Gilets Jaunes : une crise démocratique ?

La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par le peuple ou du moins contrôlé par ce dernier. La démocratie repose sur certains fondements essentiels, comme l'existence d'une Constitution et d'une juridiction associée (notre Constitution du 4 octobre 1958 et le Conseil constitutionnel en France), la liberté des individus, l'indépendance de la justice ou encore la consultation régulière du peuple via des élections ou des référendums. La démocratie représentative, que les Gilets jaunes vont remettre en question, est la démocratie présente en France.

Le mouvement des Gilets jaunes est une crise sociale inédite impactant et paralysant l'entièreté de la France durant de longs mois. Ce mouvement apparait en octobre 2018 à la suite d'un appel à la mobilisation d'une femme sur les réseaux sociaux, Priscillia Ludosky, concernant l'augmentation de la taxe carbone planifiée par le gouvernement. Dès le 17 novembre 2018, de nombreuses actions sont engagées telles que les blocages de carrefours giratoires, d'axes routiers ou encore d'énormes manifestations au sein des métropoles françaises, et ceci chaque samedi.

Cette crise sociale résulte donc d'une crise économique, voire politique, puisqu'elle révèle un profond malaise des Français vis-à-vis du gouvernement, des institutions et de la classe politique. C'est toute la vie politique française qui est remise en question puisqu'un rejet partiel de la démocratie représentative est affirmé; ce qui est à la base de notre fonctionnement. C'est donc la rupture d'équilibre entre les citoyens français et le gouvernement qui déclenche cet évènement social et donc cette crise sociétale. La démocratie, si chère à notre pays, semble être discutée.

Censée être un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple, la souveraineté populaire est ici grandement remise en cause suite aux aveux des citoyens de cette non-représentativité des élus supposés les représenter.

Comment une simple dénonciation sur les réseaux sociaux peut-elle faire vaciller un gouvernement et mener à une crise d'une telle ampleur ?

Nous développerons tout d'abord la France silencieuse et obéissante se rebellant (I) puis le cataclysme social et politique (II) que cela a engendré.

I. La France silencieuse et obéissante en rébellion

Le mouvement des Gilets jaunes atteste du mal-être ambiant des Français vis-à-vis des réformes adoptées par le gouvernement, non seulement depuis les dix-huit mois sous la présidence d'Emmanuel Macron : « qui n'a pas créé ces fractures, mais qui en a subi l'héritage » Jérôme Fourquet. Mais que demandent-ils et comment vont-ils s'y prendre pour que le gouvernement y prête attention, c'est ce que nous allons développer dans les deux sous-parties suivantes.

A/ Les revendications des Gllets Jaunes

Si tout ce mouvement contestataire est lancé par un post sur les réseaux sociauX concernant la taxe sur les carburants, cette revendication ne sera pas la seule. Le 15 octobre 2018, Priscillia Ludosky a mis en ligne une pétition contre ces taxes votées par Grenelle; elle atteint 226 000 signatures en l'espace de dix jours. Le phénomène s'est ensuite s'emballé pour dépasser les 860 000 signatures à la veille de la journée d'action du 17 novembre.

Or ce mouvement n'a pas de « leader " ce qui crée une confusion, à qui se rattacher, avec qui communiquer ? Aucun syndicat ni même de figures politiques n'ont été à l'origine de ce mouvement, ce sont les citoyens eux-mêmes qui ont formé cette révolution visant à changer les principes fondamentaux français.

Ce mouvement social est totalement désorganisé, en effet il n'y a pas de profil type, même s'il semble davantage toucher les ruraux, les ouvriers, les chômeurs ou encore les retraités selon l'ObSoCo, 49 % des Français se qualifient de Gilets jaunes ou disent avoir pris part au mouvement. Et 11 %, sans être Gilets jaunes, se déclarent malgré tout en phase avec le mouvement. On en déduit donc qu'avec statistiquement 60 % de la population française, ce mouvement n'attire pas uniquement les classes ouvrières sans moyens. Les Gilets jaunes ont pour prétention d'être le peuple ». Ce rassemblement populaire spontané est initialement par le peuple et pour le peuple.

Les Gilets jaunes vont en effet rassembler une quarantaine de doléances qui animeront le débat poli tique durant de longs mois. Le problème de pouvoir d'achat est la clé de voûte de cette crise sociale; les citoyens se sentent lésés par les réformes économiques prises et par le poids des impôts. Tous sont représentés : les retraités (le système de retraite doit selon eux, rester solidaire et donc socialiste), les petits commerçants (cesser la construction de grosses zones commerciales pour favoriser les commerces de villages et centres-villes), mais aussi les sans domicile fixe. Il est demandé au gouvernement d'instaurer un SMIC (salaire minimum de croissance) à 1300 euros net, mais aussi de fixer le salaire maximum à 15 000 euros. On ressent donc dans leurs demandes un sentiment d'iniquité au sein de la population française. Les Gilets jaunes cherchent à rétablir une unité nationale qu'elle soit fiscal comme social. Ces demandes vont mener à des débats agités et à de nombreuses rencontres entre Gilets jaunes pour réussir à se faire entendre par le gouvernement.

B/ Les actes des Gilets jaunes

Ce mouvement solidaire va rassembler dès la première semaine 287 000 manifestants. Seront comptabilisés chaque samedi les contestataires durant trente-trois semaines sous forme «d'Actes L'idée de départ a été que, munis de leurs gilets jaunes, ces citoyens se rendent sur les carrefours giratoires pour signaler leur présence et leur mécontentement. Ce qui a vite viré à une situation dramatique puisqu'ils paralysaient totalement les axes routiers, entre travailleurs et manifestants une tension surgit.

Ces regroupements avaient lieu au sein des grandes villes, mais aussi, et surtout en province, ce mouvement a donc touché l'ensemble français.

Voyant que cela n'était pas suffisant, des manifestations ont été organisées dans les plus grandes villes françaises où des rassemblements intenses et tumultueux vont surgir. En effet, les personnes

...