Personne Cultivée
Commentaire de texte : Personne Cultivée. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar yannloubi • 18 Décembre 2014 • Commentaire de texte • 434 Mots (2 Pages) • 972 Vues
Qu’est-ce qu’une personne cultivée ?
« Etre cultivé » est le résultat d’un processus par lequel à force d‘instruction et d’éducation, de socialisation et d’humanisation, un individu donne à voir un visage de l’humain que caricature au contraire celui que l’on qualifie d‘inculte, de barbare ou de sauvage. Le mot culture désigne ce qui est différent de la nature, c'est-à-dire ce qui est de l'ordre de l'acquis et non de l'inné. Comme le paysan travaille patiemment son champ pour faire lever le bon grain, il semble que l’homme ne donne pas spontanément ses meilleurs fruits. Lui aussi a besoin d’être cultivé, ne serait-ce que pour devenir capable de moralité.
Et la moralité consiste précisément, si l’on en croit Kant, à faire son devoir. On entend par là une exigence s’imposant à nous avec un caractère de nécessité. Un devoir est ce à quoi on est tenu, non point en vertu d’une loi de la nature qui nous déterminerait naturellement mais en vertu d’une loi intérieure à la conscience ayant elle aussi sa nécessité morale et nous révélant, à la fois, notre liberté et les résistances de notre nature à son injonction. Si être cultivé est un devoir, l’homme devrait donc se sentir obligé de développer ses talents, d’actualiser les dispositions de sa nature et de promouvoir par son effort moral le perfectionnement de son être.
Or si l’effort de « se cultiver » peut être l’enjeu d’un tel devoir, y a-t-il sens à dire que c’en est un « d’être cultivé » ? La culture n’est-elle pas d’abord un milieu dans lequel on baigne et ce que l’on a la chance de recevoir ? L’expression « être cultivé » ne semble pas compatible, à première vue, avec le principe d’une exigence morale. Les hommes deviennent ce qu’ils sont au sein de contextes culturels qui eux-mêmes sont ce qu’ils sont, en vertu d’une loi étrangère à une visée proprement morale. En quel sens peut-on dire qu’avant d’être l’enjeu d’un effort moral, la culture est ce qui nous est « extorquée pathologiquement » selon la formule de Kant ?
Pour autant, que la nécessité naturelle soit au principe du fait culturel et de son développement n’implique pas de faire le deuil d’un devoir d’être cultivé. Il se peut même que les besoins et les passions nous extorquent la civilisation pour qu’à force de civilisation nous devenions capables de moralité. Et pour un sujet moral accompli, se cultiver et promouvoir la culture de tous les membres de l’espèce humaine est bien une obligation morale. La question est en dernière analyse de savoir ce qui la fonde.
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