La pitié est-elle le fondement de la morale ?
Fiche : La pitié est-elle le fondement de la morale ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pierre-Alexandre Gillet • 28 Novembre 2016 • Fiche • 1 095 Mots (5 Pages) • 3 528 Vues
A première vu la pitié est un sentiment de peine que l'on éprouve pour les maux et les souffrances d'autrui. Si on se penche sur des expressions comme « être sans pitié », la pitié serait signe de sensibilité humaine voire même d'humanité. Or, on peut parler de quelqu'un qui suscite de la pitié lorsqu'il suscite du mépris. La pitié aurait deux dimensions opposés : d'abord un sentiment noble de compassion qui s'oppose ensuite à un sentiment ignoble de mépris. Cette distinction interroge la valeur morale de la pitié
La pitié est-elle le fondement de la morale ?
I.Pitié est l'expression de la compassion
a)L'absence de nuance entre pitié et compassion
Il est clair que pour certains auteurs, les termes de 'pitié' et de 'compassion' ont la même signification. Nietzsche et Schopenhauer pour désigner cet émotion utilise le terme de 'Mitleid', parfois traduit par 'pitié', parfois par 'compassion'.
De même Aristote, nomme cette émotion 'eleos', terme traduit traditionnellement par 'pitié', mais parfois aussi par 'compassion'
b)la pitié aspire à la reconnaissance d'autrui ( comme un alter ego)
Selon Rousseau puis Schaupenhauer, la pitié est la seule vertu naturelle car c'est un sentiment inné et acquis, instinctif et intellectuel, lui permettant de reconnaître son semblable chez autrui. C'est par cette émotion, que nous reconnaissons qu'il n'y a pas de réelle différence entre nous-même et autrui Et c'est seulement dans ce cas que je veux le bien d'autrui, les autres motifs visant soit mon propre bien, soit le mal d'autru
--> la pitié est purement altruiste (libre de tout égoïsme), et l'unique source de la moralité.
c)Un motif pour de bonnes actions
Contre celui qui dénigre la pitié et la compassion,on peut répliquer que ces émotions motivent souvent des actions moralement bonnes. Ainsi, saint Thomas note : "En elle-même, la miséricorde est la plus grande des vertus, car il lui appartient de donner aux autres, et, qui est plus, de soulager leur indigence (...)"
→ par exemple, celui qui prend en pitié un enfant abandonné est disposé à l'aider. Souvent la pitié résulte en des actions visant à soulager les souffrances d'autrui. --> la pitié ou la compassion possèderaient de la valeur morale.
==> Cette conclusion est loin d'être universellement acceptée. Mandeville et Nietzsche : les actions motivées par la pitié ne sont ni bonnes ni mauvaises, car elles sont entreprises pour nous soulager de la peine suscitée par la vue de la souffrance d'autrui et non pour venir en aide à autrui ;
→ même si le but recherché n'est pas le bien-être d'autrui, de telles actions ont des conséquences bénéfiques pour autrui. On aurait donc affaire à des actions qui allègent non seulement nos propres souffrances, mais aussi celles d'autrui.
II Pitié est l'expression du mépris
a) un sentiment mauvais
Spinoza donne une raison simple et convaincante pour penser que la pitié est en soi mauvaise : il s'agit selon lui d'une tristesse. Or pour lui la tristesse, est mauvaise donc il conclut que la pitié est, elle aussi, mauvaise Dans le même esprit, Nietzsche affirme que la pitié augmente la douleur dans le monde. Si l'on admet que la souffrance est mauvaise, on arrive à une conclusion semblable : la pitié ainsi que la compassion sont mauvaises.
De même pour les stoïciens, la pitié et la compassion sont néfastes. Sénèque voit dans ce type d'émotions le vice des âmes trop sensibles → il considère la pitié avant tout comme une faiblesse
b) La pitié génère un sentiment de condescendance
C'est d'ailleurs ce qui diffère pour certains penseurs la pitié de la compassion : Pour Lawrence Blum, la pitié contrairement à la compassion, comporte de la condescendance. → pour lui "la compassion est moralement supérieure à la pitié"
→ La pitié donne l’occasion de se sentir supérieur à celui qui souffre :
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