemps régie par la religion :
Durant des siècles, la France a été régie par l’Église chrétienne. Le pouvoir des rois, représentants de Dieu sur terre, dits « de droit divin », était indissociable de celui de l’Église. Le haut clergé, avec la noblesse, constituait l'élite sociale française, concentrant dans ses mains pouvoir et richesses.
La vie des sujets était encadrée par les rites chrétiens tels que le baptême, la communion, le mariage... l'éducation, les valeurs sociales, le rythme de la vie dépendait de l’Église. Ne pas se conformer aux rites, ou montrer son désaccord vis à vis des dogmes religieux faisait courir le risque d'être excommunié, ce qui équivalait à être exclu de la société. L'architecture témoigne, aujourd'hui encore, de la puissance de l’Église.
Cependant, avec la révolution de 1789, ce pouvoir de l’Église fut entièrement repensé. L’Assemblée décida la nationalisation de ses biens ; de plus les membres du clergé, évêques et curés, devenant des fonctionnaires employés par l’État, devraient désormais être élus par le peuple. Ces nouvelles règles, définies dans la Constitution civile en 1790, furent rejetées par une partie du clergé, coupant l’Église en deux.
En 1801 : Napoléon Bonaparte et le Pape signèrent le Concordat, qui reconnaissait que la religion catholique était celle de « la grande majorité des français » et liait État et Église (l’État pouvait nommer des évêques, et devait entretenir certains ecclésiastiques ; en échange l’Église ne revendiquait aucun des biens nationalisés par les lois révolutionnaires)
- La loi 1905 : la séparation de l’Église et de l’État :
9 décembre 1905 : loi de séparation de l’Église et de l’État :
- met fin au Concordat de 1801
- assure la liberté de conscience (art. 1)
- liberté de culte
- l’État est neutre et ne subventionne donc aucun culte (art. 2)
→ exceptions : - Alsace-Moselle (annexées par l'Allemagne suite à la défaite en 1870 et redevenues française en 1918, qui conservent donc leur droit local, basé sur le Concordat : les prêtres sont rémunérés)
- la Guyane qui reste sous l'ordonnance royale du 27 août 1828 de Charles X selon laquelle les prêtres catholiques sont rémunérés par l’État (la Guyane était au départ une colonie française où étaient envoyées des missions) ; les Décrets Mandel de 1939 permettent aux cultes de s'organiser en missions religieuses (idem en Polynésie française, Wallis-et-Futuna, St-Pierre-et-Miquelon...)
=> la France devient un État laïc
Cette position est d'ailleurs réaffirmée dans la Déclaration de 1948 mais aussi dans la Constitution de 1958 où il est écrit que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances » (article 1er).
- Un nouveau rapport à la religion :
La société n'étant plus encadrée ni structurée par la religion chrétienne, la pratique religieuse a beaucoup changé, et varie désormais d'un croyant à un autre. D'une part, l'essor des sciences et l'éducation laïque donnée aux enfants, depuis le combat de Jules ferry pour interdire l'enseignement aux congrégations et former des instituteurs laïcs, montrent une vision scientifique du monde, qui va souvent à l'encontre de l'explication donnée par les Églises. L'accès à l'information et au savoir, également relayé par les nouvelles technologies, ouvre la perception du monde qu'ont les individus.
De plus, la société de consommation a transformé notre société en profondeur, amenant de nouvelles valeurs, de nouvelles représentations. Tout cela crée un relativisme religieux : les croyants se forgent leur propre vision de leur religion, n'hésitant pas à en rejeter des pans entiers, ou aménageant leurs pratiques en fonction de leur mode de vie ou d'un rythme qui leur convient : la religion ne rythme plus la vie des fidèles, mais ce sont eux qui l'intègrent à leur vie à leur façon. En outre, nombre d'entre eux divergent par rapport à l’Église sur certaines questions de société, telle que l'usage de la contraception.
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