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Commentaire du discours De V. Giscard D'Estaing De Verdun Sur Le Doubs

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Par   •  22 Novembre 2015  •  Commentaire de texte  •  2 874 Mots (12 Pages)  •  2 734 Vues

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Discours de Giscard à Verdun-sur-le-Doubs, 1978

Introduction.

        Cela fait bientôt quatre ans que Valéry Giscard d’Estaing a été élu président de la république lorsqu’il prononce son discours, le 27 janvier 1978 à Verdun-sur-le-Doubs. Son arrivée au pouvoir, en 1974, bien qu’elle assure la continuité de la droite à la tête de l’Etat, apparait comme une véritable cassure au niveau des pratiques de la Vème République. En effet, Valéry Giscard d’Estaing a succédé à deux présidents gaullistes : Charles de Gaulle et Georges Pompidou. En cette année 1974, c’est la première fois depuis 1958 qu’un président n’est pas de tendance gaulliste, mais vient des Républicains Indépendants, parti de centre-droit.

        Ce discours, dit discours du « bon choix », prend pour thème principal les élections législatives qui se tiendront la même année, quelques moi plus tard, en mars 1978. Ces élections s’inscrivent dans un contexte politique extrêmement compliqué pour la droite, puisque la gauche - notamment le parti socialiste - multiplie les victoires depuis 1974. Cette situation pousse la droite à mener une campagne particulièrement active. C’est dans ce contexte que Valéry Giscard d’Estaing décide de s’adresser aux français pour les mettre en garde, notamment contre le risque que représente la cohabitation, cette situation ou la majorité politique à l’assemblée s’oppose la tendance politique du président. Le résultat des élections apparait, selon lui, comme un enjeu crucial pour l’avenir politique de la France, puisqu’elle l’entrainerait dans une situation encore

        Valéry Giscard d’Estaing ne fait pas un discours sur la constitution en elle-même, comme Charles de Gaulle à Bayeux, mais implicitement, il expose sa propre vision, sa propre lecture de la constitution. Au travers de son discours, il cherche à éclairer les français sur la situation de la France, d’une part, mais il veut aussi leur donner une idée de la manière dont il compte agir en tant que président, tout en restant dans les limites mises en place par la constitution. Ainsi, il conviendra de se demander dans quelle mesure ce discours met en place, à la fois, une nouvelle lecture et une nouvelle pratique de la fonction présidentielle ?

        Nous nous intéresserons, dans un premier temps à la lecture nouvelle que Valéry Giscard d’Estaing entend donner de la fonction présidentielle, avant d’observer la manière avec laquelle le président de la République entend répondre à un risque nouveau de cohabitation sous la Vème République.

  1. La lecture giscardienne du rôle présidentiel : le « changement dans la continuité »

        Depuis son élection, Valéry Giscard d’Estaing pratique la politique du « changement dans la continuité ». En effet, bien qu’étant le premier président non-gaulliste, il rejoint la conception du président de ses prédécesseurs. Cependant, il différencie sa figure personnelle de son rôle de président.

A) Le respect de la tradition gaullienne

        Bien que non-gaulliste, Valéry Giscard d’Estaing ne s’oppose pas aux institutions de 1958.  Il s’inscrit ainsi dans la vision gaullienne de la pratique présidentielle ; Valéry Giscard d’Estaing exclu l’idée d’un président muet comme l’était celui de la IIIème et IVème république : « CERTAINS ONT VOULU DENIER AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE LE DROIT DE S'EXPRIMER. CURIEUSE REPUBLIQUE QUE CELLE QUI SERAIT PRESIDEE PAR UN MUET ».

        Il insiste par la suite sur l’inutilité, et même la lâcheté qu’un tel président dégage, s’attaquant directement aux 2 précédentes républiques : « QUE PENSERAIENT ET QUE DIRAIENT LES FRANÇAIS SI DANS CETTE CIRCONSTANCE, LEUR PRESIDENT SE TAISAIT ? ILS PENSERAIENT QU'IL MANQUE DE COURAGE EN N'ASSUMANT PAS TOUTES SES RESPONSABILITES. ET ILS AURAIENT RAISON. »

        Par cette critique, il tient aussi à mettre en avant les qualités de cette Vème  république, mais il revendique surtout son droit à s’exprimer en tant que président de la république, sans doute afin d’apporter  du poids aux arguments de son discours.

        En outre, d’autres faits ont montré une certaine fidélité à la pensée gaullienne, comme sa volonté de ne pas dissoudre l’assemblée nationale (pourtant majoritairement gaulliste) lors de son élection en 1974, prônant ainsi son attachement pour les institutions.

        Valéry Giscard d’Estaing, toujours dans cette logique, se veut garant d’une nation pérenne, et pour cela, il ne doit pas être reconnu comme membre d’un parti. Effectivement, étant élu au suffrage universel (article 6 de la constitution), Il se juge élu par l’ensemble des français votant et donc représentant de tous les français. Ainsi, il ne peut être considéré comme membre d’un parti et est donc au dessus de ces derniers. Dans ce discours, il insiste à plusieurs reprises sur ce détachement : «   IL EST A LA FOIS ARBITRE ET RESPONSABLE. SA CIRCONSCRIPTION, C'EST LA FRANCE. SON ROLE, C'EST LA DEFENSE DES INTERETS SUPERIEURS DE LA NATION. […]LE PRESIDENT N'APPARTIENT PAS AU JEU DES PARTIS. […] COMME ARBITRE, JE M'EXPRIMERAI AVEC MODERATION, HORS DES POLEMIQUES ET DES QUERELLES DE PERSONNES ».

        Il fait d’ailleurs référence à l’article 5 de la constitution qui stipule : « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat. ».

        En exprimant un tel détachement du président, Valéry Giscard d’Estaing fait aussi écho à l’article 4 de la constitution qui explique le caractère principalement électoral des partis : « Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage ».

        Il faut noter que le président insiste sur le fait qu’il s’adresse à tous les français : « JE M'ADRESSE A CELLES ET A CEUX QUI CHERCHENT, A CELLES ET A CEUX QUI NE SAVENT PAS ENCORE, A CEUX QUI ECOUTENT, A CEUX QUI SE TAISENT, A CEUX QUI VOTERONT POUR LA PREMIERE FOIS, A TOUTES CELLES ET A TOUS CEUX QUI VOUDRAIENT ETRE SURS DE BIEN CHOISIR. JE M'ADRESSE A VOUS », il rejoint ici l’idée de l’article 6.

        A travers différentes allusions à des articles de la constitution, Valéry Giscard d’Estaing prononce un discours respectant la tradition gaullienne (l’ancien président avait par exemple dit le 19 Novembre 1965 ( à l’occasion du début de sa campagne) :  « Le Président de la République ne saurait être en effet confondu avec aucune fraction. Il doit appartenir à la Nation toute entière. Exprimer et servir le seul intérêt général. »). Cependant son avis diverge de celui de De Gaulle quant à la responsabilité personnelle du chef de l’Etat.

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