Carences affectives
Synthèse : Carences affectives. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar LOLA82 • 3 Avril 2024 • Synthèse • 2 926 Mots (12 Pages) • 106 Vues
Carences affectives[pic 1][pic 2] |
Carence : décalage par rapport à une norme, en matière psy décalage par rapport à une norme qui est posée à un moment de l’histoire dans la société. La notion de norme va donc évoluer avec la notion de norme.
C’est à partir du XVIIe siècle que le rôle de mère a été considéré comme important. La mère est coupable si elle ne prend pas soin de ses enfants. La mère défaillante était alors coupable. Dans l’histoire de la carence, la mère a toujours été en première ligne. Il faut attendre la fin des années soixante pour que la fonction paternelle soit réinterrogée à la lumière des modifications de la société. La carence a toujours été liée à la pauvreté. La carence était sensée ne pas exister dans les milieux favorisés. La carence était celle de la misère et celle de femmes dont l’instinct maternel serait dégénéré.
Dans les années 1980, Michel LEMAY, pédopsychiatre à Montréal, pense à une autre forme de carence qu’il nomme "la carence dorée". Moins apparente, plus masquée, elle touche tous les milieux et échappe aux interventions des travailleurs sociaux. Relationnelle et affective en priorité, elle témoigne d’une discontinuité des soins et de l’attention portés à l’enfant. A cette discontinuité lourde de préjudices pour le développement de l’enfant et pour le devenir de l’adulte, l’accueil familial tente de répondre, notamment en proposant continuité et fiabilité relationnelle.
Après la seconde guerre mondiale, René SPITZ (1887-1974), psychiatre et psychanalyste américain d’origine hongroise, s’intéresse au développement de l’enfant de 0 à 2 ans, en relation avec sa mère.
Puis, il travaille sur les effets des placements prolongés et des hospitalisations répétées sur le jeune enfant. Il observe les troubles du développement chez des nourrissons séparés de leur mère et victimes de carences affectives.
Selon René SPITZ, il existe trois stades de développement de la relation d’Objet chez l’enfant :
- Le stade préobjectal (0-3 mois) : stade de non différenciation entre le bébé et sa mère. Le nouveau né vit dans un état fusionnel sans faire la distinction entre lui et le monde extérieur. Ce stade correspond au stade de narcissisme primaire chez Sigmund FREUD.
- Le stade précurseur de l’objet (3-8 mois) : apparition du sourire social (comportement actif et intentionnel). L’enfant fait la distinction entre le Soi et le Non Soi. Il appréhende la figure d’attachement comme bonne quand elle le gratifie et comme mauvaise quand elle le frustre. L’environnement extérieur est ainsi appréhendé sur le mode du clivage (satisfaction/frustration). L’enfant se place dans l’ambivalence de sentiments opposés (agressivité/amour).Ce stade correspond au stade anaclitique chez FREUD.
- Le stade de l’objet libidinal (8-15 mois) : l’apparition de l’angoisse du 8ème mois marque le début des relations objectales. L’enfant distingue le familier de l’étranger. Lorsque la figure d’attachement disparaît de son champ visuel ou lorsqu’un inconnu s’approche, l’enfant manifeste des réactions de crainte, de repli, d’évitement, de pleurs.
- A partir du 15eme mois, l’enfant entre dans la communication verbale. L’apparition du Non (18 mois) marque la naissance du Moi autonome de l’enfant par la capacité à s’opposer et à s’affirmer. L’enfant va être écartelé entre son désir et l’interdit, entre son amour pour la figure d’attachement et l’agressivité à son égard. Il adopte alors une solution de compromis et s’identifie à l’agresseur en disant Non par imitation. L’apparition du Non chez l’enfant montre qu’il devient capable de nier, de juger, d’imposer sa volonté et donc de s’affirmer.
L’impact des carences affectives va donc varier en fonction de l’évolution de la relation d’objet.
Michel LEMAY fait la distinction entre abandon et carences affectives. L’abandon est la rupture définitive des liens avec les parents d’origine qui permet à l’enfant d’être investi par d’autres figures parentales.
La carence affective est l’absence ou l’insuffisance des échanges affectifs essentiels au développement et à l'équilibre affectif d'un sujet. Les carences affectives peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves selon le degré de développement de l'individu. La carence affective ne permet pas à l’enfant de nouer de lien d’attachement signifiant suffisamment solide et structurant.
La privation prolongée du contact avec la mère ou avec un substitut maternel entraîne chez le nourrisson une inhibition anxieuse, un désintérêt pour le monde extérieur (dépression anaclitique) qui s'accompagne d'anorexie, d'insomnie, d'agitation, de retard psychomoteur et de troubles psychosomatiques. C'est ce qu'on appelle le syndrome d'hospitalisme. Si la carence se poursuit au-delà de 3 ou 4 mois, l'enfant risque de souffrir de dommages physiques et psychiques irréversibles.
Par extension, on parle de carences affectives lorsqu'un enfant n'a pas bénéficié de relations affectives suffisantes, en fonction du milieu culturel et social, dans les cinq premières années de sa vie : il risque d'en résulter un retard psychomoteur et des troubles du caractère.
Les carences affectives, par l’extrême négligence ou les soins pathogènes, génèrent des situations de stress et font traumatismes pour l’enfant. Elles empêchent l’enfant de former un attachement sélectif auprès d’une personne privilégiée.
Chez l'adulte, des situations vitales contraignantes (deuil, handicap, émigration) peuvent faire émerger des troubles du caractère ou de la personnalité. L’individu s’enferme dans la solitude compte tenu de la rupture de liens sociaux. Chez le sujet âgé, le manque d'échanges affectifs accélère parfois le processus de vieillissement et peut même déclencher des réactions de détresse mortifère (syndrome de glissement).
...