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Le clivage droite-gauche est-il pertinent pour analyser la vie politique de la France contemporaine ?

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Par   •  5 Octobre 2021  •  Dissertation  •  3 093 Mots (13 Pages)  •  853 Vues

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« Bien sûr, les deux familles de gauche et de droite ne sont pas intangibles et de toute éternité : elles se définissent au travers de leurs oppositions, elles se construisent dans le temps, elles connaissent des échanges et des mutations internes ». C’est à travers son ouvrage Le grand écart – Chronique d’une démocratie fragmentée paru en 2019 que Pascal Perrineau s’exprime sur la pertinence du débat portant sur le clivage droite-gauche aujourd’hui. A travers sa vision relationnelle, le politologue français traite ce clivage en le prenant comme le fruit d’une construction historique, politique et sociale variant au cours du temps. Dès lors, il nie toute forme d’universalité dans ce clivage qui ne relèverait selon lui que d’oppositions purement conjoncturelles.

C’est par l’opposition absolue des « feuillants » et des « jacobins » que la notion de « clivage droite-gauche » est née. Portant sur le véto royal, la séance de l’Assemblée nationale constituante du 28 août 1789 s’est vue diviser l’hémicycle en deux camps bien distincts. Depuis, ce clivage a imprégné l’échiquier politique français ; la gauche et la droite sont devenus les deux camps politiques principaux, de véritables pôles de puissance. Si ce clivage évolue au cours du temps, il semblerait qu’il soit quelque peu dépassé aujourd’hui. A la veille de l’élection présidentielle de 2007, lors d’un débat face à Stéphane Rozès, Pascal Perrineau insiste sur la perte de sens de ce débat en soulignant que le « clivage gauche/droite n’est plus pertinent pour comprendre les grands enjeux de la vie politique d’aujourd’hui ». En étudiant les élections européennes, il met en lumière la dispersion des français sur l’échiquier politique. Si les deux pôles dominaient autrefois le paysage politique, ils semblent aujourd’hui se dissiper face à la montée de nouvelles voies, porteuses de nouveaux idéaux, synonymes de nouveaux clivages. Cela s’avère d’autant plus vrai au vu des dernières élections présidentielles. Pour la première fois dans l’histoire politique française, aucun des deux finalistes ne se revendique des partis traditionnels de gauche et de droite. Si Marine Le Pen défie le clivage par la périphérie au travers de son parti d’extrême droite, Emmanuel Macron opère une percée par le centre en se présentant comme le porteur d’un « nouveau monde ». Si pour Perrineau la gauche et la droite ne reflètent plus véritablement le paysage politique, il affirme néanmoins lors de ce même débat que « pour les individus, il y a bien des valeurs de gauche et de droite ». Bien que les Français soient de plus en plus méfiants vis-à-vis des deux camps, comme le montre l’enquête menée par IPSO en 2007 où 61% d’entre eux se disaient ne faire confiance ni à la gauche ni à la droite, ils continuent pourtant à se positionner selon ce schéma traditionnel. Aujourd’hui, près de 94% des Français arrivent à se dire de gauche ou de droite. Outre leur facette électorale, les deux camps apparaissent comme les deux manifestations d’idéaux opposés. C’est ainsi que le « conservatisme » de droite s’oppose au « progressisme » de gauche, tout comme le libéralisme économique défendu par la droite s’oppose à l’interventionnisme étatique porté par la gauche.

Dès lors, il semble pertinent de se poser la question suivante : Est-il pertinent d’avoir recours au clivage droite-gauche pour dépeindre la vie politique contemporaine alors même qu’il ne reflète aujourd’hui qu’un affrontement d’idées ?

Si dans un premier temps nous verrons que ce clivage permet de dégager deux tendances politiques majeures (I), nous verrons ensuite qu’il est aujourd’hui dépassé et qu’il ne peut faire l’objet d’une analyse politique précise (II).

I. LE CLIVAGE GAUCHE-DROITE OU LA TRADUCTION DE DEUX TENDANCES POLITIQUES MAJEURES

En s’intéressant aux valeurs que les citoyens accordent aux deux camps, le clivage droite-gauche apparaît comme l’affrontement de deux schémas de pensée s’opposant sur des problématiques rythmant notre quotidien (A). Il trouve ainsi son utilité dans la classification qu’il fait permettant dès lors d’interpréter les choix électoraux (B).

A. Un départage possible deux blocs distincts

« Les cultures politiques ne s’effacent pas du jour au lendemain ». Comme le souligne Marc Lazar, le directeur du centre d’histoire de Sciences Po, la vie politique française reste toujours marquée par l’opposition entre la gauche et la droite et ce, malgré l’avènement de nouvelles idéologies et de nouveaux partis. Cela s’explique notamment par la profondeur de cette opposition qui règne depuis la Révolution française. Si Perrineau soulignait le caractère évolutif de ce clivage, on retrouve pourtant une cohérence au sein des diverses oppositions qui peuvent se découper en trois temps. La naissance du clivage correspond à celle du débat portant sur la question du régime politique. Si une opposition existait déjà à travers différents mouvements philosophiques comme l’humanisme, c’est en pleine révolution que le clivage pris forme. En effet, nombreux sont ceux qui remettent en cause la forme monarchique du régime politique présent en France depuis le règne de Clovis. La philosophie des Lumières portée par les « Bleus », fervents défenseurs de la République, s’oppose alors aux « Blancs », des contre-révolutionnaires hostiles à cette nouvelle forme de régime. Les camps commencent alors à se dessiner. Si la gauche apparaît comme celui des Républicains, la droite est incarnée par les monarchistes. Avec le temps et surtout « l’enracinement républicain », la tradition monarchique disparaît et laisse place à la « morale républicaine » qui devient alors la copropriété de la gauche et de la droite. S’il reste imprégné dans le débat philosophique, le courant légitimiste disparaît de la scène électorale, laissant place au « consensus républicain ». Le débat change alors de forme et trouve son essence sur le questionnement portant sur le rôle de l’État. Il divise alors les « Bleus » et les « Rouges » qui s’opposent sur l’intervention économique de l’État ainsi que sur le traitement des problématiques sociales. Or, ce débat prend une nouvelle forme au début des années 1960 avec les Trente Glorieuses. Cette période marquant une croissance économique fulgurante se traduit aussi par une libération des mœurs portée par la gauche. De nouveaux thèmes font surfaces comme le multiculturalisme ou encore la bioéthique, des sujets essentiellement socio-culturels. Se voient alors opposés les « conservateurs » de droite, fièrement attachés

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