Le sacre fait-il le roi?

François de Geuser                                                                        09.02.16

L1 – Droit Général

Histoire des Institutions politiques :

Dissertation : « Le sacre fait-il le roi ? »

        « De ce sacre sont tous les rois de France oint et sacré, et non une autre lignée ». Le sacre est un sacramentel, un rituel religieux, trouvant son origine chez les barbares, manipulé par les hommes d’Eglise et ayant une portée politique. Il consolide ainsi la légitimité comme nouveau roi des Francs et ce dernier obtient le pouvoir sur tout le royaume.

En effet, la dynastie mérovingienne ne bénéficiait que de l’aide de puissants seigneurs mais ne pouvait exprimer pleinement sa souveraineté. Hors, à partir du sacre de Pépin le Bref, le sacre possède une place importante et octroie au roi le pouvoir sur la totalité du territoire.

Ainsi, le sacre devient un marqueur essentiel pendant la dynastie carolingienne et reste présent dans la monarchie pendant plusieurs siècles. Mais gardera-t-il une place importante tout au long de la monarchie en France ?

D’apparence religieuse et qualificative, le sacre fait le roi (I) ; pourtant au fil des siècles, le sacre devient un marqueur secondaire et perd de son efficacité. (II)

1. Le sacre, un marqueur essentiel de la légitimité du roi

Le sacre est important autour de l’an mil car il a empêché la disparition de la monarchie (A), et confère au roi une place significative et un pouvoir important. (B)

1. Le sauveur de la monarchie française

Les rois de France sont sacrés depuis Pépin le Bref (751). Si, au moment où le sacre est introduit en France, il a une portée conjoncturelle, très rapidement, il va devenir un marqueur essentiel de la monarchie française, car on va rattacher à ce rituel du sacre une signification politique fondamentale qui est celle de la légitimité d’un roi « très chrétien ».

Le sacre confère au roi un certain nombre d’obligations, il l’oblige, il créer du contenu politique.

Très vite, les capétiens s’emparent du sacre, Hugues Capet en 987 devient roi des Francs. Il fait ensuite sacrer son fils Robert le Pieux et ainsi la dynastie est maintenue. Entre 987 et 1316, la question de la succession dans le royaume de France ne se pose pas, grâce au sacre.

Le sacre a également une portée distinctive : le roi a été sacré, mais aucun autre seigneur ; et ce rituel a ainsi vraisemblablement empêché la disparition de la monarchie française au moment où elle était la plus vulnérable, c’est-à-dire autour de l’an 1000.

1. Le ministère royal, la force et légitimité du roi

Le sacre crée une fonction particulière pour le roi. Abbon de Fleury (abbé) reprend les théories des carolingiens. L’idée, c’est une fonction particulière exercée par le roi auquel le sacre le qualifie, ce n’est pas un simple rapport de force. La sacralité du pouvoir, c’est ce qui permet au roi de régir non pas seulement son domaine, mais TOUT le royaume, c’est-à-dire l’ensemble des principautés qui composent ce même royaume.

Les autres pouvoirs (des ducs, des seigneurs, etc.) ne bénéficient pas du soutien des textes sacrés. L’hérédité, c’est la grâce divine, et elle n’appartient qu’au roi. Ainsi, les grands aristocrates lui doivent la plus absolue fidélité.

Deux éléments de modernité dans cette conception : Le roi est le garant du destin du royaume: il a une tâche qui dépasse les divisions politiques. Seul le roi est capable de donner sens au corps politique (= l’ensemble des sujets du royaume). Seul le roi est capable de l’incarner. De plus la prise de conscience que la structuration de l’Etat doit se faire autour du pouvoir du roi.

Ainsi le roi remplie plusieurs rôles importants : Tout d’abord, il est gardien, c’est-à-dire qu’il doit assurer la protection de la France contre tous ses ennemis en veillant en particulier au maintien de l’intégrité territoriale. Puis, il est un protecteur, cela signifie qu’il protège les inermes et tout particulièrement l’Eglise, contre les grands féodaux qui tentent de la piller. Enfin, le roi est un juge, ce qui consiste à pouvoir rendre la justice.

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