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La princesse de Clèves- Madame de La Fayette-

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Par   •  13 Avril 2022  •  Analyse sectorielle  •  1 403 Mots (6 Pages)  •  483 Vues

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LL6

La princesse de Clèves- Madame de La Fayette-

-Le portrait du Duc De Nemours-

Le duc de Nevers, dont la vie était glorieuse par la guerre et par les grands emplois qu'il avait eus, quoique dans un âge un peu avancé, faisait les délices de la cour. Il avait trois fils parfaitement bien faits : le second, qu'on appelait le prince de Clèves, était digne de soutenir la gloire de son nom ; il était brave et magnifique, et il avait une prudence qui ne se trouve guère avec la jeunesse. Le vidame de Chartres, descendu de cette ancienne maison de Vendôme, dont les princes du sang n'ont point dédaigné de porter le nom, était également distingué dans la guerre et dans la galanterie. Il était beau, de bonne mine, vaillant, hardi, libéral ; toutes ces bonnes qualités étaient vives et éclatantes ; enfin, il était seul digne d'être comparé au duc de Nemours, si quelqu'un lui eût pu être comparable. Mais ce prince était un chef-d’œuvre de la nature ; ce qu'il avait de moins admirable était d'être l'homme du monde le mieux fait et le plus beau. Ce qui le mettait au−dessus des autres était une valeur incomparable, et un agrément dans son esprit, dans son visage et dans ses actions, que l'on n'a jamais vu qu'à lui seul ; il avait un enjouement qui plaisait également aux hommes et aux femmes, une adresse extraordinaire dans tous ses exercices, une manière de s'habiller qui était toujours suivie de tout le monde, sans pouvoir être imitée, et enfin, un air dans toute sa personne, qui faisait qu'on ne pouvait regarder que lui dans tous les lieux où il paraissait. Il n'y avait aucune dame dans la cour, dont la gloire n'eût été flattée de le voir attaché à elle ; peu de celles à qui il s'était attaché se pouvaient vanter de lui avoir résisté, et même plusieurs à qui il n'avait point témoigné de passion n'avaient pas laissé d'en avoir pour lui. Il avait tant de douceur et tant de disposition à la galanterie, qu'il ne pouvait refuser quelques soins à celles qui tâchaient de lui plaire : ainsi il avait plusieurs maîtresses, mais il était difficile de deviner celle qu'il aimait véritablement. Il allait souvent chez la reine dauphine ; la beauté de cette princesse, sa douceur, le soin qu'elle avait de plaire à tout le monde, et l'estime particulière qu'elle témoignait à ce prince, avaient souvent donné lieu de croire qu'il levait les yeux jusqu'à elle.

Biblio rapide :Marie-Madeleine Pioche de la Vergne (1634-1693) est née dans une famille aisée de petite noblesse, proche de Richelieu alors ministre de Louis 13. Proche de femmes de lettres comme Madame de Sévigné, elle fréquentera les salons littéraires et fera paraître 4 œuvres dont La princesse de Clèves en mars 1678. Auteure classique, elle s’inspire des romans antiques et des romans idéalisés, s’en démarquant avec La princesse de Clèves, le premier roman psychologique qui met son héroïne aux prises de tourments, passions au sein d’un univers social aux règles morales particulières. Ce roman a pour contexte la cour d’Henri 2 en 1558-1559 et tous les personnages sont décrits de manière idéalisée tout en restant vraisemblables.

Situation du passage : La première partie du roman est consacrée à un portrait détaillé des personnages de la cour et le portrait que nous allons étudier est celui du Duc de Nemours.

Lecture

Annonce des mouvements : dans cet extrait nous assistons dans un premier mouvement  à la peinture du portrait de trois personnages   (lignes 1 à 10) , qui ne semblent être que des faire valoir face au deuxième mouvement incarné par la description d’un chef d’œuvre en la personne de nemours (lignes 11 à la fin)

Projet de lecture : Comment l ’écriture du portrait parvient à faire varier l’éloge et à porter Nemours à un idéal inaccessible ?

  1. 3 portraits….. Lignes 1 à 10

  1. Le duc de Nevers : une seule phrase suffit à dépeindre le duc et permet de révéler ses qualités par la description et des PSR.
  • Morales : « dont la vie était glorieuse »(l.1) «  gloire acquise à la guerre ».
  • Intellectuelles : « les grands emplois qu’il avait eus » (l.1-2) fait référence à la confiance donnée par le roi au duc.
  • Sociales : « faisait les délices de la cour » (l.2) : hyperbole sur délices qui montre l’image sociale positive.

Enfin on notera la tournure restrictive « quoique dans un âge un peu avancé » (l.2) qui ne semble pas diminuer l’éloge mais accentuer l’idée de l’expérience de l’homme et au-delà légitimer sa paternité, « trois fils » (l.3), descendance renforcée par l’adverbe hyperbolique « parfaitement faits » (l.3).

  1. le prince de Clèves : la filiation est directement marquée en tant que cadet  « le second…. Prince de Clèves » (l.3-4) et cette filiation est aussi morale avec la répétition de l’idée de « gloire » (l.4). Son portrait est lui aussi construit sur des adjectifs laudatifs « brave et magnifique » (l.4), correspondant aux vertus appréciées dans la société singulière et qui en souligne le caractère exceptionnel « il avait une prudence qui ne se trouve guère avec la jeunesse » (l.5). Le prince de Clèves est donc un homme sage et juste dans son discernement, une forme de maturité qui néanmoins préfigure la suit e du livre en tant qu’homme qui ne sera jamais passionné : en cela ce portrait est programmatique du devenir du personnage..
  2. Le vidame de Chartres : il est auréolé du prestige de sa lignée « ancienne maison de Vendôme » (l.6). La narratrice lui reconnait aussi des vertus comme le courage et la bienséance « également distingué dans la guerre et la galanterie » (l.7-8). De plus l’énumération « beau, de bonne mine, vaillant, hardi, libéral » (l.8), est rehaussée par les adjectifs hyperboliques « vives et éclatantes » (l.9). Ce portrait joue comme un travail préparatoire à l’arrivée de Nemours grâce aux comparaisons « comparé au duc de Nemours », « si quelqu’un lui eût pu être comparable » (L10)

On se demande donc si ces 3 portraits ne servent pas que de faire-valoir à l’arrivée du chef d’œuvre Nemours.

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