Le beau pour Kant
Dissertation : Le beau pour Kant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nour Drira • 21 Novembre 2020 • Dissertation • 1 418 Mots (6 Pages) • 1 233 Vues
Pour Emmanuel Kant, “ il y a deux espèces de de beauté : la beauté libre (pulchritudo vaga en latin) ou la beauté simplement adhérente (pulchritudo adhaerens). La première ne suppose nul concept de ce que doit être l'objet ; la seconde suppose un tel concept, ainsi que la perfection de l'objet par rapport à ce concept1 ”. En effet, il considère que la beauté adhérente est une chose que l'on trouve belle du fait de de son adhérence à un concept d'une fin particulière. En effet, il se trouve que l'on va trouver la chose belle non pas pour son côté esthétique ou artistique mais pour l'intérêt que l'on porte à cette chose ou au concept auquel elle adhère. En d'autres termes, c'est une beauté conditionnée aux yeux de Kant. A contrario de la beauté libre, qui n'adhère à aucun concept. Ce qui fait que si l'on trouve la chose belle c'est vraiment grâce à sa beauté esthétique ou artistique. Ou comme dirait Kant, dans ce cas, le jugement de goût est pur.
Pour mieux assimiler ces deux définitions, nous allons nous intéresser à deux œuvres différentes. Pour la première, il s’agit de One and Three Chairs de Joseph Kosuth datant de 1965. Une œuvre emblématique du début de l’art conceptuel qui se présente sous forme de 3 différentes représentations d’un objet réel et ordinaire qu’est une chaise quelconque : la chaise, sa photographie en noir et blanc, et sa définition rapportée d’un dictionnaire anglais. Tandis que la deuxième, c’est une œuvre majeure d’Anthony Caro : une sculpture abstraite sous forme d’un arrangement de pièces métalliques peintes en rouge, sans accents évidents ni éléments représentatifs.
Il s’agit pour nous de discerner la manière dont ces oeuvres mettent en jeu des beautés libres et des beautés adhérentes. À première vue, on pourrait considérer que One and Three Chairs est une beauté adhérente contrairement à Early One Morning qui semble être une beauté libre. Mais, peuvent-elles se révéler des beautés adhérentes et partiellement libres à la fois ? Est ce qu’on pourrait, en effet, après une réflexion déceler une association des beautés libres et des beautés adhérentes dans ces deux œuvres ?
Pour répondre à cette question, nous allons nous pencher vers une hypothèse où chaque œuvre appartient à une espèce de beauté bien spécifique au premier abord.
Puis, nous nous demanderons si, après avoir effectué un travail de réflexion sur ces deux œuvres, on ne pourrait pas remarquer la présence de l’ensemble des deux espèces dans ces derniers.
Au premier abord, il semble en effet correct de dire que One and Three Chairs est une beauté adhérente. Dans la mesure où, dès qu’on voit l'œuvre, on reconnaît la chaise, sa photographie, et sa définition il y aura un jugement théorique. Effectivement, comme le dit Lories Danielle dans son article Kant et la liberté esthétique, “ dans le cas du jugement d’agrément - c’est-à-dire d’un jugement lié à une satisfaction où il y a du plaisir (...) procuré par la perception d’un objet des sens - ce qui est en cause c’est nous dans la mesure où notre plaisir dépend de l’existence de la chose que nous nous ‘’intéressons’’ à cette dernière. “ Ce qui implique que, selon la conception kantienne, dès lors que nos sens reconnaissent un objet, nous éprouvons une satisfaction que Kant l’exprime par “plaisir intéressé” ce qui rend notre jugement de goût impur. La première phrase du paragraphe 14 vient confirmer nos propos : “ Un jugement de goût n’est donc pur que pour autant qu’aucune satisfaction uniquement empirique ne vient se mêler à son principe déterminant. “
Par ailleurs, cela nous mène à dire que trouver la sculpture abstraite de Caro belle est le résultat d’un jugement pur puisque dès lors qu’on voit la sculpture, il nous paraît évident qu’elle “ ne suppose nul concept de ce que doit être l’objet”. En effet, c’est juste un rassemblement de pièces métalliques sans accents précis. Donc, sa beauté nous procure un plaisir désintéressé ce qui la rend une beauté libre. Mais est-ce vraiment un arrangement de pièces dénué de représentations ou de finalités précises ?
Nous avons donc montré précédemment que chacune des œuvres met en jeu une espèce de beauté bien spécifique
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