Si Je Mourais là-bas- Guillaume Apollinaire
Mémoire : Si Je Mourais là-bas- Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar LittleJ • 19 Janvier 2012 • 999 Mots (4 Pages) • 5 293 Vues
Si je mourais là-bas...
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie
30 janvier 1915, Nîmes
La nuit descend
On y pressent
Un long destin de sang
Guillaume Apollinaire, poète contemporain né en 1880 et mort en 1918, a vécu très difficilement la guerre 14-18, pendant laquelle il était soldat parmi les autres. Mais, plus que les autres, il est resté le témoin, l’interprète de la guerre pendant laquelle, dans ses Poèmes à Lou, il délivre ses pensées, ses peurs ainsi que ses troubles. Ce poème en particulier, nommé Si je mourais là-bas, a été écrit le 30 janvier 1915 à Nîmes. Le poème d’Apollinaire est composé de cinq strophes chacune composées de cinq alexandrins, d’un vers isolé qui est aussi un alexandrin et d’un acrostiche (poème dont les premières lettres de chaque vers forment un mot quand elles sont lues verticalement). Ce poème prend en quelque sorte la forme d’une lettre. Les quatre premières strophes sont conjuguées au conditionnel tandis que la dernière est au présent. Le plus important est cependant que dans toutes les strophes, le premier vers donne le même thème : l’idée que se fait le poète de sa mort, et le souvenir qu’il laissera derrière lui.
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