Faut-il n'obéir qu'à soi-même pour être libre ?

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Sujet : « Fais ce que voudras »

Analyse du sujet :

Amorce/ La vie en société en général peut sembler contradictoire avec l’aspect de liberté étant donné que chaque individu doit répondre à certaines contraintes. Cela nous amène à nous questionner sur notre liberté et sur le poids que nous avons sur elle. Avant de commencer l’analyse, il semble important de définir les termes du sujet. Tout d’abord la citation du sujet est tirée de l’œuvre Gargantua de Rabelais où il propose « fais ce que voudra » comme seule règle régissant une communauté imaginaire. La principale caractéristique de la vie de cette communauté semble être leur totale liberté, leur vie est dictée par leurs simples désirs. Parallèlement à cela, on peut remarquer que l’expression est employée au futur ce qui implique que la réflexion a déjà été pensée avant d’être formulée. S’ajoute à cela l’emploi de la deuxième personne du singulier ce qui signifie que cette expression s’applique à un individu bien spécifique et non un groupe. De ce fait, il peut être intéressant de se demander si l’homme doit obéir exclusivement à lui-même pour se sentir libre. Et n'obéir qu’à soi-même mène t-il réellement à la plus haute forme de liberté ? Pour cela nous montrerons qu’à première vue, l’homme doté d’une raison peut obéir à lui-même pour se sentir libre. Nous verrons ensuite qu’à mieux y réfléchir l’homme peut très bien obéir à des instances extérieures et se sentir tout aussi libre. Enfin, pour aller un peu plus loin dans la réflexion, nous montrerons que c’est peut-être la culture de l’âme et donc le fait de philosopher qui fait que l’homme se sent libre.  

1. L’homme est libre par nature et doté de raison, il peut donc obéir à lui-même pour se sentir libre

• En effet, le seul fait que l’homme est un être pensant, en reprenant les mots de Descartes, donc doté d’une raison peut lui permettre de se sentir légitiment libre en n’obéissant qu’à lui-même. On peut dès lors citer Épicure qui a affirmé que « Quand on se suffit à soi-même, on arrive à posséder le bien inestimable qu’est la liberté » En d’autres termes, Epicure affirme que c’est par nos actions personnelles, nos propres décisions que l’on arrive à posséder, à obtenir cette liberté tant désirée.
• De plus, même Spinoza chez qui la liberté ne va pas forcément de soi, affirme qu‘elle n’est pas pour autant impossible à acquérir. Pour accéder à la liberté, l’homme doit se déterminer lui-même à agir et à penser. Il doit, pour cela, décider ce qui est bon et utile par lui-même. Ainsi c’est par ses propres actions que l’homme peut accéder à la liberté. En somme, l’homme étant doté d’une raison, ce qui par ailleurs lui permet de se différencier de l’animal, peut et même doit obéir à lui-même pour se sentir réellement libre.

1.  Mais, à mieux y réfléchir, l’homme peut avoir besoin d’un certain cadre pour se sentir encore plus libre

• Tout d’abord, dire oui à tout ce que l’on désire peut-être également la manifestation d’un manque de liberté, d’une aliénation, être esclave de ses passions. Et donc en cela, obéir exclusivement à soi-même peut s’avérer être contradictoire avec sa propre liberté. Ainsi c’est la loi, si elle est bien écrite, si elle vise l’intérêt commun, peut permettre de se libérer de l’esclavage de ces pulsions et donc finalement de se sentir plus libre. En cela, nous pouvons citer la citation de Rousseau qui affirme « L’impulsion du seul appétit est esclavage, l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ». Il affirme dans cette citation, dans le cadre d’un Etat Idéal, que les lois permettent de nous libérer de nos pulsions et que c’est en obéissant aux lois qu’on devient un citoyen idéal, qui se sent donc libre.
• De plus, une action faite dans l'obéissance autre que soi-même peut être toutefois être une forme de liberté si elle est conforme à ma volonté. L'enfant n'est pas capable d'agir toujours en suivant la raison ; il a donc besoin de d'abord suivre la raison de ceux qui l'éduquent pour apprendre ensuite à agir en suivant non ses désirs, mais la raison. L'obéissance est alors la condition de l'avènement de sa liberté, à condition que ce à quoi il obéit soit conforme à la raison ; il sera ainsi ensuite capable de suivre sa raison.

1. C’est la culture de l’âme (la philosophie) qui permet à l’homme de se sentir libre  

• Nous pouvons dire que la philosophie cultive notre âme, elle est donc nécessaire à notre développement intellectuel. En cela, nous pouvons dire que c’est par la philosophie, cette discipline qui cultive l’âme que l’homme peut se sentir le plus hautement libre. On peut, ici s’appuyer sur le célèbre philosophe Cicéron qui affirme que « la culture de l’âme c’est la philosophie » / «  cultura philosophia est ».A travers cette citation, Cicéron nous dit que seule la philosophie est capable de dépasser la nature, le caractère naturel de l’homme et donner à l’esprit de l’homme, donc à son âme son plus haut degré.

• On retrouve cette idée chez Platon.  Le but de la philosophie, selon Platon, est de permettre à l’homme de connaître l’essence des choses, c’est-à-dire le Vrai, le Beau et le Bien. Cette quête spirituelle permet donc d’élever l’âme et le corps se doit être serviteur de l’âme. Le but est donc d’apporter les soins nécessaires aux corps et à l’âme pour que le corps ne perturbe pas l’âme dans sa quête de la vérité, voire qu’il la seconde. Ainsi, encore une fois, cette culture de l’âme et plus généralement la philosophie permet à l’homme finalement de se sentir complètement libre et surtout plus libre intellectuellement. 

• Conclusion ;

Au terme de notre analyse, nous pouvons donc dire que d’un côté c’est en obéissant à lui-même que l’homme se sent libre et épanoui étant donné qu’il est doté d’une raison lui permettant de faire de bons choix et prendre de bonnes décisions. D’un autre côté, obéir à d’autres instances que lui-même lui permet d’acquérir cette même liberté. Cependant, en allant un peu plus loin on pourrait dire que c’est par la philosophie et donc le fait cultiver, de s’occuper de son âme que l’homme peut se sentir réellement libre. Il pourrait être à présent intéressant de se demander pourquoi l’homme doit être libre ? est-ce une nécessité pour son développement ?

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