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Baruch SPINOZA Traité théologico-politique, XVI - Explication

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Par   •  11 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  1 811 Mots (8 Pages)  •  6 199 Vues

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DEVOIR MAISON DE PHILOSOPHIE

Explication de texte: Baruch SPINOZA “Traité théologico-politique, XVI”

Philosophe du XVIIe siècle, Spinoza est considéré comme un penseur majeur de la liberté. Dans cet extrait du chapitre XVI de son “Traité Théologico-Politique”, Baruch Spinoza se questionne sur la liberté des hommes au sein d’un état démocratique. Un problème se pose alors lorsqu’il n’y a qu’un seul homme au pouvoir, un souverain, en charge de l’application de la démocratie. Est-ce que l’homme est véritablement libre, lorsqu’il obéit à son souverain, au sein d’un état démocratique? Dans ce texte, le philosophe néerlandais met donc en relation la liberté des sujets avec leur obéissance au pouvoir de leur souverain, au sein d’un état. Spinoza cherche donc à montrer, dans ce texte, que dans un état démocratique, le sujet est libre et n’est pas l’esclave de son souverain, car obéissant aux ordres dans l'intérêt général, et donc aussi dans son intérêt particulier. Dans un premier temps nous verrons comment l’auteur hollandais présente le régime démocratique comme le meilleur moyen de gouverner, car fondé sur les critères de la raison. (lignes 1 à 14) Nous verrons dans une seconde partie comment Spinoza mêle la notion de liberté et celle de l’obéissance, dans le but de montrer qu’un homme est un sujet libre, et non pas esclave, au sein d’une démocratie. (lignes 14 à 28)

Premièrement, Spinoza présente l’état démocratique, ses buts et ses principes, dans le but de montrer que ce régime repose sur les critères de la raison, impliquant ainsi la liberté des hommes dans cet état. Dans un premier temps, Spinoza définit l’état démocratique, ses buts et ses principes. Il commence par insister sur le fait que les “pouvoirs souverains”, ou autrement dit la personne ou le groupe de personnes qui détient le pouvoir de décider des lois, ne donnent presque jamais des “ordres d’un extrême absurdité”, car c’est dans le propre intérêt du gouvernement de “veiller au bien général” du peuple. En effet, il est logique de penser qu’un ordre absurde ne serait pas accepté par tous, car la majorité des personnes choisissent avec leur raison et qu’il faudrait par conséquent instaurer ces règles absurdes par force. L'utilisation de la force sur le peuple pourrait ensuite mettre en péril la place du souverain, et ferait de ce gouvernement une dictature plutôt qu’une démocratie. Il est donc dans l’intérêt des “pouvoirs souverains” de fonder leur gouvernement et leur lois à partir des “critères de la raison”. Le philosophe hollandais insiste ainsi sur la nécessité d’un gouvernement d’établir des lois raisonnables et rationnelles. Ensuite, l’auteur définit clairement “le but et le principe d’un État démocratique”, la formulation “on sait que”, ainsi que l’utilisation du présent de vérité générale ici insiste sur l’importance de cette définition de la démocratie, selon Spinoza. Il dit que le but et le principe d’un état démocratique est d’enlever aux hommes leurs désirs et leurs envies personnelles, pour “les faire avancer (...) sur la voie de leur raison”. Du fait qu’une société dans laquelle chacun suit ses envies et fait ce qu’il veut est une société désordonnée, dans laquelle il n’y a pas de “bien général” du peuple, ce qui est indispensable dans toute vie en société. La “raison” est donc le chemin qui mène à une société dans laquelle les hommes vivent en “paix” et en harmonie. À travers l’établissement de ces buts et principes, Spinoza fait une éloge de la démocratie en présentant ce régime comme un régime qui permet la vie en société et la paix, par le biais de la raison. Spinoza écrit ensuite que si ce principe venait à être abandonné, alors “tout l’édifice s’écroulerait”. Le seul gouvernement qui dure est donc celui qui répond à ses buts et principes, c’est-à-dire l'intérêt général du peuple, en établissant des lois raisonnables. L’auteur insiste donc dans les premières lignes de l’extrait sur le fait que la démocratie repose entièrement sur les critères de raison.

Par la suite, l’auteur expose le fait qu’un état démocratique est gouverné par un souverain, qui se doit de donner des ordres au peuple et de maintenir les principes de la démocratie. Spinoza rend alors compte du fait que ce sont les “sujets” -- ici le peuple -- qui “doivent exécuter les ordres reçus” et “ne reconnaître d’autre droit que celui établit” par le souverain. Spinoza fait ensuite un raisonnement par l’absurde: “peut-être va-t-on prétendre qu’ainsi nous faisons des sujets des esclaves”. En effet, le fait de respecter les ordres d’un supérieur peut être perçu comme de l’esclavage par certains, comme il explique par la distinction qui suit dans laquelle il présente ce que beaucoup pensent être un esclave, et un homme libre. L’esclave serait “celui qui agit par commandement”, et l’homme libre “celui qui agit selon son bon plaisir”. Ces définitions absurdes de l’esclavage et de l’homme libre sont réfutés dans la phrase qui suit.

Cependant, Spinoza présente cette idée reçue ou opinion commune comme fausse. Il redéfinit ce qu’est un homme libre. Il commence par dire qu’être contrôlé par ses envies et son plaisir sans forcément respecter des règles, et sans rien faire d’utile pour soi même n’est pas être un homme libre, mais c’est être esclave de ses propres plaisirs. C’est, selon lui, le “pire esclavage”. Il inverse ainsi les définitions irrationnelles qu’il proposait auparavant. La définition de l’homme libre serait une personne “qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison.” Il serait donc faux de penser qu’un homme obéissant aux ordres rationnels et raisonnables d’un souverain soit esclave. Ca serait au contraire la raison, sur laquelle est fondée l’État démocratique qui ferait d’un homme qui respecte les lois de cet état un sujet libre. Spinoza nous donne alors une définition de la liberté dans laquelle il relie liberté et raison, en disant que la liberté c’est agir sous la conduite de la raison. Ici, Spinoza rappelle la vision rousseauiste de la liberté. Rousseau écrit effectivement un siècle après Spinoza: “La liberté est l’obéissance à la règle qu’on s’est prescrite”. Cette règle étant prescrite par raison. C’est donc cette réfutation qui permet de réellement définir la vision de Baruch Spinoza sur ce qu’est la liberté au sein d’une société, et l’importance de la raison dans l’acquerance de celle-ci.

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