Spinoza, Traité théologico-politique
Commentaire d'arrêt : Spinoza, Traité théologico-politique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar wtf94 • 25 Mai 2015 • Commentaire d'arrêt • 1 444 Mots (6 Pages) • 2 175 Vues
Philosophie – Séries techniques – Corrigé
Explication de texte
Expliquez le texte suivant :
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On pense que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n’est pas absolument vrai, car en réalité être captif1 de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c’est le pire esclavage, et la liberté n’est qu’à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison. Quant à la conduite déclenchée par un commandement, c’est-à-dire l’obéissance, bien qu’elle supprime en un sens la liberté, elle n’entraîne cependant pas immédiatement pour un agent2 la qualité d’esclave. Il faut considérer avant tout, à cet égard, la signification particulière de l’action. Si la fin3 de l’action n’est pas l’utilité de l’agent lui-même, mais de celui qui la commande, alors l’agent est un esclave, inutile à lui-même ; au contraire, dans un État et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple, non de celui qui commande, celui qui obéit en tout au souverain ne doit pas être dit un esclave inutile à lui-même, mais un sujet. […] De même, les enfants, bien qu’obligés d’obéir à tous les ordres de leurs parents, ne sont cependant pas des esclaves ; car les ordres des parents sont inspirés avant tout par l’intérêt des enfants. Il existe donc, selon nous, une grande différence entre un esclave, un fils, un sujet, et nous formulerons les définitions suivantes : l’esclave est obligé de se soumettre à des ordres fondés sur le seul intérêt de son maître ; le fils accomplit sur l’ordre de ses parents des actions qui sont dans son intérêt propre ; le sujet enfin accomplit sur l’ordre de la souveraine Puissance des actions visant à l’intérêt général et qui sont par conséquent aussi dans son intérêt particulier.
Spinoza, Traité théologico-politique
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Questions :
1) Dégagez l’idée principale du texte et les étapes de son argumentation.
2)
a) Expliquez « être captif de son plaisir est le pire esclavage ».
b) Expliquez « la liberté n’est qu’à celui qui, de son entier consentement, vit sous la seule conduite de la raison ».
c) Que signifie l’opposition entre un esclave et un sujet ?
3) L’obéissance est-elle nécessairement contraire à la liberté ?
Correction
1) Dégagez l’idée principale du texte et les étapes de son argumentation.
L’idée principale du texte est que la liberté ne s’oppose pas à l’obéissance car la vraie liberté est d’obéir à la raison.
Spinoza commence par montrer que liberté et obéissance ne s’opposent pas. Puis il distingue plusieurs cas d’obéissance : celui qui obéit est néanmoins libre, en un certain sens, si l’ordre qu’il reçoit vise son propre intérêt. Enfin, Spinoza utilise cette distinction pour analyser plusieurs cas concrets et montrer la différence entre un esclave, un fils et un sujet.
2)
a) Expliquez « être captif de son plaisir est le pire esclavage ».
Cette affirmation est étonnante ! A première vue, celui qui agit « selon son bon plaisir » est parfaitement libre. En tout cas, un tel homme se sent libre, car il suit ses penchants et désirs naturels sans subir de contrainte extérieure.
Mais Spinoza y voit un esclavage, surtout si on est « incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile ». C’est-à-dire que notre plaisir ne nous indique pas toujours ce qui est « vraiment utile » pour nous : il suffit de penser aux drogues. L’alcool est agréable, mais nuisible. Celui qui est captif de son plaisir est comme un alcoolique : enchaîné à ses désirs, il est incapable de s’y opposer pour voir ce qui lui serait vraiment utile. C’est le « pire esclavage », car si la chaîne est invisible elle n’en est pas moins tenace ; et puisque l’homme est enchaîné à lui-même, il risque de ne jamais pouvoir être libéré. Cet esclavage ne vient pas de l’extérieur,
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