Etude syntaxique et pragmatique des slogans des Gilets jaunes

Etude syntaxique et pragmatique des slogans des Gilets jaunes :

les manifestations du premier samedi

Introduction

On ne peut pas être neutre quant à l’actualité mondiale, surtout lorsqu’on trouve dans celle-ci un prolongement d’une révolution dont est les acteurs. En fait, « la révolution de jasmin » continue à animer surtout le monde arabe. On retient surtout le terme « Dégage ! ». Sensible à ce qui se passe en France, on étudiera dans ce travail les slogans de la première semaine du mouvement des « Gilets jaunes ». En effet, le slogan, sorte de message rédigé avec une haute précision, est un des outils les plus efficaces pour faire de la propagande, persuader les autres, alerter des situations dangereuses, informer des changements, fournir de nouvelles informations nécessaires dans les situations concrètes, et persuader les autres de suivre ou de changer un acte, une habitude quelconque. Nous allons alors adopter une démarche linguistique, ralliant la syntaxe à la pragmatique et nous nous intéresserons à analyser le choix de la structure grammaticale et le sens global, tout en privilégiant le second et en se basant sur la théorie des actes de langages. Nous nous inscrivons ainsi dans la lignée des travaux d’Austin (1962/1970) (1)et de Searle (1969/1972)(2) et les travaux de recherche sur les slogans sociopolitique et publicitaire (Reboul, 1975(3) ; Adam et Bonhomme, 1997/2012(4) et Berthelot-Guiet, 2015(5)). L’apport de cet article sera d’étudier les énoncés spécifiques en se référant pas seulement à l’oral, mais aussi à la trace écrite. Dans ce cadre, nous allons aborder la construction syntaxique des slogans des « Gilets jaunes » avant de justifier que le fait que « dire » et « agir » vont de pair. Mais commençons tout d’abord par contextualiser le mouvement.

I/ Présentation du corpus : du contexte aux slogans

En réponse à l’annonce de la taxe sur l’essence faite par Macron, les gens ont commencé à s’organiser sur Internet. Plusieurs pétitions contre la hausse du prix du gaz ont pris de l’ampleur, comme cette pétition en ligne qui a atteint plus d’un million de signatures. Puis, le 17 septembre 2018, une organisation de chauffeurs a dénoncé la «surtaxe de carburant», invitant ses membres à envoyer leurs reçus d'essence au président Macron, accompagnés de lettres expliquant leur désapprobation. Le 10 octobre 2018,

deux chauffeurs routiers ont créé un événement sur Facebook appelant à un blocus national contre la hausse des prix de l'essence le 17 novembre 2018. En conséquence, de plus en plus de groupes sont apparus sur Facebook et Twitter. À la veille de l'appel national, environ 2 000 groupes à travers le pays ont annoncé leur intention de bloquer les routes, les points de péage, les stations-service et les raffineries, ou du moins d'organiser des manifestations. Afin d'identifier les participants lors de cette journée d'action, les manifestants ont décidé de porter un gilet de sauvetage jaune et ont demandé aux sympathisants de manifester leur soutien au mouvement en affichant ce gilet dans leur voiture. Le symbolisme derrière ce gilet est assez simple. Le manuel du conducteur français stipule que chaque conducteur doit conserver un gilet de secours dans son véhicule en cas d’accident ou d’autres problèmes sur la route. Craignant de voir leurs conditions de vie se dégrader, les manifestants ont choisi ces gilets d’urgence, symbole de leur résistance face à la décision de Macron. Par extension, les manifestants et les médias ont appeleé ce mouvement les «Gilets jaunes».

Ces « Gilets jaunes » se sont organisiés autour de certains slogans. Nous nous référerons ainsi aux articles des journaux « Le Monde », « LeFigaro » et « 20minutes.com » pour y puiser le corpus sur lequel portera cet travail et qui se limitera à la première semaine, au déclenchement de l’affaire.

II/ Etude syntaxique des slogans des manifestants

Cette grille est un tableau présentant les slogons selon leurs constructions grammaticales. On distinguera ceux qui ont pour noyau un verbe des ceux qui reposent sur un nom ou un adjectif. On vérifiera aussi l’emploi du déterminant et de ponctuation.

Slogons Noyau verbal Noyau nominal Noyau adjectival Déterminant Ponctuation

(1)GiLETS jAUNES COLÈRE NOiRE - + - - -

(2)GAULOIS EN COLERE !! - + - - -

(3)POUR les riches des couilles en OR POUR les pauvres des nouilles ENCORE. - + - + +

(4)MACRON DÉMiSSiON - + - - -

(5)FÂCHEE MAIS PAS FACHO - - + - -

(6)TOUT TROP CHER - - + - -

(7)MARRE DES TAXES - - - - -

(8)ASSEZ DU RACKET FISCAL

l’écologie a bon dos + - - + -

(9)Ni DROiTE Ni GAUCHE Où VA ALLER L’ARGENT DE LA TAXE SUR L’ESSENCE ? + - - + +

(10)MANU, C'EST À PARTiR DE QUAND QUE ÇA RUiSSELLE ? + - - - +

(11)Petit monarque...MACRO ! DESSERRE L’ÉTAU ON ÉTOUFFE + - - - +

(12)MONSIEUR LE PRESIDENT RENDEZ L’ISF D’ABORD + - - + -

(13)C’EST LA GOUTTE NOIRE QUI FAIT DEBORDER LE RESERVOIR + - - + -

(14)MACRON TU NOUS POMPE + - - - -

Un premier constat s’impose : les Gilets jaunes ont utilisé autant de slogans à noyaux verbaux (6) que ceux qui ont des noyaux adjectivaux et nominaux ( 2+4). Une deuxième lecture de la grille donne à voir que les syntagmes nominaux ne présentent pas de déterminant sauf dans un seul cas :

(3)POUR les riches des couilles en OR POUR les pauvres des nouilles ENCORE.

Quant à la détermination, elle est plutôt respectée lorsqu’il s’agit des phrases, même si ce n’est pas le cas de tous ces exemples :

(8)ASSEZ DU RACKET FISCAL

l’écologie a bon dos

(9)Ni DROiTE Ni GAUCHE Où VA ALLER L’ARGENT DE LA TAXE SUR L’ESSENCE ?

(12)MONSIEUR LE PRESIDENT RENDEZ L’ISF D’ABORD

(13)C’EST

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