Cours sur la conscience
Cours : Cours sur la conscience. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Quentin Guldner • 21 Mai 2019 • Cours • 2 492 Mots (10 Pages) • 777 Vues
La conscience
Introduction :
Selon l'opinion courante, la conscience est quelque chose qui nous définit en tant qu'êtres humains, et qui nous garantit que nous savons qui nous sommes, que nous savons ce que nous vivons, et ce que nous faisons. Pourtant, rien n'est plus facile que de remettre en cause les certitudes apparentes que nous donnerait notre conscience : il suffit d'un rêve un peu plus intense que les autres, d'un désaccord avec autrui sur un souvenir commun par exemple, pour se rendre compte de la fragilité de notre lien à la réalité.
Si la conscience n'a pas le pouvoir de nous garantir que nous savons ce que nous savons, est-elle bien de l’ordre de la connaissance, ou seulement une sorte d’illusion que nous nous faisons sur nous-mêmes?
Pour répondre à ces questions, il faudrait d'abord voir en quoi la conscience constitue un pouvoir de connaître, avant de nous demander s’il est possible de se connaître soi-même. On pourrait alors évaluer la signification de la conscience pour l'individu.
I. La conscience comme pouvoir de connaître
La conscience apparaît d’emblée comme un certain type de connaissance, mais cette connaissance ne serait pas une connaissance discursive (= un discours démontrable constitué par des raisonnements), elle ressemblerait plutôt à une intuition : je sens peut être plus que je ne sais que je suis moi, et qu'il y a un monde qui m'entoure. Mais on a déjà vu que, en tant qu'intuition précisément, cette connaissance ne peut pas se démontrer en cas de doute. Faut-il en déduire que nous ne pouvons rien savoir sur rien ? Nous allons tenter de répondre à cette question avec un texte de Descartes.
Je ne sais si je dois vous entretenir des premières méditations que j'y ai faites; car elles sont si métaphysiques et si peu communes, qu'elles ne seront peut-être pas au goût de tout le monde: et toutefois, afin qu'on puisse juger si les fondements que j'ai pris sont assez fermes, je me trouve en quelque façon contraint d'en parler. J'avais dès longtemps remarqué que, pour les mœurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables, ainsi qu'il a été dit ci-dessus ; mais pour ce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu'il fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point après cela quelque chose en ma créance qui fût entièrement indubitable.
Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avait aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font imaginer ; et parce qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que j'étais sujet à faillir autant qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations ; et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons étant éveillés nous peuvent aussi venir quand nous dormons, sans qu'il y en ait aucune pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que les illusions de mes songes.
Mais aussitôt après, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose ; et remarquant que cette vérité, je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.
Descartes, Discours de la méthode, quatrième partie, 1637
On a dit que la pensée cartésienne inaugure les philosophies du sujet, comme si le sujet pouvait se connaître lui-même de façon privilégiée ; comme si on ne pouvait jamais douter de soi-même ou de ce que l'on est. Mais il est clair que Descartes n'est jamais allé jusque-là ; pour lui ce qui importe c’est surtout que la connaissance est une activité du sujet, et d’ailleurs à plusieurs reprises dans son œuvre il admet que l'on ne se connaît jamais parfaitement. Il est vrai qu’en même temps, il attribue ces difficultés à la complexité des rapports entre le corps et l'esprit, et que pour lui la pensée, est tout de même transparente à elle-même. Cependant, de nombreux auteurs vont insister sur la complexité des rapport entre l'individu et sa connaissance de lui-même. La pensée cartésienne détermine la conscience comme un pouvoir de connaître ; mais est-il possible de se connaître soi-même parfaitement ?
II. La connaissance de soi et la remise en question du sujet
La pensée cartésienne apparaît à juste titre comme fondatrice dans les réflexions sur la subjectivité, mais premièrement, on a rarement l'impression de se connaître parfaitement, et deuxièmement, il n'est pas toujours évident de comprendre ce que nous devons entendre par « Je ». La conscience ? Un composé de corps et d 'esprit ? Une personnalité à découvrir ? Le modèle cartésien décrit l’individu de façon dualiste. Le monde entier peut être divisé en corps étendus et en esprits pensants. Le dualisme cartésien est extrêmement simple et efficace mais il ne permet pas de se faire une représentation convaincante des rapports de l'âme et du corps. Comment l'âme agit elle sur le corps, et comment se fait-il que le corps puisse résister ? Finalement, on pourrait penser que la conception cartésienne du sujet ouvre une série de question que plusieurs doctrines ultérieures vont se charger d'examiner. La plus célèbre d'entre elles est probablement celle de Freud.
« Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme, dès que c'est suffisamment important, parce que ta conscience te l'apprendrait alors. Et quand tu restes sans nouvelles d'une chose qui est dans ton âme, tu admets, avec une parfaite assurance, que cela ne s'y trouve pas. Tu vas même jusqu'à tenir « psychique » pour identique à « conscient », c'est-à-dire connu de toi, et cela malgré les preuves les plus évidentes qu'il doit
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