Faudrait-il être seul pour penser par soi-même ?

Faudrait il être seul pour penser par soi même ?

« Par la langue, l’homme assimile la culture, la perpétue ou la transforme » dit Emile Benvéniste dans les Problèmes de linguistique générale, il essaye de nous faire comprendre que autrui permet à un individus de se cultiver puis par la même occasion perfectionner son esprit critique. Lorsque on s'interroge sur la pertinence de l'isolement pour accéder à une pensée autonome et pour l'exercer, on se rend immédiatement compte que ce sujet met en relation plusieurs termes importants. L'utilisation de terme « Être » implique l’existence d'un sujet, une personne capable de critiquer et de porter des réflexions. Ensuite l'emploi du terme « seul » insinue une isolation du personnage, un endroit où autrui ne lui portera pas préjudice et enfin l'usage des termes « soi-même » implique la réflexion autonome et objectif du sujet, une réflexion qui se créée seulement grâce à la capacité de critiquer de cette même personne.

Pour Descartes la pensée est associée dans sa partie noble à la conscience. S'interroger sur la pertinence de s'isoler pour penser de manière autonome implique de nous isoler d'autrui et du monde afin de trouver un lieu où l’on peut penser en paix, où l’on peut rester objectif et neutre et faire de bon choix à partir de nos propres pensées. Quand a l'expression « penser par soi même », elle annonce la mise en œuvre de choix, de valeurs, ou de connaissance dans la vie quotidienne que l'on s'appliquent à soi – même, par soi même. Cependant on peut se demander si l'échange avec un semblable n'est par utile voir indispensable à l'expression d'un réel intérêt dans notre pensée. Lorsque autrui met en doute un interlocuteur, celui ci doit argumenter, réfléchir davantage, raisonner. Cela contribue à connaître sa pensée au delà de l'impression sensible.

Alors est ce que l'on doit s'isoler d'autrui et du monde pour formuler une pensée autonome ou est-il nécessaire de dépasser, parfois à l'aide d'un échange contradictoire avec un autre moi même, notre premier point de vue pour accéder à un meilleur raisonnement qui pourra devenir autonome ? Autrement dit une pensée libre émanant de soi est elle possible lorsque on est en société ?

S'il est vrai qu'a première vue lorsque un individu se retrouve seul avec lui-même, sans interférences extérieures, il accède à la formulation de ses pensées plus facilement par lui-même, toutefois la présence constructive d'autrui, l'entretien d'un dialogue, autorise à dépasser intelligemment un premier point de vue  : cette intelligence avec autrui contribue à construire une pensée en commun. Cette échange nous apporte et nous construit si bien que l'on reconnaît plus facilement les valeurs utiles à une pensée raisonnable, autonome, développée à l'aide d'un jugement critique et rationnel.

Dès que l'on réfléchit sur la question de savoir s'il faudrait être seul pour penser de manière autonome on peut considérer, généralement, l'utilité de se mettre à part. S'isoler permet d’écarter en effet, le brouillage qui perturbe la formation de sa pensée.

Ceci permet d’échapper aux modes et aux opinions toutes faites .Un être pensant exprime également un besoin de penser l'univers de la manière la plus objective possible. On peut citer dans cette veine l'exemple des moines qui se replient du monde pour mieux se recueillir et ainsi développer leur spiritualité et l'élévation de leur pensées dans le sens de leur foi. L'homme a besoin de s'isoler pour pouvoir penser à ses propre idées. Cela lui permet de refuser toute opinions d'autrui pour imposer ses propres pensées. La vie en communauté nous oblige à réfléchir différemment car nous partageons nos connaissances avec autrui. En effet, lors de la confrontation avec autrui, nous devons penser d'une certaine manière pour paraître similaire et ainsi se fondre dans une image social complètement faussé par les préjugées de la liberté d'expression. Cette vie prive l'humain à révéler ses réel pensées les plus sincères. En présence d'autrui, le sujet pensant se recueille en fonction de quidam pour paraître plus captivant et fausse la véritable pensée qu'il éprouve. Par conséquent le sujet ne médite pas tel qu'il doit le faire, mais il raisonne conformément aux pensées d'autrui.

Cependant, si le sujet veux penser par lui même il faut qu'il vérifie ce qu'il sait et qu'il exerce un doutes sur ses savoirs acquis. Ainsi, depuis les philosophes de l'école sceptique de l'antiquité, une méthode d'exercice du doute à été proposée. Il convient pour ces philosophes de suspendre son jugement pour douter de nos perceptions. Il convient également de douter pour avoir du recul sur nos connaissances. Les sceptiques place le doute à la base de l'intelligence parce qu'ils pensent qu'une connaissance fondée sur notre propre réflexion rationnelle vaut mieux que les connaissances indirectes et contradictoires que nous avons pu acquérir au court de notre éducation.

Descartes s'inscrit dans la lignée de cette école sceptique et applique ainsi une manière de s'isoler de l'opinion commune pour y réfléchir et former sa propre pensée. C'est pourquoi dans le prolongement du scepticisme antique Descartes, dans le discours de la méthode, propose le doute comme point de départ de sa réflexion. Afin d'arriver a une connaissance véritable, Descartes décide de mettre en doute tout ce qu'il avait apprit. Il cherche à former une pensée libre par l'isolement de sa réflexion comme il indique en citant « il est presque impossible que nos jugements soient si purs ni si solides qu'ils auraient été si nous avions eu l'usage entier de notre raison dès le point de notre naissance, et que nous n'eussions jamais été conduits que par elle ».

C'est pourquoi

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