Commet une parole peut-elle être persuasive ?

Commet une parole peut-elle être persuasive ?[pic 1][pic 2]

     Pour être persuasive une parole doit être présentée d’une manière à interpeller son auditoire en jouant sur la place même de l’orateur mais aussi avec la place du public.

Nous pouvons observer ces procédés et cette façon de s’exprimer au chant I de l’Odyssée dans lequel Athéna demande à Zeus de prendre le parti d’Ulysse en obligeant Calypso à le laisser partir

L’orateur habile use à la fois du « je » et de « nous » : ‘’ si j’ai le cœur brisé ‘’ Le pronom de la 1ère personne du pluriel lui permet de créer une communauté d’intérêts, de pensée : il fait ainsi du public son complice. De plus, pour frapper l'esprit de l'auditoire, le locuteur multiplie les formules percutantes (aphorismes…), joue sur le rythme des phrases (périodes), utilise la ponctuation pour exprimer des émotions vives (points d'exclamation ou de suspension) : « Il appelle la mort ! », « Ton cœur (…) est -il donc insensible ? », « Ne fut-il as un temps qu’Ulysse (…) trouvait grâce à tes yeux ? », « ô dieu, t’est-il odieux ? ». Le vocabulaire, selon qu'il est péjoratif ou mélioratif, lui permet également de faire valoir son point de vue. Le locuteur peut également recourir à l'ironie (par exemple avec l'antiphrase), à des paradoxes mais aussi à certaines figures de style.

Aussi, l’orateur persuasif n’hésite pas à impliquer son auditoire par le biais du pronom « vous » ou bien même de son nom : « Fils de Chronos », « mon père », roi de l’Olympe », des apostrophes, des périphrases qui désignent le public en lui attachant une caractéristique et des interrogations rhétoriques : «  ô dieu, t’est-il odieux ». Ainsi, grâce à ces procédés oratoires, il empêche le public d’être indifférent, l’oblige au contraire à se sentir concerné et même partie prenante.

     Cependant, la persuasion repose le plus souvent sur la séduction et ne se soucie pas de la sincérité : le locuteur vise à atteindre les ressorts intimes de son auditoire.

En effet, une parole ne vise pas seulement à convaincre, mais aussi à persuader en faisant appel aux sentiments de l'interlocuteur en plus de s'adresser à sa raison. La parole peut ainsi être séductrice pat le biais d’une flatterie, vieux procédé de la séduction et de la persuasion, par exemple. Avec la flatterie, l’orateur adresse au public des louanges, souvent fausses ou excessives, pour lui plaire et l’amadouer L’objectif est d'agir sur sa sensibilité afin qu'il adhère entièrement à la thèse soutenue.

Cet argument peut être souligner avec le chant des sirènes dans l’Odyssée. Le poète, Homère, qualifie, à plusieurs reprises, le chant des sirènes de « chant clair ». Et c’est en discours direct qu’il retranscrit les paroles de ces ensorceleuses. Les Sirènes commencent par flatter Ulysse en évoquant sa célébrité et son renom : « Ulysse tant vanté ! l’honneur de l’ Achaїe» Puis, elles s’appuient sur l’autorité de l’expérience pour intimider Ulysse tout en éveillant ses sens : « Jamais un noir vaisseau n’a doublé notre cap, sans ouїr les doux airs qui sortent de nos lèvres » (Chant XII, 154-186, page 232 ). Enfin, elles évoquent les effets de leur parole : la connaissance et le charme. Ulysse succombe à cette séduction puisqu’il supplie d’un signe des sourcils qu’on défasse ses liens, mais ses compagnons, au contraire, les resserrent. Ce mythe montre ainsi la puissance que les mots peuvent exercer sur les esprits et comment une parole peut devenir une parole séductrice.

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