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L ère Numérique

Analyse sectorielle : L ère Numérique. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Mars 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 532 Mots (11 Pages)  •  678 Vues

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Introduction de la synthèse



Les écrans sont partout dans nos vies, nous vivons prisonniers dans les écrans de nos tablettes, téléphones portables.... Un nouveau monde naît sous nos yeux, qui étend son emprise non plus seulement sur nos cités-dortoirs, nos métropoles, mais sur les pratiques humaines à l'échelle planétaire. L'homme moderne se retrouve comme chez Platon dans une caverne, prisonnier des images et silhouettes. Nous fixons nos messages comme les hommes de Platon contemplent les ombres et simulacres qui défilent sur le fond, la paroi de leur grotte.

Ces 4 documents nous invitent à une méditation sur la révolution numérique, sur une conversion intellectuelle radicale, une mutation urbaine, voire peut-être anthropologique. Les écrans transforment la cité, le monde de la finance, de l'économie globalisée, la consommation, les loisirs et surtout les relations aux autres, et sans doute la relation à soi-même. Un aléa domestique, une mutation du burin de l'écriture cunéiforme au SMS, une simple évolution de la domotique ?

Les documents du corpus mettent en évidence un va-et-vient entre passé et présent, soumis à un questionnement. Il nous appartient d'explorer ici, en nous appuyant sur chacun de ces quatre textes, ce que la révolution numérique a fait, mais aussi ce qu'elle a défait.



I. Les contributions positives de l'ère numérique...



A. Une forme de libération, une renaissance démocratique



La révolution informatique s'efforce sans relâche de trouver de nouvelles voies formelles dans les échanges linguistiques. Notamment celle de l'asynchronie « à grain fin », comme le précisent les deux auteurs de « La machine internet » [1999], Michel Béra et Eric Mechoulan (document 1). Le message est interpellation, anticipation de la réponse à venir, il nous astreint à une réponse et appelle une réaction. Avec la messagerie électronique, cette réaction n'est pas forcément immédiate. Le destinataire peut répondre à l'expéditeur en prenant son temps, avec un certain décalage horaire. Et ceci, contrairement à l'appel téléphonique ou au tchat qui sont des modes de communication immédiate. Le courrier électronique, selon Béra et Mechoulan, admet les codes d'utilisation de la communication différée. Cette forme de correspondance sur Internet se caractérise par sa spontanéité et sa simplicité, sa gratuité, son efficacité, son inaltérabilité, sauf intention malveillante de pirates informatiques (ibid., document 1). D'autre part, ces mêmes auteurs ajoutent que le courrier électronique s'affranchit de tous les codes sociaux et des contraintes normatives de la lettre ou de la télécopie. Ils y voient le gage d'une démocratisation des échanges sociaux même si des détracteurs considèrent que cette ouverture démocratique brouille les repères. Ce que ne manque pas de souligner Antonio A. Casilli, dans son essai intitulé « Les liaisons numériques » paru en 2010 (document 2). La messagerie sur Internet oscille entre platitude (commérages, potinages, échange de cancans et potins) et réflexion sérieuse. Casilli cite à cette occasion un sociologue américain, Robert Kraut, qui assimile ces échanges à des « relations peu significatives ». A l'ère du tout-message, qu'il s'agisse des courriels, tweets ou autres échanges en ligne, on démultiplie nos contacts, nos liens, qu'ils soient amicaux, amoureux, conjugaux, associatifs ou professionnels (documents 1, 2 et 4). Ce type de connexion façonne désormais notre quotidien...



B. Un élargissement du cercle social



A l'heure de la dématérialisation, envoyer, recevoir un message par voie électronique, c'est nous faire éprouver chaque instant de notre vie avec une plus ou moins grande intensité. Certains courriels ou autres contacts sur internet sont de véritables bouteilles jetées à la mer, même si l'interlocuteur est éloigné géographiquement de nous. Antoni A. Casilli cite à ce propos une étude d'un think tank américain (fondation Pew Research Center) qui met en lumière l'influence du Web sur la macrodécision, autrement dit sur le mûrissement des délibérations individuelles et le déclenchement des choix de vie (document 2). La communication numérique est hybride car elle révèle une certaine créolisation des pratiques. Ces usages assez hétérogènes ou hétéroclites sur Internet ne remplacent pas, selon Casilli, la communication directe, en vis-à-vis, loin de là. Le troisième document, tiré de la correspondance de Madame de Sévigné avec sa fille, la comtesse de Grignan, démontre, s'il le fallait, que l'écriture intime nous relie au monde, à ceux que l'on aime ou qui nous sont chers. La marquise de Sévigné, une épistolière française du XVIIème siècle, s'offre le luxe, d'une certaine manière, d'être improductive. Nous sommes confrontés à un fragment de dialogue qui n'a rien de brillant ni de magistral, à un style qui n'a rien d'époustouflant non plus. Quelques bribes de nouvelles sur le petit coussin de son carrosse tiré par des chevaux remontant la vallée de la Loire. Madame de Sévigné n'étale pas ses talents d'auteur. La publication de lettres et de confidences est une manière de saper les conventions de la littérature. Quelles différences relever entre nos vieilles missives, entre nos échanges dans le régime postal, et le courriel ? Aucune, à part le délai d'acheminement de l'information, ce dont la marquise de Sévigné se plaint par ailleurs au début de sa missive (« encore que cette lettre ne parte ni aujourd'hui, ni demain » - lignes 3 et 4). La révolution informatique a-t-elle dénaturé la communication ou dévoyé les objectifs des échanges sociaux entre individus ? Les documents du panel prétendent que non, globalement. Selon les deux premiers documents, la correspondance épistolaire ne s'oppose en rien dans sa forme ou dans sa fonction à l'échange électronique. L'e-mail en tant que « dialogue verbal transcrit », que « nouvelle oralité par sténographie » annonce paradoxalement une renaissance de l'activité épistolaire et une suprématie hégémonique de l'écrit (Michel Béra et Eric Mechoulan, « La machine Internet »).

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