Faut-il Apprendre à être Soi?
Rapports de Stage : Faut-il Apprendre à être Soi?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ririne2602 • 14 Novembre 2012 • 1 370 Mots (6 Pages) • 1 289 Vues
Partie 1
Qui d'entre nous vient à douter spontanément de son identité personnelle, de sa différence d'avec les autres, de sa personnalité ? Et pourtant, nombre d'expériences au quotidien nous révèlent la fragilité d'une telle évidence immédiate. Ainsi, par exemple, suis-je bien moi-même lorsque mon inscription dans la société m'impose de me conformer à des normes, d'adopter des conduites sociales déterminées ? Est-ce que le malaise, le stress, que j'éprouve face à tant de pressions extérieures ne me révèlent pas au contraire la difficulté à maintenir - voire à établir - mon unicité, ma singularité ? Faut-il donc apprendre à être soi ?
Pouvoir dire "Je", quelle que soit la diversité, la multiplicité des expériences que je traverse, des états que je ressens, c'est posséder en soi une certaine unité et permanence qui se maintient à travers les modifications de mon existence. Si un tel pouvoir n'apparaît pas dès la naissance, il n'en reste pas moins qu'une fois acquis, il perdure indéfiniment. Ainsi "je suis moi", et rien ni personne ne peut m'ôter une telle conscience de moi-même.
Cependant, ce "Je" n'est pas une donnée abstraite, il renvoie à une personnalité, à une histoire particulière, à un caractère et à un corps propres, qu'il semble bien difficile d'envisager sur le mode de la fixité. Comment l'adolescent par exemple peut-il ignorer les changements de son corps ? Ses transformations sont si radicales qu'il a parfois bien du mal à les accepter et les faire siennes. Ne doit-il pas apprivoiser ce corps "étranger", se l'approprier ?
En définitive, le Moi est-il une donnée permanente, substantielle ou bien m'est-il nécessaire de devenir ce que je suis ? Le Moi est-il donné ou construit ?
L'identité personnelle est une donnée permanente, substantielle : "Je suis moi". En effet, en tant que créature raisonnable, je me différencie des choses, je suis une personne possédant une valeur absolue, une dignité et ayant droit au respect. Rien ni personne ne peut m'ôter une telle dignité, me traiter comme un simple moyen au service de ses besoins, de ses désirs : je n'ai pas de prix. Le droit au respect est un bien inaliénable, intemporel, universel. [ voir E. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, texte 6 page 524 ]
Ma raison, inscrite en moi dès la naissance, me confère en outre le pouvoir de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. Elle me définit en tant que sujet logique ( fondement de la connaissance ) et sujet moral ( fondement des valeurs ).
De plus, quelle que soit la diversité, la multiplicité des états que je traverse, des changements qui surviennent dans mon existence, je reste le même car aucun de ces états ou changements n'échappe à ma conscience. Je suis une substance pensante affirmait Descartes, c'est-à-dire que quelles que soient les modalités particulières de mes jugements, opinions, sentiments..., j'en ai immédiatement conscience, c'est moi qui les pense. Ma pensée se définissant intégralement par la conscience, rien ne peut échapper à sa vigilance, à son attention. Le moi est donc le support permanent, le sujet de tous mes états, de toutes mes représentations, de tous mes sentiments, etc. [ voir Descartes, Discours de la méthode. Il ]
Partie 2
Enfin, la permanence s'inscrit aussi en moi sous la forme de mon identité génétique, par l'invariabilité de mon code génétique.
Mais, cette permanence, cette unité, de mon identité - inscrite en moi par ma conscience psychologique et morale, ma raison théorique et pratique - sont impropres à retranscrire le caractère singulier, personnel de mon identité, autrement dit ma personnalité, et apparaissent donc nécessairement réducteurs. En effet, mon corps, mon caractère, ne sont-ils pas le théâtre de changements permanents que je dois faire miens, m'approprier pour constituer mon identité personnelle et me différencier ainsi des autres ?
L'identité personnelle est construite, "je deviens moi" : je suis en devenir.
La constitution de ma personnalité passe d'abord par l'appropriation progressive de mon corps, de mes traits physiques, de mon sexe. De la crise de la puberté à celle dite de la quarantaine
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