La Représentation Politique (Éléments Pour Une Théorie Du Champ Politique), Pierre Bourdieu

Pierre Bourdieu est un sociologue français, mort en 2002. Il s'est particulièrement intéressé aux mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales. Ainsi, au cours de sa carrière il développe de nombreux concepts qui marqueront la sociologie française, tels que «le champ », « l'habitus » ou encore « la violence symbolique ». On peut compter parmi ses œuvres majeures des ouvrages tels que « Les héritiers », « la distinction » ou encore « le sens pratique ». Il fonde également en 1975 la revue scientifique « Actes de la recherche en sciences sociales » qu'il dirigera jusqu'à son décès. L'article présenté ici est donc un article scientifique tiré du volume 36/37 de février/Mars 1981 tiré de cette même revue, et écrit par Bourdieu, soit dans un contexte d'élection présidentielle

L'article de Pierre Bourdieu nous permet de comprendre le fonctionnement du champ politique, ou plus précisément, du marché politique. Ce marché est un espace de concurrence, c'est cette concurrence même qui va structurer le marché (La gauche existe parce que la Droite existe et inversement). On parle de production de biens politiques, c'est l'offre politique. Ceux ci sont construits et diffusés dans le cadre de cette concurrence. Le champ politique est en partie autonome et obéit à des règles. Par exemple n'importe qui ne peut pas y rentrer. Une compétence spécifique est requise, un capital politique, et une certaine compétence sociale, c'est à dire posséder un capital économique, avoir fréquenté les grandes écoles comme l'ENA ou Science Po etc. Il y a un refus de droit d'entrée pour ces profanes. L'exemple de la candidature de Coluche aux élections présidentielles est d'ailleurs donné dans le texte. Il n'est pas pris au sérieux, il est vu comme une menace pour le jeu politique, alors que dans l'ensemble, les profanes avaient plutôt accepté cette candidature.

Ce marché est sans doute un des moins libre qu'il soit. Il est donc constitué d'agents actifs et d'agents passifs, de professionnels et de profanes. « Les contraintes du marché pèsent d'abord sur les membres des classes dominées qui n'ont d'autre choix que la démission ou la remise de soi au parti ». Au final les professionnels ont le monopole de la production des biens tandis que les « consommateurs » sont condamnés à la remise de soi. Plus un consommateurs est démuni de capital économique, culturel, social etc, plus il sera dépendant de ces professionnels. Il est dépossédé de son pouvoir politique. Ce pouvoir politique est concentré dans les mains de quelques représentants qui ont le monopole de la parole (ils parlent au nom des profanes). Au travers de cette représentation, le risque est que les représentants fassent passer leur intérêt propre pour l’intérêt général. Le détenteur du pouvoir se voit accorder un crédit, un pouvoir symbolique par celui qui subit l'exercice de son pouvoir. Il tient sa force, sa légitimité grâce à la croyance, grâce à la confiance d'un groupe, de ce groupe qu'il est censé représenter.

L'augmentation des abstentions, des votes blancs ou nuls, la dégradation de l'image de la classe politique, la défiance, la méfiance des représentés envers leurs représentants

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