Le Retour De La Macroéconomie : Les Contradictions Logiques De La Microéconomie Et La Critique De Keynes
Rapports de Stage : Le Retour De La Macroéconomie : Les Contradictions Logiques De La Microéconomie Et La Critique De Keynes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Zabrate • 20 Décembre 2012 • 2 747 Mots (11 Pages) • 1 282 Vues
Le retour de la macroéconomie : les contradictions logiques de la microéconomie et la critique de Keynes. Gilles Raveaud
La crise actuelle met à rude épreuve les économistes. Non seulement parce que la grande majorité d’entre nous ont été incapables de la prévoir (j’en fais partie). Mais aussi parce que le fonctionnement de la science économique gêne, si ce n’est empêche, la compréhension des phénomènes actuels par la plupart des économistes, à cause notamment de la domination de la microéconomie sur la macroéconomie.
Première étape de notre voyage sur ce sujet : un petit retour sur l’invention par Keynes de la macro-économie.
La science économique n’est pas un champ unifié. Tout d’abord en raison de l’existence d’approches théoriques diverses, comme, par exemple, les libéraux, les keynésiens, les marxistes, ou encore les “Autrichiens” (sorte d’économistes ultra-libéraux). Mais aussi parce que la science économique est coupée en deux parties : la microéconomie d’un côté, la macroéconomie de l’autre.
La microéconomie, c’est l’étude du comportement de deux grands types d’agents économiques : les ménages, et les entreprises. Du côté des ménages, la microéconomie étudie leurs grandes décisions, notamment le choix de travailler plus ou moins (suivant le salaire proposé) ; de faire des études plus ou moins longues (suivant le coût des études, comparé au gain de salaire attendu plus tard) ; de consommer ou d’épargner (en fonction du taux d’intérêt, comparé à l’impatience des épargnants). A propos des entreprises, la microéconomie explique pourquoi les entreprises embauchent plus ou moins (en fonction de la productivité des salariés, comparée à leur coût pour l’entreprise) ; pourquoi elles investissent, ou pas (suivant le niveau du taux d’intérêt - qui mesure le coût des emprunts qu’elles doivent effectuer afin d’investir - comparé au rendement attendu de l’investissement) ; quelles stratégies les entreprises mettent en œuvre : alliances entre entreprises ; conquête des marchés ; politique d’innovation ; etc.
La macroéconomie, elle, étudie l’économie nationale. Pourquoi y a-t-il de la croissance ? Quel est le rôle joué par la consommation de l’ensemble des ménages, l’investissement total des entreprises, les exportations, et les dépenses de l’Etat, ces 4 moteurs de la croissance, dans les évolutions observées ? Comment évolue le taux d’épargne au niveau national ? Comment évolue la balance commerciale, c’est-à-dire le rapport entre les exportations et les importations ? etc.
On pourrait penser que micro- et macroéconomie sont complémentaires. En effet, qu’est-ce que le taux d’épargne national (macro-économique), si ce n’est la somme de l’épargne de chacun des ménages (micro-économique) ? De la même façon, le taux d’investissement national est évidemment obtenu en additionnant l’investissement effectué par chaque entreprise. C’est d’ailleurs de cette façon que l’INSEE calcule ces grandeurs macroéconomiques, celles dont on nous parle régulièrement : prévisions de croissance ; évolution de la production industrielle ; taux de chômage ; solde de la balance commerciale ; etc.
Mais voilà. Au niveau théorique, il n’y a pas de cohérence entre micro- et macro-économie. Chaque approche constitue une matière en soi, comme le savent, malheureusement pour eux, les étudiants inscrits en faculté de sciences économiques. A la fac, partout dans le monde, on étudie d’un côté la “micro” et de l’autre la “macro”. Cette situation peut sembler absurde (et c’est d’ailleurs pourquoi nous avions choisi, comme nom de notre lettre d’information du mouvement des étudiants pour la réforme de l’enseignement de l’économie, Micro, Macro, . Cependant, on pourra remarquer quelle n’est pas propre à l’économie. Il existe aussi de la micro-physique et de la macro-physique. Et, dans les autres sciences sociales, en psychologie ou en sociologie par exemple, l’étude des comportements individuels, ou des groupes constitués de quelques personnes seulement, est différente de celle des grands groupes sociaux (classes, nations, etc.).
Cela s’explique par un phénomène banal, mais terrible pour les scientifiques : l’addition de comportements individuels ne conduit pas nécessairement à un phénomène collectif allant dans le même sens. L’exemple souvent donné est celui du match de foot (ou du cinéma) : je suis assis, mais une personne plus grande assise devant moi m’empêche de voir le match. Je me lève pour mieux voir. Mais patatras ! Je gêne à présent la personne assise derrière moi, qui doit se lever à son tour. Petit à petit, c’est tout le monde qui est debout. Cela nous coûte à tous un effort - il est moins fatiguant d’être assis - pour un résultat nul : personne ne voit mieux que lorsque tout le monde était assis. C’est ce que l’on appelle un “effet pervers”.
Pire encore : il est très difficile de sortir de cette situation. (C’est pour cela que, dans les stades, au bout d’un moment, tout le monde se met à crier “assis, assis !”)
En économie, c’est la même chose. Ce qu’un individu, ou une entreprise, décide de faire, ne conduit pas à un résultat de même sens lorsque son comportement est imité par les autres individus ou entreprises. Pour prendre un exemple au hasard, en situation de crise, une entreprise aura intérêt à diminuer ses coûts de production, en diminuant ses salaires, et en réduisant son personnel (non renouvellement des intérimaires, des salariés en CDD, puis chômage partiel, et enfin licenciements). Il n’y a aucun doute sur le fait que ce comportement est le meilleur pour l’entreprise considérée. Elle agit au mieux de ses intérêts ; elle a ce que les économistes appellent un comportement “rationnel”. Mais que se passe-t-il si toutes les entreprises font de même ? Les salaires diminueront partout, et le chômage explosera. (Toute ressemblance avec la situation actuelle aux Etats-Unis est voulue).
Cela n’est pas un problème en soi pour l’entreprise. Mais il le devient si cette perte de revenus dans la population est telle qu’elle diminue le pouvoir d’achat des ménages au point que ceux-ci réduisent tous leurs achats, y compris ceux auprès de l’entreprise considérée. Dans une telle situation, même après la baisse des salaires et des effectifs, notre entreprise ne sera pas parvenue à rétablir ses profits. Certes, ses coûts de production auront bien baissé. Mais du fait de la baisse de pouvoir d’achat, ses ventes vont elles aussi diminuer. L’entreprise vendra moins, par exemple, de voitures et, pire encore, chaque voiture sera vendue
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