Construire la paix: du système d'équilibre des puissances à la sécurité collective

Dissertation: Construire la paix du système d'équilibre des puissances à la sécurité collective.

    L'année 2020 marque, avec les accords d’Abraham, un tournant dans l'établissement d’une paix et l'amélioration des relations internationales entre Israël et le reste du monde. Ainsi, après des décennies de conflit, la concorde et la diplomatie semblent prendre le relais. Néanmoins, que ce soit au XXI ème siècle ou bien au XVIIeme la construction de la paix a toujours été au cœur des relations internationales. Cette construction intervient en trois étapes: en premier lieu il s’agit de mettre fin à une situation conflictuelle (souvent la guerre) à travers un cessez-le-feu par exemple. En second lieu, il est question d'établir la paix à proprement parler, que ce soit en négociant les termes ou en imposant cette paix. Enfin, il est nécessaire de s’assurer du respect de cette paix. Ce sont ces deux derniers éléments qui ont évolué au fil des siècles. En effet la construction de la paix s’est d’abord faite par le système d'équilibre des puissances, instauré par les traités de Westphalie et qui veut que les interactions entre les Etats cantonnent les tendances à l'hégémonie afin d’assurer une stabilité. Puis l'établissement de la paix qui se veut désormais perpétuelle a évolué vers le système de sécurité collective impliquant une solidarité entre les Etats qui garantiraient mutuellement leur indépendance. Mais quelles sont donc les véritables modalités de la construction d’une paix durable du XVII siecle a nos jours ? Nous analyserons d’abord la paix par les traités en nous appuyant sur l’ordre Westphalien de 1948 à 1914, puis nous étudierons la paix par la sécurité collective en nous focalisant sur la SDN et l’ONU.

          Au XVII, ce sont les traités, des accords mettant fin à une guerre et définissant les contreparties réciproques pour les belligérants, qui se sont imposés pour construire la paix.
    La genèse de cette construction remonte à la Guerre de 30 ans, qui oppose les princes allemands protestants aux catholiques du Saint empire romain germanique. Ce conflit multidimensionnel entremêlant des causes religieuses, politiques et constitutionnelles s’est répandu à l'échelle européenne et a plongé cette dernière dans une conflagration continue et mortifère. C’est une véritable “tragédie européenne”. De ce fait, à cause de la durée du conflit et l'épuisement financier des belligérants, la nécessité de mettre en place une paix durable s’installe. C'est alors que vont débuter les pourparlers réunissant pour la première fois les représentants des tous les belligérants autour d'une table et qui amèneront à la signature des traités de Westphalie de 1948 ce qui met un terme à la Guerre de 30 ans.
En effet dans un premier temps ces traités rétablissent la paix religieuse en Europe (en se basant sur la paix d’augsbourg qui accorde une liberté religieuse aux princes) qui a été pendant longtemps compromise du fait des dissensions entre protestants et catholiques. Dans un second temps, un nouvel équilibre politique va être mis en place entre l’Empire et les États allemands qui vont devenir autonomes. Ainsi les traités de Westphalie instaurent un nouvel équilibre en Europe essentiel à l'établissement d’une paix pérenne. D’un côté ils mettent un terme à l'hégémonie Habsbourg et éloignent la menace d’une unité allemande, d’un autre côté de nouvelles puissances telle que la France et le Suède peuvent asseoir leur rôle en Europe. 

     L’instauration de ce nouvel équilibre est permis grâce à la diplomatie qui fait alors son apparition. En effet de par le ballet diplomatique et la participation de plénipotentiaires une construction diplomatique alors nouvelle pour son époque, émerge. C’est l'avènement d’un nouvel ordre dans lequel l’Etat-nation et la diplomatie vont former le socle du droit international, destiné à établir une paix. Les traités de Westphalie mènent donc à la constitution de préceptes clefs à l'entretien de relations internationales et à l'établissement d’une paix voulue durable. En premier lieu le système international tel qu’il est défini en 1648 repose sur le principe de souveraineté, qui veut la reconnaissance mutuelle entre les nations ainsi que que la reconnaissance de l’Etat qu’il soit partenaire ou adversaire. Ainsi aucun Etat ne doit jouer de sa supériorité sur un autre Etat, puisque chacun est supposé être maître dans ses propres frontières. Le second principe est celui de la non ingérence qui sous-jace le fait que l'autorité de chaque Etat sur son territoire soit exclusive, ce qui interdit aux autres États de s’immiscer dans les affaires intérieures, cette souveraineté et de la sorte inviolable. Elle est illustrée par la maxime “cujus regio ejus religio” qui signifie que chaque principe impose la confession qu’il veut au sein de son territoire. Enfin c’est avec la paix de Westphalie que naît le principe de l'équilibre des puissances qui est un système de politique internationale qui repose sur la stabilité des frontières. Ce système considère que les Etats doivent interagir entre eux pour eviter l'hégémonie, qui pourrait s'avérer être une menace pour les deux premiers principes, et assurer ainsi la stabilité et la paix. De la sorte, ces principes et ces traités de Westphalie ont permis l'émergence du droit international ainsi que du multilatéralisme avec la tenue de conférences internationales régulières et l’instauration d’une véritable diplomatie qui va œuvrer pour régler les conflits. Cela va mener à la naissance d’une logique westphalienne reposant en partie sur les écrits de Grotius qui estime que ces négociations marquent un tournant dans le droit de la guerre et que ne seraient légitimes dès lors que les guerres défensives ou coercitives. Ainsi cet ordre westphalien constitue un rempart pérenne à la guerre et une référence juridique pour la résolution de conflits à venir. La paix n’est plus perçue comme un intervalle entre deux guerres mais bien comme une finalité. 

     Néanmoins cet ordre westphalien ne va pas s’imposer indéfiniment, étant donné que l’introduction d’un nouveau type de conflit: les guerres totales d'anéantissement; beaucoup plus violentes et menées par la montée aux extrêmes; va mettre fin à la vision westphalienne de la paix. Les prémices de l’effondrement de l’ordre Westphalien apparaissent donc avec la Révolution française et les guerres napoléoniennes qui instaurent l'hégémonie de la France en Europe ce qui est aux antipodes de ce que souhaiterait la logique westphalienne, et menace l'égalité des Etats et l'équilibre des puissances. Toujours est-il que l’ordre westphalien sera remis à l'honneur lors du congrès de Vienne de 1814 durant lequel les puissances européennes seront réunies et vont négocier afin de mettre un terme à de longues années de déséquilibre sanglant en Europe en définissant des frontières qui délimitent le périmètre de l'autorité de chaque Etat. A l’issue de ces traités la France vaincue ne sera donc pas démembrée et retrouvera ses frontières d’avant guerre afin de restaurer l'équilibre qui avait régné depuis 1648 ce qui est conforme à la vision westphalienne. Cependant les deux conflits mondiaux du XX siècle vont eux, signer définitivement, la fin de l’ordre westphalien. A l’issue de ces derniers la paix ne sera plus le fruit de traités visant à instaurer un équilibre mais bien la conséquence d’une victoire absolue par anéantissement. Le traité de Versailles illustre parfaitement l’effondrement de l’ancienne perception de la paix. D’un côté ce traité va accabler juridiquement moralement et financièrement l’Allemagne, d’un autre il va faire émerger la SDN qui va apporter avec elle une nouvelle vision de l'établissement de la paix

...