Les enfants doivent-ils apprendre à travailler ?
Dissertation : Les enfants doivent-ils apprendre à travailler ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ulysse Roussel • 7 Mai 2018 • Dissertation • 2 060 Mots (9 Pages) • 795 Vues
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Ulysse
Les enfants doivent-ils apprendre à travailler ?
Le travail est une notion qui, pour tout enfant, peut être une source d’inquiétude, car c'est pour lui quelque chose d'inconnu, un mot qu'il considère comme antonyme du loisir et de la liberté. Pourtant, il est de rigueur pour un enfant de se rendre à l'école, lieu où l'on enseigne les fondements de la vie, de la société et du travail. L'instruction obligatoire laïque et gratuite a en effet été instituée par la loi dite « Ferry » du 28 mars 1882.
Le travail désigne une activité de production et le résultat de cette activité, il demande de l’énergie à l'homme. Ainsi, il s'agit ici de se questionner, s'il est obligatoire d'apprendre à effectuer cette activité, qui semble contraignante, à un enfant. Devons-nous alors obliger un enfant à réaliser une activité ? Quelles-sont les intérêts d'apprendre dès l'enfance ce qu'est le travail ? L'enfant lui-même est-il en mesure de comprendre ce que pourrait apporter le travail ?
Nous constaterons dans un premier temps que, contrairement à ce que l'on peut penser, apprendre à travailler ne doit pas être vécu comme une contrainte. Nous serons alors en mesure de nous demander si le travail, en plus d'être un apport pour l'homme ; ne lui permettait-il pas de s'insérer dans la société ? Nous devrons finalement examiner l'idée qu'il est nécessaire pour un enfant de comprendre les enjeux du travail.
Dans un premier temps, le travail est l'activité proprement humaine. C'est ce que souligne le mythe de Prométhée, rapporté par Platon dans le Protagoras. Selon ce récit mythique, les dieux au moment de la création des êtres vivants, confient à deux frères la tâche de répartir les qualités entre les espèces. Épiméthée attribue ainsi aux animaux de la force, de la rapidités, etc. Seulement, il oublie l'Homme, alors pour réparer son erreur, son frère décide de dérober aux dieux le feu, symbole de la technique pour le donner aux Hommes. Et grâce à cela l'Homme a été en mesure de développer le langage, l'agriculture, et la technologie ; c'est ainsi qu'il crée son activité technique, et par conséquent le travail, comme activité de transformation de la nature. Marx expliquera plus tard que ce qui différencie le travail humain de celui des animaux est l'instinct. Car si l'animal crée un objet par instinct, le résultat du travail humain préexiste déjà dans l'imagination de l'Homme. « Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. » Toutefois, si celui qui travaille s'humanise, il ne perd pas pour autant sa relation originelle à la nature.
En effet, le travail désigne également la relation primordiale de l'homme à la nature. Il exprime la nécessité dans laquelle se trouve tout homme de subvenir à ses besoins et qui n'y parvient qu'au prix d'un effort pénible et douloureux. Le but premier du travail est de survivre, de répondre à des besoins. Il permet également d'apporter une culture, qu'elle soit d'ordre classique ou morale. Elle caractérise ce qui fait que l'Homme est civilisé, que cela soit la technique, la religion, le langage, l'art; mais aussi le travail. De cette relation, l'homme domestique la nature, et humanise ce qui lui est étranger.
L'homme doit travailler, transformer les choses de la nature pour vivre, mais bien qu'il soit un être naturel comme les autres espèces vivantes, sa façon d'être au monde fait de lui un étranger, un être extérieur à la nature, une nature qu'il vit aujourd'hui comme autre, hostile et inhospitalière. Par le travail comme activité de transformation de la nature , il va progressivement domestiquer, rendre familier, humaniser, ce qui était étranger. Il va donner forme et signification à ce qui était informe et dépourvu de sens.
Le travail est donc pour pour l'homme quelque chose d'essentiel, qui lui permet d'abord de vivre, et mais aussi de s'humaniser. L'homme est alors capable de rendre familier ce qui lui était étranger. Ainsi, l'enfant qui apprend à travailler, apprend également à se connaître, mais aussi à connaître le monde extérieur. Néanmoins, quelle-est la place du travail dans la société ?
Si les hommes s'associent principalement pour subvenir à leurs besoins en mettant en commun leurs ressources et leurs talents, les échanges jouent alors un rôle décisif dans la société. Les échanges, qui ont comme premier intérêt de satisfaire les besoins des hommes, entraînent également la création du lien social. Dans La politique, Aristote explique que si au sein d'une famille la solidarité est spontanée ; dans la société, elle tient du fait que les hommes ne peuvent subvenir à leur besoin seuls, mais par l'échange. Le travail favorise les liens sociaux au sein d'une société, mais il ne rend pas pour autant les hommes prisonniers du travail.
Il semble qu'un homme qui ne travaille n'ait pas de contraintes, et qu'au contraire celui qui travaille à une obligation. Toutefois, celui qui n'est pas en activité, est en réalité dépendant de la société, contraint par l'argent, et même bloqué socialement. Il est à la fois isolé et dépendant. Alors que celui qui exerce une activité n'est réellement soumis qu'à lui-même, car lui seul peut décider de son envie d'évoluer dans la société, et de s'enrichir, culturellement ou financièrement. Tel est le sens de la dialectique du maître et de l'esclave chez Hegel, dans La phénoménologie de l'Esprit : Le maître se contente en effet de jouir des choses que l’esclave a produites pour lui, ce qui finalement ne peut le satisfaire. En s'extériorisant, grâce aux objets qu’elle produit dans le réel, «la conscience» de l’esclave peut contempler son propre pouvoir au sein même de ce réel : «C’est par la médiation du travail que la conscience vient à soi-même». Ainsi l’esclave acquiert-il sa supériorité sur le maître. Il devient, grâce au travail, dit Hegel, le «maître du maître», tandis que le maître devient l’«esclave de l’esclave». La dialectique de la maîtrise et de la servitude se trouve ainsi renversée. Ainsi, le travail ne doit pas être vécu comme une contrainte pénible, mais comme une libération.
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