Les ITSS Chez Les Personnes âgées

Introduction

Il existe beaucoup de préjugés sur la sexualité, et particulièrement sur la vie sexuelle des personnes âgées. Le plus courant de ces préjugés n’étant que cette clientèle n’a que très peu ou pas du tout d’activité sexuelle. Comme ce préjugé est plutôt tenace, il est donc facile de croire que les personnes âgées ne vivent pas de problématiques au niveau des infections transmises sexuellement et par le sang. Or, cette affirmation ne pourrait être plus fausse.

La méconnaissance des habitudes sexuelles des personnes âgées en matière de prévention des I.T.S.S. a orienté notre choix vers cette clientèle. C’est aussi ce qui apporte toute la pertinence sexologique au projet, en tentant de défaire les préjugés qui existent et donner l’information exacte à la clientèle ciblée.

Le présent travail sert de guide d’accompagnement à la présentation d’un kiosque qui a pour thème «Les I.T.S.S. et le 3e âge». Au cours du document, l’importance de la prévention des infections transmises sexuellement et par le sang chez les personnes de 65 ans et plus vivant dans une maison de retraite, sera démontrée par une recension des écrits scientifiques, une analyse des besoins de la clientèle et une discussion sur la pertinence de la présentation du kiosque dans le milieu.

Recension des écrits

Contexte épidémiologique

Malheureusement, bien peu de données sont disponibles concernant la prévalence des ITSS chez les personnes du troisième âge, les recherches élargissant les catégories d’âges à 50 et plus. De plus, les données recensées ne permettent pas de déterminer si une infection est plus présente qu’une autre chez cette particulière clientèle. Toutefois, celles disponibles démontrent une hausse importante des taux d’infections depuis les dernières années.

Dans le rapport de la Santé Publique d’Ottawa (2011), il est possible d’observer une tendance à l’augmentation de l’incidence de plusieurs ITSS chez les 50 ans et plus, hommes et femmes confondus. En effet, les incidences de la chlamydia, de la gonorrhée et de la syphilis ont pratiquement doublé en dix ans.

En 2011, l’incidence de la chlamydia chez les 65 ans et plus était de 2.6/100 000 habitants, hommes et femmes confondus. La gonorrhée, en 2011, a eu une incidence de 0.9/100 000 habitants hommes et femmes confondus chez les 65 ans et plus. Pour ce qui est de l’hépatite B, l’incidence a atteint 9.6/100 000 habitants chez les 65 ans et plus, hommes et femmes. L’incidence du VIH/SIDA chez les 65 ans et plus a été de 3.5/100 000 habitants en 2011. Finalement, l’incidence de la syphilis, pour le même groupe d’âge, est de 20,1/100 000 habitants, hommes et femmes confondus (Santé Publique Ottawa, 2011).

De plus, selon une étude menée en 2006, il est démontré que les personnes âgées de 50 ans et plus représenteraient près de 10 % des cas de nouvelles infections au VIH/SIDA, aux États-Unis. Les personnes de ce groupe d’âge représenteraient 21 % de tous les cas diagnostiqués de VIH/SIDA dans le pays (Population Reference Bureau United States, 2009). Entre les années 2003 et 2007, le nombre annuel de personnes âgées de 50 ans et plus, vivant avec le VIH/SIDA aurait même augmenté de plus de 60 % (Minichiello et coll., 2011).

Contexte psychosocial

Il a été démontré que les activités sexuelles déclinent avec l’âge, mais cette diminution ne peut être qu’associée aux causes biologiques, il faut aussi prendre conscience du contexte psychosocial.

Trois choses importantes sont à considérer dans le contexte psychosocial d’une personne âgée qui vit dans une maison de retraite. Tout d’abord, dû au vieillissement, il est possible que la personne ait perdu son conjoint et se retrouve ainsi sans partenaire sexuel stable (Kessel, 2001). De plus, les aînés qui vivent en résidences sont souvent confrontés à un manque d’intimité dû à l’accès que le personnel de l’établissement peut avoir à la chambre, et ce pour toutes sortes de raisons médicales (Kessel, 2001). Bien que cette réalité soit moins courante en résidences pour personnes autonomes qu’en CHSLD, elle fait quand même partie du quotidien. Il est question aussi d’un certain conditionnement social face à la sexualité chez les personnes âgées, ou plutôt à leur supposée non-sexualité (Kessel, 2001). Puisque beaucoup de préjugés circulent à cet effet, il arrive que la personne qui a toujours du désir sexuel, soit perçue négativement par la société. Parfois, les personnes âgées hésiteraient même à exprimer et à parler de leur désir sexuel, par peur d’être jugé ou critiqué. Ils intériorisent donc les mythes et les jugements de valeur faits à leur endroit, par peur de sortir de la norme être d’être pointé du doigt (Kessel, 2001).

Jusqu’à la toute dernière décennie, l’idée d’une vie sexuelle active chez les aînés était considérée comme quelque chose de dégoutant, voire même inapproprié et était souvent sujette de moqueries (Cash et Brown, 1989). Toutefois, la démographie a changé avec ceux que l’on prénomme les «Baby Boomers» et la signification d'un «vieillissement en bonne santé» a commencé à prendre une tout autre dimension. On remarque maintenant un vent de changement dans la vision des gens face au vieillissement. Par conséquent, on parle désormais davantage de la sexualité des personnes du troisième âge, et de plus en plus de recherche sont réalisées sur le sujet. On tente également, d'éduquer davantage sur la présence d’une sexualité active chez les aînés afin de changer la vision négative des gens face à ce sujet (Katz et Marshall, 2003).

D’un point de vue psychologique, le fait de vivre avec une infection transmise sexuellement peut grandement affecter le bien-être des personnes âgées. Par exemple, dans le cas du VIH/SIDA, il est démontré que certaines personnes âgées atteintes peuvent développer une dépression de modérée à sévère, voire même des idées suicidaires. On note aussi que ces personnes seraient plus enclines à vivre seules et souffriraient d’isolement. Elles auraient également davantage de difficulté relative à la sexualité et à la vie affective (Wallach, 2012).

Contexte éthico-légal

Pour ce qui est du contexte éthique et légal, il n’existe pas d’enjeux qui

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