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La pitié est-elle la racine de la moralité ?

Analyse sectorielle : La pitié est-elle la racine de la moralité ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Octobre 2021  •  Analyse sectorielle  •  952 Mots (4 Pages)  •  484 Vues

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        Terminale - Questions a, b, c & d p.74 du manuel de philosophie Hatier

Arthur Schopenhauer - Le fondement de la morale (1841)

  1. Pourquoi le fait d’agir pour le bien d’autrui constitue t-il un problème?

Pour Schopenhauer, un motif  pour agir à la place d’un autre est la pitié; l’empathie envers un autre. L’identification au mal d’autrui comme son propre mal et agir pour le bien d’autrui comme pour son propre bien; c’est pour Schopenhauer ce que seul peut justifier l’interférence dans l’Affaire d’autrui. Mais une telle identification est-elle possible, quand l’on prend en considération que ce que je pourrais considérer comme étant son bien, ne le sera pas par autrui?

En effet, pour Mill par exemple, comme il l’explique dans De la liberté, il faut articuler l’exigence de liberté individuelle avec le respect des différentes notions du bien. Chaque individu doit pouvoir définir pour lui-même ce qui est bien, ce qu’il estime être moral ou immoral. Si les actions que cet individu revendique avoir le droit de faire de par sa liberté individuelle n'impactent pas les autres; au nom de quelle légitimité pourrait t-on lui ôter cette liberté?  Ruwen Ogien appelle cette éthique “éthique minimaliste”. Elle se compose de deux préceptes simples: 1- ne pas causer de tort à autrui et 2- que tout le reste est moralement discutable et doit relever des choix de l’individu. Le seul véritable devoir de l‘être humain, d’après cela, serait donc de ne pas nuire à autrui. Dans ce cadre-là, agir pour le bien d’autrui est un trépassement de ses libertés individuelles.

En revanche, d’autres, comme Kant, revendiquent une éthique dite “maximaliste”. Celles-ci revendiquent une vérité du bien absolu, bonne moralement pour tous les êtres humains, et aussi une définition absolue du devoir. (Fondements de la métaphysique des mœurs) Ici bien opposition aux définitions pluralistes du bien. Agir pour le bien d’autrui, dans le cadre de cette absolution, serait moralement juste.

  1. Comment expliquez-vous le fait que l’altruisme exige au préalable une forme d’identification à autrui? Celle-ci vous paraît t-elle réellement possible?

L’altruisme, signifiant “agir de disposition bienveillante", impose une identification à l’autre, car seule la capacité à comprendre ce qu’un autre considère comme son bien peut nous permettre d’agir dans cette disposition. Le respect de la pluralité des définitions du bien et des valeurs est primordial pour cela, car il faut comprendre ce que l’autre considère comme son bien et l’accepter, pour agir en cela ; et non en mes propres valeurs et définitions de bien et de devoir; qui ne sont, d’après Mill dans De la liberté, ni absolues ni applicables à d’autres individus que moi (éthique minimaliste). Si certes cela n’est pas la seule condition d’une conduite altruiste et “morale”, il semble ici important de souligner un problème pratique: l’identification à l’autre.

Néanmoins une telle forme d’identification est impossible par bien des critères. Une identification totale à un individu, autant qu’à soi, reviendrait à être omniscient. Je ne peux pas ressentir le mal d’autrui autant et de la même manière que je ressens le mien; car aussi sensible et compréhensif que je puisse être, je n’ai pas cette capacité omnisciente. La prétention de l’expression “identification à autrui” est de donner les outils de comprendre l’autre de manière complète, mais elle n’est une esquisse imprécise qui ne nous fait comprendre que de très larges lignes de la psychologie d’autrui; et encore même pourrions-nous toujours l’observer de notre œil partial. En cela, l’identification est problématique, mais si partielle, au travers d'analyses, elle peut tout de même nous laisser à comprendre certaines choses. Se servir alors d’une “représentation d’autrui” pour d’une certaine manière le comprendre.

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