Est-il raisonnable de craindre le progrès technique ?
Dissertation : Est-il raisonnable de craindre le progrès technique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mrti9 • 24 Mars 2021 • Dissertation • 1 466 Mots (6 Pages) • 1 726 Vues
Martin Joubert, TG7
Dissertation
Blaise Pascal disait : « L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant ». Avec cette citation, le philosophe résume la condition de l’homme qui est « nu », sans défenses face à la nature. Toutefois ce dernier est doué de conscience et d’intelligence qui lui ont permis d’inventer la technique pour modifier la nature et la lui rendre utile.
La technique a donc été produite par l’homme et pour l’homme, dès lors est-il raisonnable de craindre le progrès technique ? En effet, bien que le progrès ait une connotation positive, celui-ci est parfois perçu comme un danger dont il faut se méfier.
On peut donc se demander si la technique est toujours à notre service, dans notre intérêt ; ou si le progrès en a fait un danger à la fois pour l’humanité et la nature.
Nous verrons tout d’abord en quoi la technophobie paraît irrationnelle, puis les raisons qui peuvent justifier cette crainte, et enfin en quoi cette peur peut être utile pour parvenir à un progrès responsable.
A première vue, la réponse à la question peut sembler évidente, le progrès signifiant une amélioration, on ne peut rationnellement pas le craindre.
Dans le mythe de Prométhée, ce-dernier aurait voler la technique du feu aux dieux pour le donner aux hommes. Ce faisant, le titan aurait offert à l’humanité, jusqu’alors dépourvue de défenses, l’outil nécessaire à sa survie. En effet, grâce à la technique, l’homme devient dominant, et est en capacité de transformer la nature selon son gré et ses besoins.
Ainsi, la technique vient palier une faiblesse originelle, et marque dans le même temps la supériorité de l’homme sur les autres vivants, c’est le signe visible de son intelligence et de son ingéniosité. De plus, la technique, en permettant à l’homme de créer les conditions de son existence, lui accorde aussi la liberté. Craindre la technique reviendrait alors à craindre la raison de notre survie, à craindre notre propre liberté.
Par ailleurs, les progrès techniques sont la condition nécessaire à l’émancipation humaine. En effet, la technique nous libère de certaines contraintes ou règles naturelles, facilite grandement notre quotidien. Par exemple les progrès de la médecine ont permis, par l’intermédiaire des machines et des médicaments, de considérablement augmenter l’espérance de vie. Les maladies, qui étaient mortelles il y a deux siècles, sont aujourd’hui, dans la majorité des cas, bégnines et sans conséquences durables. Les progrès dans le domaine de l’agriculture on également permis l’augmentation des rendements et ont facilité le travail des agriculteurs. On peut désormais faire pousser des champs et des plantations entières dans des régions climatiquement inadaptées ou sur des sols pauvres. Les outils et les machines modernes ont permis d’automatiser certaines tâches particulièrement pénibles et éprouvantes telles que le moissonnage. Ainsi, le progrès technique contribue au bien-être de l’homme, lui permettant à la fois de subvenir à ses besoins tout en améliorant ses conditions de vie, et nous rend selon Descartes « comme maîtres et possesseurs de la nature ».
Pour finir, la technique n’est qu’un moyen, qu’un outil dont l’usage dépend des hommes. En effet, la technique ne peut rien sans l’action humaine : une arme ne tire pas tant que l’homme n’a pas appuyé sur la détente. Autre exemple, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986 n’a pas été provoquée par une erreur technique mais s’est produit à la suite d’une série d’erreurs commises par les techniciens de la centrale. Ainsi, lorsqu’on craint un progrès technique, on craint en réalité l’usage qu’un individu pourrait en faire et non le progrès en tant que tel.
Comme nous venons de le voir, le progrès technique est pour l’homme synonyme de liberté, de bien-être et la méfiance qui peut en découler paraît au premier abord infondé. Pourtant notre histoire a montré que le progrès technique n’est pas toujours un progrès pour l’humanité.
La technique moderne est principalement caractérisée par le développement et la distribution à grande échelle des technologies, les techniques qui reposent sur les sciences (physique, électronique, informatique, robotique…). Ces techniques nous poussent et nous habituent à rechercher le toujours plus vite, toujours plus efficace, etc. On observe ainsi depuis le XXème siècle une tendance à l’hubris, à l’excès, qui s’oppose aux conditions d’une vie heureuse.
La technologie contemporaine à de nombreux impacts sur la nature, la société ou encore sur l’homme. La surexploitation des ressources naturelles, l’utilisation des techniques modernes (produits chimiques) ou encore le mode de vie des habitants des pays développés (voitures individuelles), ont provoqués des dommages considérables sur notre environnement (pollution, raréfaction des ressources, dégradation des paysages). Le progrès technique depuis le XXème siècle a engendré un véritable désastre écologique. Les progrès informatiques et le développement des techniques de surveillance menace quant à eux la vie privée. Enfin, le progrès technique à des conséquences sur l’homme notamment dans le monde du travail. Par exemple la mécanisation de l’industrie a complètement transformé le sens du travail humain. En effet, les machines qui ne faisait – à l’époque de la révolution industrielle – que démultiplier les énergies, actions humaines, sont désormais autonomes et remplacent les travailleurs humains. Le progrès a ainsi révolutionné négativement le rapport entre l’homme et la machine dans le monde du travail, l’homme passant de cœur du système de production à simple élément du processus. Selon Karl Marx, le travailleur subit une aliénation, provoquant une perte de sa dignité et de son humanité. Du fait de la démesure humaine, la technique moderne est devenue ambivalente : on peut faire correspondre un inconvénient à chaque progrès technique.
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