Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

Ce sujet nous invite à réfléchir sur la nécessité, l'exigence morale ou psychologique de ne pas conserver dans la mémoire son vécu propre ou celui des autres, voire l'Histoire, afin d'être l'auteur de ce qui nous arrivera, des choix

possibles que nous offre le futur. Nous allons donc réfléchir notre rapport au passé,

tenir compte du présent pour évaluer le futur plus ou moins proche avec l'idée selon

laquelle le passé serait un poids. Comment le passé peut-il être considéré comme un

poids pour l'avenir alors que sans la connaissance de notre passé, nous ne pourrions créer notre avenir ? Pour répondre à cela, nous traiterons tout d'abord du poids

pour l'avenir qu'est le passé, puis nous nous interrogerons sur le bénéfice

qu'apporte la conscience du passé pour l'avenir et enfin nous aborderons le fait que

le passé est le seul appui dans l'instant présent.

Tout d'abord, nous allons nous intéresser au passé qui est un poids pour nut

l'avenir.

Dans un premier temps, la nature même de l'homme est d'être tournée vers

l'avenir. Il anticipe, il fait des projets, il imagine. Il choisit ses actes en fonction de leurs conséquences pour le futur. Un homme tourné vers le passé est donc un homme dit «à l'envers» et souvent jugé comme déséquilibré. C'est un homme qui a peur d'affronter le futur et qui se réfugie dans le passé. Car le passé est rassurant, même s'il est laid et triste, dans la mesure où on le connaît et où on ne peut plus le modifier. Il s'agit ici de reconnaitre que le passéisme nous renvoie à l'incapacité de nous tourner vers l'avenir pour nous construire, il nous paralyse et est souvent synonyme de remords et de regrets. C'est cependant une illusion que de penser pouvoir se réfugier dans le passé. Car ce dernier n'existe pas, c'est sa définition même. Toutefois, l'avenir n'existe pas non plus. «Ni l'avenir, ni le passé n'existent» (Saint Augustin, Les Confessions). Mais l'avenir n'existe pas encore, il est à construire, à bâtir. Le passé quant à lui, n'existe plus. Il est donc préférable de

l'oublier, car l'on ne peut plus le modifier. De plus, il faut l'oublier, car c'est une nécessité vitale. «Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l'instant présent ne pourrait exister sans faculté d'oubli.» (Nietzsche, Généalogie de la morale). La conscience n'est pas infinie, il faut donc pouvoir oublier le passé afin de faire place à la nouveauté, se débarrasser du poids

du passé pour pouvoir librement se tourner vers l'avenir. Sans oubli, nous seront toujours hantés par les fantômes du passé il serait donc impossible d'avoir l'esprit libre pour faire face à son futur, nous finissons par nous assimiler le présent sur le modèle d'un passé encore trop envahissant. C'est notamment le cas avec l'esprit de vengeance. Nous sommes incapables de voir le présent détaché du passé, on y rejoue le passé de là découle des répétitions et une absence de progrès. Négliger le passé peut apparaître comme quelque chose de nécessaire, mais est-

ce pour autant légitime et raisonnable de n'avoir aucune connaissance du passé ?

L'homme peut-il malgré vivre sans être conscient de son passé, peut-on s'abstraire

complètement de cette partie de nous-mêmes ?

Nous allons maintenant aborder le fait que sans conscience du passé il n'y aurait pas d'avenir. L'homme a deux mémoires. La mémoire du souvenir qui peut être en partie effacée par l'oubli. Et la mémoire de l'habitude qui elle ne disparait pas facilement. Car l'habitude influence énormément notre comportement, et par conséquent notre manière d'envisager l'avenir.

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