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Commentaire de texte Thomas d'Aquin

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Par   •  10 Avril 2020  •  Commentaire de texte  •  3 055 Mots (13 Pages)  •  2 016 Vues

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DM DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE

Saint Thomas d’Aquin, Somme contre les gentils

Dans Somme contre les Gentils, Thomas d’Aquin se donne pour objectif de convaincre, par des arguments rationnels, de l’existence de Dieu. Autrement dit, il tente d’établir la connaissance positive et incontestable de Dieu, en réfutant les thèses de philosophes non chrétiens ou païens (c’est-à-dire les Gentils) et en considérant la raison comme au service de la foi. En ce sens, il affirme que la raison ne peut pas démontrer l’existence de Dieu mais qu’elle peut montrer que cette vérité est possible.

Cependant, pourquoi tenter de démontrer l’existence de Dieu en plein milieu du XIIIe siècle, tandis que l’environnement est entièrement chrétien et que Thomas d’Aquin s’adresse à des théologiens ? Par ailleurs, l’existence de Dieu n’est-elle pas évidente et n’est-il pas inutile de prétendre la démontrer ? Selon Thomas d’Aquin, s’opposant par exemple à Bonaventure, l’existence de Dieu n’est pas une évidence. Ce n’est pas une idée innée dont la simple réflexion permet de la découvrir. Au contraire, si cette évidence était vraiment évidente, personne n’en douterait. Thomas suit alors la doctrine aristotélicienne en affirmant que nous n'avons pas de notion naturelle d'un être illimité. Dieu n'est pas connaissable « en soi » mais uniquement « pour soi », c'est-à-dire qu'on ne peut connaître de Dieu que par ce qu'il est pour nous, non pas par ce qu'il est en lui-même. En réalité, Thomas d'Aquin ne cherche pas tant à prouver l'existence de Dieu qu'à trouver les conditions de possibilité qu'a l'homme pour remonter à Dieu par les forces de sa raison. Ainsi son intention principale dans la Somme contre les Gentils est de montrer qu’on peut accéder à Dieu au moyen de la raison naturelle, donc en partant de ce qu’on constate du monde. C’est pourquoi il ne propose pas de « preuves », mais des « voies ».

Les Livres I à III traitent des vérités accessibles à la raison. Le chapitre 12 du livre I, dont notre extrait est issu, s’intitule « de l’opinion selon laquelle on ne peut démontrer l’existence de Dieu, mais seulement la recevoir de la foi ». Dans notre extrait, Thomas d’Aquin expose donc l’opinion de ceux qui affirment que l’existence de Dieu est indémontrable, la foi étant la seule voie nous donnant accès à l’existence divine. Cependant, il réfute aussitôt cette opinion et développe sa thèse selon laquelle la raison peut rendre compte de l’existence de Dieu. Pour parvenir à cette affirmation, l’argumentaire de l’auteur procède en trois temps. Tout d’abord, il expose la doctrine de ceux à qui il s’adresse. Ensuite, il réfute cette même doctrine. Enfin, il termine avec une citation biblique illustrant l’adéquation entre les vérités de la raison et la Révélation Biblique. Ainsi, la question va être celle de savoir comment Thomas d’Aquin prouve (afin de convaincre les Gentils) qu’on peut démontrer l’existence de Dieu de manière rationnelle alors que, par définition, l’être divin est inconnaissable.

L’explication de l’auteur peut être découpée en trois parties. Jusqu’à la ligne 10, Thomas d’Aquin expose la thèse selon laquelle on ne peut pas démontrer que Dieu est et cette existence est seulement tenue par la foi, puis la réfute. Il démontre ensuite jusqu’à la ligne 17 que la méthode de démonstration d’Aristote conduit à une impossibilité de montrer que Dieu existe. Dans la dernière partie du texte, il affirme alors qu’il est possible de rendre compte de l’existence de Dieu de manière rationnelle en mettant en avant les éléments qui réfutent l’opinion adverse et en montrant que l’erreur réside en la recherche de la définition de l’être divin : il faut seulement s’attacher, selon lui, à ce qui nous est perceptible.

L’auteur commence par énoncer une opinion contraire à celle qu’il a développé précédemment dans son ouvrage - à savoir que l’existence de Dieu ne peut être démontrée car cette existence n’est reconnu que par soi (chapitre 10) - qui considère elle aussi qu’on ne peut pas démontrer que Dieu est parce que cette existence ne peut être reconnue que par la foi. Il s’attache des lignes 1 à 10 à réfuter cette opinion.

Cette position, tout comme la position précédente, « rendrait (donc) vain l’effort de ceux qui cherchent à démontrer que Dieu est » (l1,2), explique Thomas. Effectivement, la religion est généralement fondée sur une base dogmatique incontestable qui légitime sa croyance. C’est ainsi que les croyants prennent l’existence de Dieu pour vraie, quand bien même ils ne peuvent la prouver. Dans cette perspective, cette opinion conduit à penser qu’on ne peut « découvrir par la raison que Dieu est » (l3), cette croyance n’est fondée que sur la « foi » et la « révélation ». Jugeant la raison incapable de démontrer l’existence de Dieu, les personnes partageant cette opinion estiment qu’il revient à chacun de croire à l’existence de Dieu, d’avoir la foi. D’autre part, ils considèrent que cette croyance peut se fonder sur la révélation, c’est-à-dire sur toutes les manifestations de Dieu à l’homme. Ainsi, d’après cette opinion, on ne peut pas démontrer rationnellement que Dieu est : l’être humain connaît le monde par le biais de la raison, mais il existe une connaissance à laquelle il ne peut accéder qu’avec la foi.

Néanmoins, Thomas d’Aquin estime que cette opinion est elle aussi réfutable. Selon lui, les personnes partageant cette opinion ont été amenées à parler ainsi à cause de deux choses (lignes 4 à 10). Tout d’abord, « l’erreur » de cette opinion provient de « la faiblesse des raisons avancées par certains pour prouver que Dieu est » (l4,5). En ce sens, les personnes croient en cette opinion car personne n’a trouvé de démonstration suffisamment forte et incontestable pour prouver que Dieu est. Les raisonnements visant à rendre compte de l’existence de Dieu paraissent peu solides et donc ne forcent pas à croire à cette existence divine. Dès lors, ces raisonnements, puisqu’ils présentent des incohérences et peinent à rendre compte véritablement de l’existence divine, ne semblent pas pouvoir prouver rationnellement l’existence de Dieu. Ensuite, cette opinion trouve également son origine dans les affirmations de certains philosophes qui associent l’essence divine et l’être divin, expliquant qu’ « en Dieu l’essence et l’être (…) sont identiques » (l6,7,8). C’est ainsi que ces philosophes affirment qu’en Dieu, le fait

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