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Thèse de Spinoza

Cours : Thèse de Spinoza. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Décembre 2012  •  Cours  •  1 017 Mots (5 Pages)  •  1 473 Vues

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De l’indignation, Spinoza dit qu’elle est «la haine pour une personne qui fait du mal à une autre». Dans l’usage courant, la notion a le sens, plus large, de douleur morale, de ressentiment, de rage : elle traduit le cri de scandale que pousse la conscience devant le spectacle de l’indignité. Ne constatant que l’iniquité, elle fait plus de mal au sujet qui l’éprouve qu’elle ne combat ou abat le mal qu’elle réprouve. Si elle prélude souvent à l’action, l’indignation n’est pas en effet, en elle-même, «offensive» et active. Lorsqu’elle se diffuse et se socialise, elle devient certes mouvement, mais demeure, même si l’expression de sa force n’est pas vaine et peut inquiéter les pouvoirs, une manifestation. Comment - à l’heure où, dans le monde globalisé, croissent exploitation, précarité, pauvreté et misère, injustices, inégalités, privations et humiliations - transformer l’indignation en projet politique et en action révolutionnaire, capable de faire que «la syntaxe du monde se défasse», selon les mots d’Italo Calvino ?

Prison. A l’élaboration d’un tel projet, Michael Hardt travaille depuis des années et Antonio Negri depuis toujours. L’un, théoricien politique américain, est professeur d’italien et de littérature comparée à l’université de Duke. L’autre, philosophe, a longtemps enseigné à Padoue, puis, exilé en France, à Paris-VIII, à l’ENS, au Collège international de philosophie : fondateur en 1969 du groupe Pouvoir ouvrier, héraut de l’Autonomie ouvrière, plus tard député, il a été accusé, durant les «années de plomb», de diriger les Brigades rouges et d’être responsable de l’assassinat d’Aldo Moro - mais a été acquitté - puis a séjourné en prison pour «insurrection armée contre l’Etat» et «responsabilité morale» des affrontements (1973-1977) entre militants et police à Milan.

Michael Hardt et Antonio Negri ont signé, en 2000, Empire, un ouvrage très analytique, argumenté, et, par certains envols, visionnaire, qui, mobilisant aussi bien Marx, Spinoza, Deleuze, Rawls, Foucault que Polybe, les Pères de l’Eglise ou saint François d’Assise, fournissait les outils théoriques pour la définition de la souveraineté et de la domination politique attachée au nouvel ordre mondial. «Notre hypothèse fondamentale, y lisait-on, est que la souveraineté a pris une forme nouvelle, composée d’une série d’organismes nationaux et supranationaux unis sous une logique unique de gouvernement. Cette nouvelle forme mondiale de souveraineté est ce que nous appelons l’Empire», soit la «forme politique du marché». L’ouvrage eut un retentissement considérable, et fut reçu comme une sorte de viatique de l’altermondialisme, qui vaudrait pour le XXIe siècle, comme le dit alors Slavoj Žižek, ce que le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels put valoir pour les XIXe et XXe siècles. A la suite d’Empire, vint Multitudes. Après la forme «impériale» de souveraineté, remplaçant celle de l’Etat-nation, Hardt et Negri, tournant leur regard vers l’autre camp, y analysaient l’«alternative vivante qui croît au sein de l’Empire», à savoir ces «nouveaux circuits de coopération et de collaboration qui traversent nations et continents, suscitant ainsi un nombre illimité de rencontres et d’interactions», qu’on ne peut plus nommer peuple, masse et classe ouvrière mais multitude, justement. Commonwealth est le dernier volet de ce triptyque. A partir de l’explicitation de la notion

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