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Les Reconfigurations Internationales Après La Chute De L'URSS

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Par   •  27 Avril 2014  •  1 989 Mots (8 Pages)  •  1 045 Vues

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« Celui qui ne regrette pas l'URSS n'a pas de cœur, celui qui souhaite son retour n'a pas de tête. ». En prononçant ces mots, Vladimir Poutine faisait référence à un regret du temps de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques partagé par de nombreux habitants de la Russie actuelle, mais cette parole pourrait tout aussi bien être adressée aux Américains nostalgiques de la guerre froide et du monde bipolaire qui voyait l'affrontement des deux blocs.

Car avec l'implosion de l'URSS en 1991 dans la surprise générale, c'est un nouveau monde qui a émergé de la guerre froide, un ordre international aux contours flous et difficiles à définir. La chute du bloc communiste signifiait pour beaucoup la victoire des États-Unis et du modèle démocratique et libéral qu'ils incarnent, tant et si bien que l'hégémonie américaine a semblé s'imposer. A la puissance militaire, déjà manifestée durant la lutte des blocs, s'ajoutait bien sûr la force économique, les États-Unis représentant 20% du PIB mondial et contrôlant la monnaie des échanges internationaux.

Mais les promesses d'un monde déjà unipolaire et bientôt homogénéisé par la volonté américaine se sont bientôt confrontés à une réalité de fin de siècle bien moins conforme aux attentes de l'hyperpuissance nouvelle. La Pax Americana tant souhaitée s'est vu opposée un retour au souverainisme et un rejet par différents acteurs du modèle américain.

Peut-on dès lors toujours considérer que la configuration d'après-guerre froide est unipolaire, ou la multipolarité a-t-elle fini par s'imposer ?

Si les États-Unis conservent les caractères et la volonté englobante d'une hyperpuissance (I), le développement d'acteurs étatiques et irréguliers affaiblit son hégémonie (II).

I. Les Etats-Unis, hyperpuissance du monde unipolaire

A. Le nouvel ordre mondial

La notion d'hyperpuissance américaine est développée par Hubert Védrine dans son livre Face à l'hyperpuissance. Il exprime que « […] la suprématie américaine d'aujourd’hui s'exerce aussi bien sur l'économie, la monnaie, la technologie, les domaines militaires que sur les modes de vie, la langue et les produits culturels de masse […] ». Ainsi, le terme de superpuissance, désignant essentiellement la force militaire, ne serait pas suffisant pour désigner tous les champs du pouvoir hégémonique des États-Unis d'Amérique d'après la chute de l'URSS.

A la puissance militaire s'ajoute la puissance économique, la puissance technologique et la puissance culturelle. Cette force multidimensionnelle va conduire les Américains à se présenter comme les leaders du monde libre. A partir de là, l’ambition pour les États-Unis va être de se montrer responsables de la sécurité mondiale mais aussi de façonner le monde selon leur vision démocratique et libérale.

Le moment clé, c’est la première guerre du Golfe, qui démarre le 2 août 1990 au moment où l’armée irakienne envahit le Koweït. A ce moment-là, les États-Unis vont être très soucieux d’imposer leur volonté dans le cadre du droit international. L’Amérique de George H. Bush est à la fois réaliste et libérale : soucieuse de défendre ses intérêts en tant que première puissance mondiale, elle souhaite le faire dans le contexte des institutions internationales, c’est-à-dire par le biais le conseil de sécurité de l’ONU. Les États-Unis sont donc dans une optique unipolaire, mais pas unilatérale.

Le Conseil de Sécurité exige le retrait immédiat des forces irakiennes. Saddam Hussein refuse, et le 15 janvier 1991, le Conseil de Sécurité autorise le recours à la force par une résolution. A cette époque, l’URSS et la Chine se mettent du côté des États-Unis.

L'« Opération Tempête-du-Désert » est une victoire fulgurante, et le Koweït est libéré le 28 février. A l'époque s'est posée la question du renversement de Saddam Hussein, présenté par les Américains comme une sorte d’Adolf Hitler local, diabolisation renforcée par le comportement de l'intéressé. Toutefois, le mandat des Nations Unies ne portait que sur l'intervention au Koweït, et George H. Bush préféra donc s'arrêter à ce résultat, affichant sa volonté de respecter le droit international qui était le prétexte de l'intervention.

C’est dans ce contexte que Bush père parle d’un nouvel ordre mondial, un monde où les Nations Unies libérées de l’impasse de la guerre froide sont en mesure de réaliser la vision historique de leurs fondateurs, un monde dans lequel la liberté et les droits de l’homme seront respectés par toutes les Nations. Le nouvel ordre mondial n’est pas un ordre réaliste, c’est un ordre libéral fondé sur l’idée que les droits de l’homme constituent l’horizon indépassable des relations internationales.

B. Le fugace moment unipolaire

Les attentats du 11 septembre 2001 sur le Wall Trade Center, à New York, et le Pentagone, à Washington D.C., sont souvent utilisés pour marquer la fin soudaine de l'hégémonie américaine et la rupture avec le monde unipolaire. Ils sont en réalité l'aboutissement d'un processus enclenché dès la chute de l'URSS.

En effet, dès le début de la décennie 1990, les Américains sont confrontés à de multiples crises que leur nouveau statut affirmé de « gendarmes du monde » leur impose de régler. Pourtant, ils s'abstiennent lors de la crise de Somalie en 1991, puis se replient en 1993 après la bataille de Mogadiscio. Ils n'interviennent pas non plus lors du génocide rwandais de 1994.

Durant la même période, le président Bill Clinton affirme sa volonté de régler la question israélo-palestinienne de façon diplomatique. Les accords d'Oslo de 1993 apparaissent comme un tournant dans le conflit, annonciateurs d'une paix proche et d'une possible reconnaissance mutuelle, symbolisée par la poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat aux accords de Washington. Cependant, l'assassinat du Premier ministre israélien en 1995 n'est que le premier acte d'une reprise des hostilités et d'un échec du processus de paix.

Lorsque les attentats du 11 septembre 2001 interviennent, le moment unipolaire semble donc déjà passé. L'attaque sur le sol américain considéré comme inviolable affaiblit considérablement la perception de la puissance des États-Unis par les autres pays du monde.

II. Les prémices d'un monde

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