La Thébaïde ou Les frères ennemis
Chronologie : La Thébaïde ou Les frères ennemis. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Viet Anh Doan Le • 16 Mars 2016 • Chronologie • 6 698 Mots (27 Pages) • 1 161 Vues
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André Durand présente
‘’La Thébaïde ou Les frères ennemis’’
(1664)
Tragédie en cinq actes et en vers de Jean RACINE
pour laquelle on trouve un résumé
puis successivement l’examen de :
les sources (page 2)
l’intérêt de l’action (page 4)
l’intérêt littéraire (page 6)
l’intérêt psychologique (page 7)
l’intérêt philosophique (page 9)
la destinée de l’œuvre (page 10)
Bonne lecture !
RÉSUMÉ
Le titre indique que l'action se déroule dans la Thèbes antique, où les fils jumeaux d’Œdipe, Étéocle et Polynice, doivent, selon la volonté exprimée par leur père, régner tour à tour, chacun une année. La première vit Étéocle régner. Il semble donc normal que Polynice, son frère, prenne le relais. Mais Étéocle, qui est aimé par une grande partie des gens de la ville, considère qu'il vaut mieux pour tous qu'il conserve le pouvoir, au détriment d'un frère qu'il considère comme guerrier et tyrannique. Tentent en vain de les raisonner l'un et l'autre leur mère, Jocaste, leur sœur, Antigone, leurs deux cousins, Ménécée et Hémon, qui sont chacun dans un des camps ennemis, Ménécée s’étant rangé au côté d’Etéocle, Hémon au côté de Polynice pour plaire à Antigone. Ils sont les fils de Créon, le frère de Jocaste, qui suit ces efforts de conciliation avec des sentiments partagés car, son ambition personnelle lui faisant souhaiter que ses neveux s’entretuent pour régner à leur place, il encourage Étéocle dans son attitude. Aussi Polynice, aidé par une foule de partisans, assiège-t-il la ville. Jocaste obtient une trêve, et Polynice pénètre dans la cité en compagnie d'Hémon, qui est épris d'Antigone, ce dont est jaloux son père. Jocaste et Antigone ne désespèrent pas de calmer Polynice lorsque, soudain, on leur annonce que la trêve vient d'être rompue. Ménécée, s'étant imaginé, conformément à un oracle, que son acte mettrait fin à la lutte fratricide, se tue, et elle est, de nouveau, suspendue. Créon, ayant perdu un fils, semble disposé à faire la paix, mais il incite secrètement Étéocle à ne pas céder. L’entrevue souhaitée par Jocaste entre Étéocle et Polynice tourne court, et débouche sur un combat singulier. Hémon, pour complaire à Antigone, tente en vain de séparer ses cousins, et est tué par Étéocle. Le combat reprend, et Polynice, pour venger l'amant de sa soeur, trouve assez d'énergie pour tuer son frère. Jouissant trop imprudemment de son triomphe, il se félicite de le voir mourir à ses pieds, comme un sujet et non comme un roi. Mais il ne se rend pas compte qu’il n'est pas complètement mort, et Étéocle, dans un dernier élan, parvient à le tuer. Jocaste se poignarde. L'ambitieux Créon, devenu roi, juste après avoir annoncé à Antigone la mort de celui qu'elle aime, la courtise et demande sa main. Mais elle lui répond que, pour la mériter, il devra suivre son exemple : or, accablée par la mort de sa mère, de ses frères, et surtout de son amant, elle se tue avec le poignard même dont usa sa mère. Créon, qui se rend compte qu'il a causé le malheur de tant de ses proches, et notamment d'Antigone, se suicide peut-être lui aussi.
ANALYSE
Les sources
Selon Racine, dans sa préface, ‘’La Thébaïde ou Les frères ennemis’’ met en scène «le sujet le plus tragique de l'Antiquité». Il avait en effet été traité par Eschyle (‘’Sept contre Thèbes’’), Antimaque (‘’La Thébaïde’’), Sophocle (‘’Antigone’’), Euripide (‘’Les Phéniciennes’’), Sénèque (‘’Les Phéniciennes’’), Stace (‘’La Thébaïde’’).
En France, il le fut aussi au XVIe siècle, sa violence convenant à l’époque des guerres civiles : Garnier donna une ‘’Antigone’’ en 1580, et un certain Robelin en donna une autre en 1584. Au XVIIe siècle, Rotrou fit jouer une ‘’Antigone’’ (1637), à une période qui gardait un goût de la violence attesté par exemple par la ‘’Médée’’ de Corneille (1635) et encore présent dans ‘’Rodogune’’ ou ‘’Théodore’’ du même auteur (1644 et 1645). La tragédie de la violence passa au second plan après l’échec de la Fronde, et la domination, dans le public, des femmes et des mondains. Mais elle ne disparut pas. Thomas Corneille obtint un vif succès avec des pièces de ce genre : ‘’Stilicon’’ (1660), ‘’Camma’’ (1661), ‘’Persée et Démétrius’’ (1662) dont le sujet était la querelle entre ces demi-frères (après une menace de meurtre et un projet d'empoisonnement, elle s'achève par le suicide du second). Mais c'était surtout l'ambition politique qui animait ces pièces ; plutôt que les frères ennemis, c'était Créon qu'elles annonçaient, d'autant plus que I'ambition machiavélique de Stilicon coûte la vie à son fils, et qu'on conseille au père de Démétrius de condamner le sien à mort : «Pour être roi, Seigneur, il faut n'être plus père.»
Racine ne suivit pas la tradition de la mythologie et des tragiques grecs qui avaient traité le sujet. Il ne s’intéressa pas aux suites de la mort des deux frères, à la querelle de l’ensevelissement de Polynice, demandé par Antigone, refusé par Créon, son ordre étant enfreint par elle qu’il fait pour cela emmurer, qui se tue dans sa prison, Hémon la suivant dans la mort, tandis que Créon, qui n’est pas amoureux d’elle, a une femme, Eurydice, qui se pend de désespoir. Il ne garda pas la sœur d’Antigone, Ismène, mais introduisit Ménécée.
Il indiqua dans sa préface : «Je dressai à peu près mon plan sur ‘’Les Phéniciennes’’ d'Euripide», sans développer cette sobre affirmation. En réalité, il ne dut guère à Euripide que la rencontre de Jocaste et d'Étéocle avec Polynice, dont il eut I'habileté de tirer deux scènes bien distinctes (II, 3 et IV, 3) ; il le contredit même sur divers points, inversant notamment le rôle des deux frères lors du combat fatal.
Il rejeta dédaigneusement ‘’La Thébaïde’’ attribuée à Sénèque, déclarant qu’elle n'était pas de celui-ci, mais «d'un déclamateur qui ne savait ce que c'était que tragédie».
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