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La Prise En Compte Des Différences Culturelles Remet-elle En Cause L'existence De Valeurs Universelles 

Note de Recherches : La Prise En Compte Des Différences Culturelles Remet-elle En Cause L'existence De Valeurs Universelles . Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Mai 2013  •  4 617 Mots (19 Pages)  •  4 008 Vues

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Il est évident qu'accepter que la prise en compte des différences culturelles ne remet pas en cause les valeurs universelles, en effet si l’homme est un être de culture, capable de juger par lui-même ce qui lui convient de dire et de faire, alors, ne doit-on pas admettre que la tolérance envers la diversité culturelle est la seule attitude admissible pour une société qui entend conserver honnêteté et la fierté des valeurs humaines ? Croire que le déni de la multiplicité culturelle permettrait d’accéder à des valeurs plus universelles, c’est-à-dire des valeurs qui valent pour tout homme, en tout temps et en tout lieu, reviendrait alors à accepter que s’instaure un ethnocentrisme à savoir cette tendance forte qui amène un groupe social à juger les autres par rapport à son propre système de valeurs, comme s’ils devaient absolument s’y rapporter à la manière des points de la circonférence du cercle à son centre qui rendrait acceptable que la haine et le conflit s’inscrivent comme facteur de la préservation des valeurs universelles. Cela reviendrait alors à valider la guerre de tous contre tous pour instaurer des valeurs communes à tous. Il y a là une aberration théorique qui heurte notre conscience morale.

En finir avec l’acceptation de cette pluralité culturelle apparaît donc comme inconcevable. Prendre en compte cette diversité culturelle, l’accepter dans sa différence et reconnaître sans préjugés sa singularité propre, est le seul comportement que notre raison accepte de juger comme digne de l’humanité qui est la nôtre. Et pourtant, n’est-ce pas parce que l’homme a trop souvent toléré ce pluralisme culturel que des valeurs comme celles de l’humanité ont été bafouées, engendrant des pratiques barbares et inhumaines pour des sociétés occidentales : ainsi, comment des pratiques anthropophages ont-elles pu se perpétuer dans les cultures amazoniennes notamment ? Doit-on y voir une simple tradition culturelle qui s’inscrit dans les valeurs d’une ethnie donnée et dans ce cas il nous faut reconnaître qu’aucun prétexte valable nous permette d’intervenir, ou doit-on y voir un reniement des valeurs de l’humanité ? N’est-ce pas aussi parce que l’homme, sous prétexte d’acceptation des divergences culturelles, s’est détourné et désintéressé de son semblable que des exclusions, des ghettoïsations et des comportements communautaristes ont pu voir le jour, remettant violemment en cause des valeurs qui se voulaient universelles ? Par conséquent, si la tolérance de ce multiculturalisme est ce par quoi est garantie la préservation de valeurs universelles, par la reconnaissance d’autrui en tant qu’être humain libre, digne par la même de respect tant de son être que de la culture qui est la sienne, elle est aussi ce par quoi des valeurs à prétention universelle sont remises en question. Dès lors, il semblerait que l’unité des valeurs humaines soit au cœur du sujet, unité mise en danger par ce relativisme moral latent. D’un contient à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre et même d’une maison à l’autre, les principes moraux sembleraient différer à cause de cette différence d’héritage culturel. Néanmoins, ne doit-on pas affirmer qu’il existe des valeurs qui transcendent ces différences culturelles ? En effet, si l’on punit l’assassinat différemment d’une culture à l’autre, l’acte même de tuer n’est pas pour autant remis en cause. Au-delà de l’éducation et des traditions qui sont les siennes, l’homme est avant tout un être de raison et c’est elle qui lui permet d’agir selon son désir et sa responsabilité. Le dilemme dans lequel nous entraîne le sujet se perçoit précisément : doit-on dépasser l’appartenance culturelle inhérente à chacun de nous et dépasser ces différences de codes et de normes entre les cultures afin d’atteindre des valeurs qui soient valables pour tous et dans ce cas il nous faut admettre qu’il existe bien des valeurs communes à tous et qui se doivent d’être conçues en dehors de toute culture particulière ? Ou bien, si l’on se réfère aux travaux de l’ethnologie, doit-on plutôt se demander si cette diversité culturelle rend radicalement impossible l’existence de valeurs qui transcendent ces divergences, susceptibles dès lors de s’appliquer universellement, étant donné qu’une civilisation donnée n’a pas plus de valeur qu’une autre culture ? Ainsi perçu, le sujet nous amène à nous demander si ces valeurs sont ancrées au sein d’une communauté donnée, ou si elles peuvent, au contraire, s’affranchir de ces divergences culturelles en puisant leur valeur d’une source extérieure, c’est-à-dire indépendante des cultures particulières.

Tous les hommes sont conçus sous ce vocable d’humanité, c’est-à-dire qu’ils appartiennent à ce qu’on nomme genre humain. Alors, pourquoi au sein même d’un genre qui se veut d’une unicité absolue les hommes sont aussi différents ? Doit-on y voir une scission du genre humain à cause de ces différences, même s’il semblerait qu’il existe des valeurs qui semblent être partagées par tous ? Doit-on dès lors envisager un relativisme absolu qui nous mènerait à rejeter, à juste titre, les thèses ethnocentristes, mais alors certaines dérives sont possibles parce qu’elles se justifieraient d’un héritage culturel, ou bien doit-on admettre qu’une telle diversité puisse se voir dépassée vers des valeurs communes, universelles et nécessaires, qui ne tendent cependant pas à dissoudre la pluralité culturelle dans une homogénéisation culturelle insipide ? Confrontés à un tel dilemme, il nous faudra tout d’abord voir en quoi les différences culturelles ne sont pas naturelles et qu’elles permettent alors à l’homme de s’élever vers les valeurs universelles qui sont les siennes. Mais il nous faudra aussi rendre compte de ces limites et analyser les raisons pour lesquelles la prise en compte des valeurs des différentes cultures remet en cause l’existence de valeurs universelles. Enfin, il nous faudra reconnaître que c’est précisément l’universalité qui fait la valeur des cultures, et c’est pourquoi les différences culturelles n’atteignent pas les valeurs universelles.

Il nous faut montrer que les différences culturelles ne sont pas naturelles, et que toute forme d’intolérance culturelle est condamnable, en ce qu’elle met en péril la possible existence de valeurs universelles, que sont la paix et la tolérance.

Dans son ouvrage l’Education, entrée dans la culture, Jérôme Bruner pose radicalement l’absence de véritables différences culturelles qui scinderaient l’humanité en des pôles violemment antagonistes, capables d’entraver

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