Analyse comparative des œuvres de Nicolas Machiavel et Platon
Commentaire de texte : Analyse comparative des œuvres de Nicolas Machiavel et Platon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cjcjcj • 14 Avril 2022 • Commentaire de texte • 3 975 Mots (16 Pages) • 449 Vues
Rendu final de sciences politiques
Analyse comparative des œuvres de Nicolas Machiavel et Platon
Au tournant du Moyen-Âge et des Temps modernes, on assiste à une véritable opposition entre les partisans d’une sacralisation de l’Etat et les partisans d’une désacralisation de celui-ci.
Platon, philosophe grec né en 427 avant Jésus-Christ, tend à une sacralisation de l’Etat. Il est issu d’une famille noble d’Athènes. Ce dernier a fortement été affecté par les guerres du Péloponnèse, marquant ses œuvres et sa pensée. Dans son œuvre Lettre VII, il fait part des expériences douloureuses de ces guerres et des régimes politiques qui ont suivis (le gouvernement des Trente Tyrans et la démocratie athénienne). Son œuvre, La République, dresse le portrait de la cité idéale. Dans cette œuvre il s’intéresse aux conditions de la chute de la cité et sur la possibilité́ d’en restaurer une idéale.
Nicolas Machiavel, philosophe du Vème siècle né à Florence, soutient la décléricalisation de l’Etat. Il est issu d’une famille humaniste. Étudiant en droit, il a très vite exercé d’importantes fonctions politiques au service de la république de Florence qui a subi de nombreux bouleversements. En effet, l’Italie (composé de plusieurs États divisés) fut la proie de nombreuses invasions étrangères qui rendait donc le pays instable. Le philosophe souhaitait unifier l’Italie dans le but de retrouver la paix civile et la force du pays. Il est à l’origine du concept qu’est le « machiavélisme » ; prônant une pratique politique s’affranchissant de toute règle autre que celle de la volonté de parvenir à ses fins.
Ce principe sera le fond de la pensée absolutiste. L’idée que doit exister, au-dessus des individus composant la société, un Etat autonome, non assujetti aux règles morales, idée qui sera plus tard théorisée par d’autres penseurs tels que Hobbes ou Hegel, et que résume la formule nietzschéenne de l’Etat « monstre froid » (idée nouvelle qu’on ne trouve pas dans l’Antiquité).1
Dans l’Antiquité, en revanche, existaient des puissances sacrées (on retrouve cela chez Platon), également transcendantes aux hommes par leur force et, sur le plan moral, fondamentalement ambivalentes ; c’est à elles qu’on attribuait la responsabilité du mal social résiduel2.
Deux visions semblent alors s’opposer. Chez Platon, le but de l’Etat est de faire régner la Vertu, c’est- à-dire instaurer une société juste, qui repose sur quatre vertus cardinales (rapport du sacré avec l’Etat). Tandis que pour Machiavel, le Prince peut être amoral en vue de faire prévaloir le bien commun. Le chef d’Etat peut et doit utiliser des moyens amoraux pour parvenir à ses fins ; il s’agit d’un rapport non biblique de la vision de l’Etat.
Ainsi, la question qui semble être légitime de poser est celle de savoir si l’on peut ou non être amoral pour le bien commun ?
Pour répondre à cette problématique, il faudra, d’une part, affronter deux visions contradictoires de la politique pour ensuite analyser la manière dont ces deux visions pourraient s’allier pour une politique d’intérêt général. Enfin, il sera nécessaire de souligner les limites de ces deux visions prises séparément.
1 Philippe Nemo, Histoire des idées politiques dans l’Antiquité et au Moyen-Âge, Paris, Puf, coll. « Quadrige Manuels », 1998, p. 995-1093
2 Ibid., p.995. Nemo souligne.
I. Deux visions contradictoires de la politique
A. La recherche de la morale chez Platon
Dans son œuvre La République, Platon expose deux vertus, la théoria et la phronésis (théorique et pratique de la prudence). Ces deux vertus tendent à lier la philosophie au politique.
Il y aurait une sorte de reflet entre le citoyen et la cité. Selon lui, la cité idéale devrait donc être gouvernée par des hommes politiques aptes à aspirer l’idéal du bien. Il propose également une classification des âmes (âmes d’or, âmes d’argent, âmes d’airain, âmes de fer). Les hommes ne se sont pas tous aptes à gouverner, seuls ceux disposant « d’âmes d’or » sont aptes à gouverner.
Ces hommes sont éduqués, ils pratiqueraient la philosophie, la musique et la rhétorique. Platon considère que les âmes de fer et de bronze sont par nature moins vertueuses que les âmes d’or. Ainsi, si les âmes d’or se reproduisent avec les âmes inférieures, la société tend naturellement vers la corruption. Il n’existe plus de pureté d’âme, personne ne peut donc gouverner de manière juste.
En plus d’avoir donné les caractéristiques d’un « bon gouverneur », la cité idéale doit être gouvernée par un gouvernement exemplaire. Ce gouvernement doit être exemplaire sous deux aspects principaux :
Le premier aspect est l’exemplarité économique (communisme des biens). Les gouvernants doivent posséder tout en commun. Ainsi, « ils camperont et vivront en commun, aucun d'eux ne possédant en propre ni argent, ni terre, ni habitation. ». 3
Le second aspect est celui de l’exemplarité du couple. Ainsi, « Les femmes de nos guerriers seront communes toutes à tous : aucune d'elles n'habitera en particulier avec aucun d’eux ; de même les enfants seront communs, et les parents ne connaitront pas leurs enfants ni ceux-ci leurs parents. » 4. De ce fait, « seront éliminées, les querelles dont la définition du « mien » ou du « tien », l’argent et les autres biens sont régulièrement l’occasion. Il ne pourra y avoir, entre gardiens, ni emprunts, ni dettes, ni procès : en leur sein régnera l’harmonie. » 5
En outre, selon Platon, le gouvernement parfait réside dans le régime aristocratique. L’homme aristocratique, le « philosophe-roi » possède tous les attributs d’un bon gouvernant. Il dispose de valeurs tels qu’une appétence des hiérarchies ainsi qu’une certaine habilité pour la guerre.
De plus, Il détient les quatre vertus cardinales que sont la sagacité (savoir agir de façon appropriée), le courage (savoir faire preuve de résistance), la tempérance (savoir être modéré dans ses plaisirs) et la justice (être équitable, impartial). L’homme vertueux est donc celui qui agit toujours de façon courageuse, juste, etc. On devrait pouvoir se façonner pour acquérir ces dispositions de façon durable. De plus, un « bon Etat » est composé d’une classification de citoyens : les « gardiens » (gouvernants), des « auxiliaires » (guerriers) et des « producteurs
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