Pour être heureux, faut-il accepter les évènements tels qu’ils arrivent, comme on peut le lire dans le Manuel d’Épictète ?
Dissertation : Pour être heureux, faut-il accepter les évènements tels qu’ils arrivent, comme on peut le lire dans le Manuel d’Épictète ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar black00 • 20 Novembre 2020 • Dissertation • 915 Mots (4 Pages) • 824 Vues
Le bonheur a toujours constitué l’aspiration ultime de la philosophie. On trouvait déjà cette idée avec Socrate et puis chez Platon avec l’idée que la philosophie doit nous guider vers le bonheur et le bonheur doit s’identifier avec la sagesse. Comprendre le monde et atteindre la sagesse, c’est atteindre le bonheur et ainsi ne plus être tourmenté par ce monde. Mais être heureux veut-il dire que nous devons vivre dans l’imperturbabilité et en restant de marbre face à tout ce qui nous arrive et ainsi en accepter les évènements tels qu’ils viennent et ce, peu importe leur gravité, comme le prêche Épictète dans le Manuel ? Une absence de réaction à tout ce la vie nous jette ne vient diminuer pas la tourmente, obstacle au bonheur. Donc, non, il ne faut pas accepter les évènements tels qu’ils arrivent. Personne ne peut rester indifférent lorsque la satisfaction de ses besoins de base devient menacée. De plus, ce n’est pas très stoïque de prêcher de garder espoir qui risque d’avoir le ventre vide et de perdre le toit sur sa tête.
Il faut d’abord s’entendre sur la définition du bonheur si l’on veut énoncer les conditions qui permettent de décrocher cet état esprit qui semble si inatteignable. Si l’on se fie à Épicure, le bonheur est l’atteinte de la paix de l’âme par la satisfaction, dans la modération, des désirs naturels et nécessaires à la survie : manger, boire et dormir. Avoir un emploi qui me permet de pouvoir faire l’épicerie et d’avoir un toit sur ma tête, et tout ça dans la frugalité, est le cheminement me permettant d’être heureuse. Lorsqu’un élément vient menacer la satisfaction d’un ou de plusieurs de mes besoins primaires, dans ce cas-ci, la perte de ma source de revenu qui était le moyen par lequel je subvenais à mes désirs, l’équilibre est brisé. L’éventuel perte de mon appartement, qui est l’abri qui me permet répondre à mon désir de dormir, et le manque de revenu qui pourrait même venir mettre en péril ma capacité à combler mes deux autres désirs. Je ne peux pas accepter ce qui m’arrive et rester stoïque sous prétexte que puisque la perte de mon emploi est évènement qui ne dépend pas de moi et que je ne dois pas être affecté par cet évènement qui met en danger mon bien-être et ainsi mon bonheur. Au contraire, j’ai vendu ma voiture afin de pouvoir payer le loyer de ce mois-ci. Je devrais aussi commencer à chercher activement un nouvel emploi, car si je me fie à la notion de mesure d’Épicure, avoir une source de revenu devient un bien nécessaire qui me permettra de satisfaire mes désirs naturels et nécessaires.
Ensuite, compte tenu de sa nouvelle fortune, le conseil de mon ami d’oublier mon malheur car « mon destin est déjà tracé » est biaisé. L’évolution positive de sa vie n’est pas comparable à la régression qu’a subi mon « destin » et donc, ne serait-ce que pour une question d’humilité, qui est une qualité tant clamée par les stoïciens, son conseil n’a pas lieu d’être. En effet, son récent gain de plusieurs millions de dollars fait en sorte que son chemin à lui, peu importe comment il est tracé, lui sera très favorable. Qu’on le veuille ou non, l’argent achète presque tout ; même les lois rationnelles régissant l’univers si on ne reprend l’analogie de la pièce de théâtre d’Épictète. On ne peut nier l’incitatif que pourrait avoir une somme pareille. Si elle ne lui permettait pas de carrément acheter le rôle de metteur en scène, elle lui permettrait au moins de modifier quelques péripéties à son avantage. Ma situation est à l’autre bout du spectre.
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