Jean BODIN Les six livres de la République (1576), Livre I, chapitre VIII, Lyon, 1579
Commentaire de texte : Jean BODIN Les six livres de la République (1576), Livre I, chapitre VIII, Lyon, 1579. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Baptiste Dufaure • 3 Octobre 2017 • Commentaire de texte • 2 013 Mots (9 Pages) • 3 505 Vues
BODIN, Les six livres de la République : 1576
Jean BODIN (1530-1596) est un juriste qui devient procureur du roi. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la science politique. Il étudie les sociétés en s’appuyant sur des données historiques et géographiques à partir desquelles il se livre à des analyses comparatives. Ses travaux annoncent ceux de Montesquieu dans De l’esprit des lois, en particulier sa théorie des climats, initiée par Aristote dans laquelle il distingue 3 tempéraments : le nord violent et actif, le sud lent et contemplatif, le climat tempéré favorable à l’épanouissement de l’humanité dans des sociétés de droit et de justice.
La nation française est dotée d’une spécificité qui lui vient du jeu d’une triple influence. La France est d’abord chrétienne, la religion est une valeur fédératrice ; la France est aussi germanique par la structure féodale qui organise la société ; mais la France est de plus en plus romaine par le droit qui régit progressivement l’action politique à partir du milieu du XV : le concordat de Bologne en 1516 donne l’autorité politique au roi et non au pape, l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 réorganise la justice et impose l’usage du français pour les décisions de justice. Le clergé voit son pouvoir réduit, de meme que la noblesse, contrôlée de plus en plus par le pouvoir royal. Une nouvelle élite apparaît, celle de la bourgeoisie éclairée qui se met au service du roi, tel Jean BODIN.
Une théorie de la souveraine :
La seule souveraineté naturelle est celle du chef de famille sur ses enfants. L’évolution historique a conduit des chefs de famille à abandonner leur autorité individuelle pour la déléguer à une autorité supérieure dont la souveraineté, inaliénable, doit s’exercer avec justice pour permettre à tous les hommes de se réaliser dans leur dignité d’homme régi par la raison. On fait souvent de Bodin le théoricien de la monarchie absolue ; son œuvre serait plutôt une apologie de la gestion politique de François 1er proposée comme une référence notamment au futur Henri IV. Selon BODIN, l’Etat n’est pas la propriété du monarque, le roi défend le bien commun, les droits de tous ses sujets, les libertés individuelle et collectives, il est tenu de respecter les lois et les traités conclus.
Le mot « république » pour BODIN dit être compris dans son sens étymologique neutre, la gestion de la chose publique. BODIN est un monarchiste, mais sa monarchie n’est pas absolue et elle est encore moins arbitraire, c’est une monarchie de droit qui soumet le roi à des impératifs inviolables. La souveraineté dans une monarchie présente pour lui un double avante : d’une part elle réalise le principe d’unité, d’autre part elle assure la continuité par la transmission héréditaire du pouvoir : le roi débarassé de tout souci de conversation ou de transmission du pouvoir peut se consacrer totalement à ses fonctions et s’entourer des conseillers les plus compétents.
La pensée politique au XVI est très riche. Outre MACHIAVEL, la boétie et BODIN, RABELAS, et MMONtaigne développent eux aussi des idées politiques. Utopie de Tomas MORE constitue également une œuvre clé de la philosophie politique, il n’y a guère d’unité profondes dans ces différentes oeuvreœuvres n’est la volonté humaniste de défendre des valeurs politiques rationnelles. Cet éclatement témoigne du foisonnement intellectuel qui caractérise la Renaissance.
La pensée politique de BODIN et d’ALTHUSIUS
Dans l’étude des idées politiques à la fin du XVI, deux autres auteurs se détachent : Jean BODIN (1529-1596) et Johannes ALTHUSIUS (1563-1638). L’influence de leurs travaux justifie d’y apporter un examen particulier.
Philosophe, historien et juriste, Jean BODIN est traditionnellement considéré comme le plus grand penseur politique français de la Renaissance. Ses œuvres, notamment méthode pour étudier l’histoire (1566) et les Six livres de la République (1576), renouvellement en profondeur la pensée politique de l’époque.
BODIN pose comme fondement de sa pensée politique la souveraineté définie comme le pouvoir absolu de faire la loi « sans le consentement des sujets ». indivisible et absolue, elle est la condition de l’unité de l’Etat et se place au dessus du souverain. C’est d’elle qu’amane la loi, sous la réserve que « la puissance absolue des princes et des seigneuries souveraines ne s’étend aucunement aux lois de Dieu et de nature ».
Au sein de la monarchie, BODIN distingue plusieurs formes de gouvernement : la monarchie tyrannique, qui ne respecte par les « lois de nature », la monarchie seigneuriale où le roi est « seigneur des biens et des personnes », la monarchie royale, ou légitime qui seule pour BODIN constitue une véritable République « celle où les sujets obéissent aux lois du Monarque et le Monarque aux lois de nature ». Doctrinaire de l’absolutisme, BODIN oppose l’absolutisme légitime au despotisme arbitraire, il entend se distinguer à la fois de la pensée de Machiavel et des écrits de monarchomaques.
S’opposant à la conception de droit divin, BODIN s’il ne bannit pas Dieu de la République, écarte toute référence à la chrétienté : al’autorité politique se fonde en un ordre rationnel, le cadre de la réflexion politique est celui d’un Etat souverain, la République est sécularisée et nationalisée.
L’idée développée sous la plume de BODIN résulte d’une démarche scientifique, d’un relativisme historique : les conditions historiques et géographiques, d’une part, le milieu naturel d’autre part, marquent et transforment les hommes et les sociétés ‘l’un de plus grands et peut être principal fondement des républiques est d’accommoder l’ état au naturel des citoyens, et les édits et ordonnance à la nature des lieux, des personnes et du temps ».
ALTHUSIUS : Juriste allemand, théologien réformé, Johannes ALTHUSIUS est célèbre pour son ouvrage Politica methodice digesta (1603). Althusius développe une conception organique, corporative et hiérarchique de la société : l’individu, membre d’une communauté de base participe à une communauté plus large : la commune ou la Cité. Le ^meme principe d’organistation se retrouve à l’échelon suivant, dans la province dirigée par le prince. L’Etat désigne alors la fédération de régions et de villes autonomes ; la souveraineté qui appartient à la communauté est l’attribut spécifique de l’Etat. La construction théorique d’Althusius entend concilier la défense des autonomies, otamment celle des grandes villes, et une conception unitaire de l’Etat. La délimitation des compétences entre autorités de rang différent donne naissance à une nouvelle théorie : le fédéralisme.
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