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Doit-on choisir entre une vie de bonheur et une vie de devoir ?

Dissertation : Doit-on choisir entre une vie de bonheur et une vie de devoir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Avril 2021  •  Dissertation  •  1 182 Mots (5 Pages)  •  643 Vues

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Philosophie

Question : Doit-on choisir entre une vie heureuse et une vie de devoir ?

        

        Quelle est la place du devoir au sein de notre vie, que l’on souhaite la plus heureuse possible ? Sommes-nous dans l’obligation de respecter une règle de conduite ou pouvons-nous simplement profiter de la vie en se laissant guider par nos envies ? La morale, cet ensemble de devoirs fondés sur des valeurs considérées comme absolues, s’oppose-t-elle inéluctablement à des processus non choisis, nos désirs ? A première vue on pourrait penser que respecter des devoirs est contraire à l’intérêt de tout individu, car cela revient à se soumettre à des conventions faites par les hommes. Or peut-on être heureux si l’on est esclave d’une morale ? Mais la réalité est peut-être plus complexe. On pourrait aussi penser qu’une vie heureuse est synonyme d’une recherche incessante pour satisfaire nos désirs. Or cela n’est-il pas également une sorte d’esclavage, une vie dictée par des désirs qui par nature renaissent sans cesse, nous rendant perpétuellement insatisfait ?

        A première vue, une forte contradiction transparait entre une vie heureuse et une vie de devoirs. Si l’on respecte la morale, on accepte de ne pas faire ce que l’on veut quand on le veut. Par conséquent cela est profondément incompatible avec le fait de satisfaire tous nos désirs, le devoir étant limitant. Or satisfaire nos désirs est ce qui nous rend heureux, nous procure du plaisir et de la joie. Mener une vie de devoirs non seulement ne permet pas une vie heureuse, mais semble même totalement s’y opposer. C’est notamment l’argument que défend Calliclès lors de son dialogue avec Socrate dans Gorgias de Platon : la nature de l’homme étant d’avoir des désirs, la morale, qui les limite, est donc contre nature et va à l’encontre de la liberté de chacun.  Si le dérèglement, la vie de plaisir, reste dans l’impunité morale alors il est possible d’être heureux et d’accéder au bonheur. En effet, si on réprime ses passions au nom de prétendus devoirs, comment pourrait-on être heureux ? Selon Calliclès la morale dessert le réel, un monde de domination où la « loi de la jungle » prévaut, et n’est qu’une invention des plus faibles afin de faire croire aux plus forts qu’il est mauvais de dominer. La vie la plus naturelle serait donc de mener une vie de désirs amenant le plaisir pour être heureux. Le devoir, encadrant ou limitant le désir, ne pourrait être envisagé. La morale n’est que fiction et n’a pas sa place dans une vie.

Cependant, si l’on n’écoute que ses désirs dans le but d’être heureux, ne peut-on pas s’épuiser étant donné la nature du désir ?

        Une vie dénuée de morale est synonyme de soumission éternelle, les désirs étant infinis. Malgré le caractère parfois contraignant des devoirs, ils n’en restent pas moins utiles pour les réguler. La morale a donc une importante part à jouer dans le développement de l’individu et par conséquent dans sa quête de bonheur. C’est ce qu’illustre Socrate à travers la métaphore des tonneaux en réponse à Calliclès. Il met en scène deux tonneaux, l’un criblé de trou impossible à combler, le second en parfait état. Les deux sont remplis, par deux hommes, de denrées rares difficile à se procurer. Une fois le tonneau rempli, la quantité récoltée suffit pour le reste de leur vie. Bien que le premier homme ait rempli le tonneau de la même manière que le second, celui-ci est sans cesse obligé de le reremplir. Cela représente, selon Socrate, une vie de plaisir simple, exemptée de toute morale. En somme, la vie que Calliclès prône. Les trous impossibles à reboucher représentent les désirs de l’homme, se créant de toute part. Le second homme n’a quant à lui plus qu’à se reposer et profiter de la vie. A travers cette image, Socrate essaye de démontrer à Calliclès les bienfaits de la morale, permettant une vie pleine et sereine. Il démontre ainsi l’impossibilité d’ignorer la morale, car cela ne permettrait pas le bonheur et entretiendrait une vie jamais satisfaisante. De plus, une vie consacrée à ses propres désirs a de fortes chances d’empiéter sur ceux des autres, et donc de complexifier les relations en société. Par exemple, lorsque nous prenons un repas en famille, si le premier prend la moitié du plat, il satisfera certainement son désir, mais empêchera non seulement le plaisir des autres, mais aussi celui de partager un moment agréable ensemble.

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