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Faut-il être seul pour être soi-même ?

Dissertation : Faut-il être seul pour être soi-même ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Février 2020  •  Dissertation  •  2 155 Mots (9 Pages)  •  806 Vues

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L'influence est l'idée d'une modification d'un état ou d'un mouvement premier, spontané. Pour l'opinion commune, l'influence se doit être nécessairement négative, elle serait facile à repérer et donc facile à rejeter, ainsi, il paraîtrait facile de penser par soi-même, puisqu' il suffirait de refuser toutes les influences et de rester spontané. Or, si on doit exclure absolument toute influence, on se situe dans le cas extrême des enfants sauvages qui n'ont reçu aucune éducation, puisque, l'inné chez l'homme nécessite toujours un apprentissage pour être exercé dans les faits. Et cet apprentissage représente bel et bien une influence. Alors, exclure ainsi comme le suggère l'opinion commune toute influence y compris celle de l'éducation, est-ce souhaitable ? N'est-ce pas plutôt une illusion et également une abérration ? L'opinion commune suppose aussi l'existence d'une pensée personelle, déjà constituée, et, ce en dehors de toute influence. Or, d'une part, n'y a-t-il pas là une confusion entre pensée spontanée et pensée personnelle ? Cette pensée spontanée, pseudo-personnelle, n'exprime-t-elle pas plutôt toute une série d'influences subies depuis l'enfance ? D'autre part, si tel est le cas, on ne cherchera pas à refuser ces influences dont on n'a pas conscience. Nous pouvons désormais nous poser la question qui est de savoir s'il est nécessaire de rejeter toutes les influences pour être soi-même ? Pour répondre à cette question, nous commencerons par aborder le sujet sur le fait de refuser toute influence pour penser par soi-même, puis en quel sens il est nécessaire d'être seul pour être soi- même, et enfin s'il est possible d'être soi-même sans les autres.

L'opinion d'autrui n'est pas forcément la vérité. Ainsi que l'écrit Alain dans Mars ou la guerre jugée: "Chacun a pu remarquer, au sujet des opinions communes, que chacun les subit et que personne ne les forme." Voilà le travers de l'opinion: elle me conduit à penser, non par moi-même, de manière libre et autonome, mais, bien au contraire, en me conformant à l'avis général. Avis général que l'on suit souvent par paresse et parfois par lâcheté. Aussi, doit-on bien se garder de subir l'influence de l'altérité si on veut conquérir une autonomie de pensée. C'est-à-dire, une pensée émanant pleinement et totalement de notre « moi », une pensée qui nous est propre. Penser à la première personne, c'est passer par la période du doute. Dans Le discours de la méthode, Descartes prend le parti de rejeter tout ce qu'on lui avait enseigné, ainsi que tout ce qui pouvait faire l'objet de la plus petite incertitude. En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute. Il pouvait ainsi entreprendre la construction de sa propre réfléxion en étant sûr de ne plus plus subir l'influence de connaissances mal assurées. Le doute est, pour Descartes, la condition de possiblité même d'un accès à la vérité. Et l'on sait, qu'au bout de ce doute méthodique et hyperbolique, sortira la certitude de l'existence d'un sujet à la premère personne du singulier ("Je pense donc je suis.").

L'homme doit tout à ses semblables. C'est à autrui que l'on doit la capacité d'accéder au language et de penser. Autrement dit, si on est un être doué de parole et de pensée, c'est précisément parce que d'autres nous ont parlé et nous ont appris à penser. On sera à jamais influencé par l'éducation que l'on a reçu, par le milieu social dans lequel on est né, par notre passé. L'homme est fait avant de faire. Il est vain de prétendre qu'il faut se méfier de toute influence pour penser par soi-même puisque on doit aux autres le fait de pouvoir réfléchir en tant que personne douée de raison. L'autre n'est-il pas la condition de possibilité même de notre être. La connaissance de soi ne passe-t-elle pas nécéssairement par la reconnaissance d'autrui ? Autrement dit, Jean-Paul Sartre l'a montré avec la thématique du regard, c'est le regard qu'autrui porte sur nous-même qui nous permet de prendre conscience de ce que l'on est. Nous n'avons pas à rejeter l'avis que les autres ont sur nous . Car c'est cet avis même qui permet de nous connaître. La connaissance de soi passe par la reconnaissance d'autrui. Par exemple, c'est parce que les autres nous disent être curieux ou jaloux que l'on sait être ainsi. Le jugement d'autrui nous permet de mieux nous connaître. Maintenant que nous avons démontré que nous n'avons pas à craindre toute influence pour penser par soi-même, nous démontrerons que cependant il est possiblement nécessaire d'être seul pour être soi-même.

La vie sociale nous pousse à ne pas être nous mêmes. Schopenhauer a dit que nous sacrifions notre individualité à la société. En effet, en société, il faut toujours plaire, être conforme à une certaine image sociale. En société, on passe notre temps à jouer un rôle. Le rôle de l'élève, le rôle de la fille, le rôle que la personne que l'on a en face de soi s'attend à voir dans notre comportement. Ce n’est pas pour rien que la monumentale oeuvre de Balzac s'appelle La Comédie Humaine. Il faut prendre garde à ne pas blesser la sensibilité des gens que nous côtoyons en affirmant ce que nous pensons. Ces contraintes empêchent d'être soi même. l'Homme est tenu de masquer ce qui fait de lui un individu, c'est à dire un être dont la sensibilité, dont le passé, ne ressemblent à aucun autre. Jean Jacques Rousseau affirmait, dans Discours sur les sciences et l'art : "Il règne dans nos mœurs une vile et trompeuse uniformité, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans le même moule". La vie en société prive l'Homme de dévoiler ses pensées et ses sentiments les plus sincères. Enfin, selon Sartre, l'existence d'autrui est la chute originelle, car dès que l'autre apparaît on ne se voit plus qu'à travers son regard. Comme il renvoie une fausse image de nous même, on ne se voit plus tel que nous sommes, et donc nous n'agissons plus comme comme nous sommes mais comme il nous voit. A travers l'autre on devient un objet et non pas ce que l'on est.

Les autres empêchent d'être nous même par l'éducation qu'ils apportent. Les enfants, par exemple, sont obligés de répondre à des modèles sociaux qui ne respectent pas leur individualité. Pour s'affirmer, l'homme a

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